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TEUTON, -ON(N)E,(-ONE, -ONNE) subst. et adj.
A. − HISTOIRE
1. Subst. masc.
a) Subst. masc. plur. Peuple habitant l'ancienne Germanie du Nord; anciens Germains. Puis au sortir d'un bois de pins apparaît (...) le bleu mont Sainte-Victoire, la montagne aixoise. C'est là que Marius écrasa les Cimbres et les Teutons (Barrès, Cahiers, t. 3, 1904, p. 307).En 102 avant Jésus-Christ, il avait fallu les légions de Marius pour affranchir la Gaule des Teutons descendus jusqu'au Rhône (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 16).
Au sing. Germain appartenant à ce peuple. Un jour, un de ces géans du nord vint jusqu'aux portes du camp, provoquer Marius lui-même. (...) comme le Teuton insistait, il lui envoya un gladiateur (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 158).
b) LING., subst. masc. sing. Langue germanique du haut Moyen Âge. (Dict. xixeet xxes.).
2. Adj. Qui est relatif aux Teutons, à la Germanie, à ses habitants. Langue teutonne. Les deux immenses familles teutone et esclavone n'inventèrent point arbitrairement ces deux mots, (...) elles les avoient reçus (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 134).
B. −
1. Subst., vieilli. Habitant de l'Allemagne; Allemand; en partic., Prussien. Le patron me regarda avec ses larges yeux bleus de teuton stupéfait (Hugo, Rhin, 1842, p. 283).
2. Adj., péj. Qui est relatif à l'Allemagne, aux Allemands; qui est allemand, germanique. En 1870, l'invasion teutonne sembla l'exaucer (Péladan, Vice supr., 1884, p. 154).Ces excellentes gens [les Messins], qui ont toute la finesse des vieilles villes, s'appliquent encore à plus de courtoisie et d'urbanité par réprobation de cette lourdeur teutonne qui pour une sensibilité française sera toujours goujaterie (Barrès, Appel soldat, 1900, p. 332).
REM. 1.
Teutomane, adj. et subst.Nationaliste allemand. Tandis que l'Allemagne d'Outre-Rhin était surexcitée par les déclarations des autorités prussiennes et des écrivains teutomanes, qui ne parlaient que de démembrer et d'anéantir la France, la rive gauche restait anti-prussienne [en 1815] (H. Martin, Hist. de France populaire, 1877, 5, p. 302 ds Quem. DDL t. 18).V. gracieuser ex. 2.
2.
Teutonisme, subst. masc.a) Admiration exagérée du caractère allemand, des Allemands. Le teutonisme fait dévier les meilleures valeurs allemandes. Il les défigure. Avant de s'infiltrer à travers les nations, il a d'abord submergé l'Allemagne elle-même (H. Martin, Génie Rhin, 1921, p. XX).b) ,,Fait de langue propre à l'allemand`` (Rob. 1985). Synon. usuel germanisme.
Prononc. et Orth.: [tøtɔ ̃], fém. [-ɔn]. Hésitation entre -onne et -one pour les adj. ethniques. V. -on1. Étymol. et Hist. 1. 1654 le teuton insolent (G. de Brebeuf, La Pharsale de Lucain, t. 1, p. 21); 2. 1734 la langue teutonne (J. B. Dubos, Hist. crit. Monarchie franç., p. 9); id. empl. subst. (Id., ibid.: l'allemand qui est un idiome du teuton). Empr. au lat.Teutonus, sing. de Teutoni « teutons (peuple de Germanie) ». Fréq. abs. littér.: 64. Bbg. Quem. DDL t. 7, 25 (s.v. teutonisme).