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TIRAILLEUR, subst. masc.
A. − Celui qui tiraille, qui fait feu en tous sens à volonté. Péj. Mauvais chasseur. Je pensai qu'un tirailleur maladroit avait pris, à travers les branches, le cheval d'Edmée pour une bête fauve (Sand, Mauprat, 1837, p. 304).Chasseur d'instinct et non pas tirailleur du dimanche (...) insoucieux (...) des tabous dictés par les codes, autrement dit encore: un braconnier (Genevoix, Routes avent., 1958, p. 227).
B. − ART MILIT.
1. Soldat détaché en avant d'une colonne pour tirer à volonté sur l'ennemi. Il ordonna à ses malheureux compagnons de s'éparpiller (...) et de riposter (...) au feu (...) des tirailleurs (Hugo, Han d'Isl., 1823, p. 425).Un grand diable tout habillé de noir (...) a bondi à dix pas de moi. J'ai eu peur. Je croyais avoir affaire à quelque tirailleur bavarois ou saxon. C'était un franc-tireur parisien (A. Daudet, R. Helmont, 1874, p. 52).
En tirailleurs. En ordre dispersé. Marcher, se déployer en tirailleurs. On commença à laisser des piquets qui devaient s'écarter en tirailleurs au commandement à partir d'un point situé à une lieue du village. Ce point-là verrouillait trois vallons qu'il faudrait ensuite remonter en battant les aires (Giono, Roi sans divertiss., 1947, p. 118).
P. anal. Personne qui se bat en franc-tireur. M. de Lamartine s'est posé à la tribune comme un ami du docteur Bowring, espèce de tirailleur politique et bavard que lâche l'Angleterre sur le continent en avant des questions diplomatiques (Balzac, Œuvres div., t. 3, 1836, p. 68).
2. Soldat de certaines troupes d'infanterie, recruté parmi les populations autochtones des anciens territoires ou protectorats français d'outre-mer, encadré par des officiers français. Bataillon de tirailleurs indigènes. Il y a un mois, dans les lointains ports d'Afrique et d'Asie, se sont embarqués des détachements de troupes indigènes, tirailleurs sénégalais et tirailleurs annamites (Barrès, Cahiers, t. 10, 1913, p. 165).Nous avions, en effet, découvert dans un camp en Angleterre un millier de tirailleurs noirs, expédiés de Côte d'Ivoire pendant la bataille de France pour renforcer des unités coloniales et qui, arrivés trop tard, stationnaient en Grande-Bretagne en attendant le rapatriement (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 94).
Prononc. et Orth.: [tiʀ ɑjœ:ʀ], [-a-]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. 1578 « celui qui tiraille quelque chose » (Despence, Apophtegmes eccl., Paris, F. Moul, p. 473); 2. a) 1740 « chasseur ou soldat qui tire mal ou en désordre » (Ac.); b) 1823 en tirailleurs (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, p. 438); c) 1836 fig. « personne qui agit, se bat isolément, en franc-tireur » (Balzac, loc. cit.); 3. 1841 « soldat de certaines troupes d'infanterie formées d'autochtones, encadrés par des Français » (Ordonnance du 7 déc. ds B. des Lois, 9esérie, t. 23, no869, p. 507, art. 1: il sera formé en Algérie des bataillons d'infanterie indigène, qui prendront la dénomination de bataillons de tirailleurs indigènes [it. ds le texte]). Dér. de tirailler*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 180.