| TESSÈRE, subst. fém. ANTIQ. ROMAINE A. − Tessère (à jouer). Dé à jouer. Ce qui n'empêche pas qu'en quelque ignoble bouge Avec des libertins il n'aille, chaque nuit, Jouer à la tessère et boire du vin cuit (Dumas père, Caligula, 1837, prol., 3, p. 14).Tessères pour les jeux. (...). Les unes se composent d'un cube présentant des nombres sur chaque face, comme nos dés actuels (...). D'autres portaient un chiffre d'un côté et une devise de l'autre (R. Cagnat, Cours d'épigr. lat., 1889, p. 326). B. − Petite pièce de bois, de métal, d'ivoire, de forme rectangulaire, ronde ou représentant une certaine figure, gravée d'images ou d'inscriptions diverses, utilisée comme jeton, signe de reconnaissance, etc. La monnaie, tessère ou estampille au nom de « la Bête » [Néron] (...) leur causait [aux chrétiens] d'insurmontables scrupules (Renan, Antéchrist, 1873, p. 353). ♦ Tessère (frumentaire). Jeton qui donnait droit à une ration dans une distribution de blé, de vivres. Tessères frumentaires. (...) tessères que recevaient les citoyens (...) qui avaient droit aux distributions de blé (...); ils étaient admis à y participer sur la présentation de ces tessères. Ces petits monuments, qui affectent la forme de jetons en plomb portent (...) des représentations figurées (...) des inscriptions qui indiquent le moment et le lieu où auront lieu les distributions (R. Cagnat, Cours d'épigr. lat., 1889, p. 320). ♦ Tessère (hospitalière), tessère d'hospitalité. ,,Tablette (...) qu'on marquait de signes particuliers et qu'on rompait ensuite en deux: chacun des deux hôtes en gardait une moitié à l'aide de laquelle il se faisait reconnaître`` (Bouillet 1859). Tessère d'hospitalité. Il était d'usage, chez les Romains comme chez les Grecs, que deux particuliers s'unissent ensemble par des liens d'hospitalité (...), on échangeait un symbole d'hospitalité (...). C'était un jeton, une plaque d'ivoire ou de bois portant soit certains caractères convenus, soit le nom des personnages, soit encore la copie de l'acte passé entre les intéressés (R. Cagnat, Cours d'épigr. lat., 1889, p. 324). ♦ Tessère (militaire). Tablette où étaient inscrits le mot d'ordre, les instructions militaires. Tessères militaires. - Elles portent un nom de soldat avec la désignation du corps auquel il appartient (R. Cagnat, Cours d'épigr. lat., 1889, p. 320). ♦ Tessère (théâtrale/de théâtre). Jeton d'entrée dans les théâtres. Sur la terrasse se tenaient, debout, les pérégrins et les esclaves qui, n'ayant point été admis à la distribution des « jetons » d'entrée, ou tessères, n'avaient pu retenir de sièges sur les gradins (Carcopino, La Vie quotidienne à Rome, 1939, p. 272). Prononc. et Orth.: [tεsε:ʀ], [te-]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. xvies. antiq. romaine « ordre, mot d'ordre dans l'armée » (Flave Vegece, II, 7 ds Gdf. Compl.), ex. isolé; sens relevé par les lexicogr. du xixes.; 2. 1765 « tablette en bois, en ivoire en échange de laquelle le peuple recevait des vivres, de l'argent; contremarque pour entrer au théâtre » (Encyclop. t. 16, p. 188 a). Empr. au lat.tessera « dé à jouer; petit dé, tessère servant à la marqueterie ou à la mosaïque », également sens 1 et 2. |