| TERREAU, subst. masc. A. − Sol fertile formé par la décomposition de substances végétales, et parfois animales, réduites en poudre. Synon. humus.Un vent humide (...) charriait d'âcres senteurs d'hiver, senteurs d'écorces mouillées, de pommes de pin et de glands tournant au terreau (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 186).Nous avons choisi un sol de bruyère que la charrue avait largement défoncé et ameubli. Ce terreau riche et noir, composé de débris de végétaux et d'humus friable, retourné par le soc, nous a paru propre à la fermentation. Ni trop gras ni trop tendre, et déjà naturellement bien fumé (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 321). − P. méton., littér. La campagne, le terroir. D'une haute porte (...) sortit une paysanne en bonnet tuyauté tout semblable à celui de la grosse Catherine. Mais tandis que celui-ci provenait visiblement du même terreau rural sur lequel la grosse Catherine avait elle-même poussé, l'autre (...) trahissait une paysannerie volontaire et presque maniérée (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 19).Ce n'était pas une fille de la ville: son enfance s'était développée au contact du terreau, le père paysan, bien que gentilhomme, exploitant lui-même cent cinquante hectares de cultures (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p. 17). − HORTIC. Ce sol utilisé comme engrais; engrais naturel provenant de la décomposition poussée du fumier ou de végétaux, mêlé de terre sableuse. Pour rajeunir un peu ces arbres déjà vieux, j'ai fait creuser et mettre du terreau (Dumas père, Villefort, 1851, III, 5, tabl. 3, p. 212).On a (...) été amené à rechercher des solutions plus rapides et moins coûteuses que ne l'étaient la houe du vigneron, les apports de terreau et de compost, la remontée des terres à dos d'homme (Levadoux, Vigne, 1961, p. 96). B. − P. métaph. ou au fig. Ce qui favorise la naissance, l'épanouissement de quelqu'un, de quelque chose. Faut-il attribuer à une autre cause l'incapacité politique de notre classe moyenne, dans laquelle les larges situations d'argent deviennent un terreau pour la frivolité orgueilleuse et inutile, au lieu d'en devenir un pour le talent? (Bourget, Irrépar., 1884, p. 35).Le judaïsme (...) et l'islamisme ont leurs racines dans ce terreau antique [la vie nomade] (Renan, Hist. peuple Isr., t. 1, 1887, p. 14). REM. 1. Terreautage, subst. masc.,hortic. Épandage de terreau sur un sol pour l'améliorer et favoriser la croissance des végétaux. Le terreautage produit aussi les meilleurs résultats; il consiste à employer les terreaux usés des couches, au profit des cultures de pleine terre (Gressent, Potager mod., 1863, p. 264). 2. Terreauter, verbe trans.,hortic. Améliorer une terre avec du terreau. Le soir, après avoir fait terreauter les semis ou tailler lui-même les arbres fruitiers, il rentrait avec la mine d'un homme qui a tranché des questions considérables (Lacretelle, Hts ponts, t. 1, 1932, p. 70). Prononc. et Orth.: [tε
ʀo], [te-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1611 (Cotgr.). Dér. de terre*; suff. -eau*. Fréq. abs. littér.: 133. Bbg. Dub. Dér. 1962, p. 30 (s.v. terreautage). |