| TERMINAISON, subst. fém. A. − Rare 1. Action de terminer, de finir; action de mettre fin à quelque chose. Synon. achèvement, conclusion, règlement, solution.Terminaison d'une négociation, d'un procès. Si la publication de ma pauvre féerie continue de ce train-là, j'ai envie de lui envoyer un huissier (...). D'ici à la terminaison heureuse de l'affaire, j'attends des lettres de toi (Flaub., Corresp., 1880, p. 395).Notre geste le plus médiocre porte le style de nos buts (...). La liquidation de l'action: la liquidation ou terminaison de l'action a été mise en évidence par P. Janet (...). Une action menée jusqu'à son achèvement doit normalement se détacher de nous comme un fruit de l'arbre (Mounier, Traité caract., 1946, p. 446). 2. Action de se terminer; état d'une chose qui est finie, qui arrive à son terme. Ils devaient être là depuis longtemps et, d'après leur façon de regarder la porte du logement, ils attendaient, pour entrer, la terminaison d'une chose ordinaire se passant à l'intérieur (Frapié, Maternelle, 1904, p. 258).Quand je les quittais le soir, on se regardait bien tous (...) et avec une telle insistance qu'on me semblait toujours en imminence de se supprimer (...). Cette terminaison à la réflexion me paraissait logique et bien expédiente (Céline, Voyage, 1932, p. 402). B. − 1. Rare. Ce qui termine quelque chose, met fin à quelque chose. Synon. aboutissement.La plupart de ces faits (...) composent la partie morale des cas de manie, monomanie, aliénation, dont la démence est la terminaison la plus commune (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p. xxxii). a) [Dans l'espace] Partie terminale, extrémité. Synon. bout.Lorsqu'il [le composteur] est mollement fixé, les poussées réitérées à chaque terminaison de ligne arrivent à le desserrer insensiblement (E. Leclerc, Nouv. manuel typogr., 1897, p. 79). − ANAT. Terminaison nerveuse, sensitive. [Pascal] ébauchait, d'un trait large, sa théorie dernière. L'homme baignait dans un milieu, la nature, qui irritait perpétuellement par des contacts les terminaisons sensitives des nerfs (Zola, Dr Pascal, 1893, p. 296).Par les terminaisons nerveuses dont elle [la peau] est garnie et qui perçoivent les impressions tactiles, thermiques, douloureuses, elle est un véritable organe d'éducation (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 169). − GÉOL. Terminaison périclinale. Extrémité d'un anticlinal. (Dict. xxes.). b) [Dans le temps] Ce qui termine une période, un laps de temps. Terminaison d'une vie, d'une époque. L'ensemble de l'époque révolutionnaire n'est pas même ordinairement conçu par ceux qui en recherchent si vainement la terminaison (Comte, Philos. posit., t. 4, 1893 [1839], p. 370). 2. Élément final d'un mot ou d'une phrase considéré sous son aspect phonique, graphique ou morphologique. Synon. finale1.L'argot se borne à ajouter indistinctement à tous les mots de la langue une sorte de queue ignoble, une terminaison en aille, en orgue, en iergue, ou en uche (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 199): Il y a dans ses livres [de Bergotte] telles terminaisons de phrases où l'accumulation des sonorités se prolonge, comme aux derniers accords d'une ouverture d'opéra qui ne peut pas finir et redit plusieurs fois sa suprême cadence (...), dans lesquelles je retrouvai plus tard un équivalent musical de ces cuivres phonétiques de la famille Bergotte.
Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 554. − En partic. Élément final d'un mot qui s'ajoute au radical ou à la racine. Synon. désinence, suffixe.Terminaison d'un verbe. Nous adopterons ce même changement de terminaison pour tous les acides qui présenteront plusieurs degrés de saturation; nous aurons donc également un acide phosphoreux et un acide phosphorique, un acide acéteux et un acide acétique, et ainsi des autres (Lavoisier, Chim., t. 1, 1789, p. 72).On sait que la terminaison en one exprime la grandeur et la grosseur. Mon guide, étant milanais et d'une stature proportionnée à son embonpoint, avait reçu cet honorable surnom [Carlone] (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 194). Prononc. et Orth.: [tε
ʀminεzɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 « détermination » (Chronique Ducs Normandie, 16903 ds T.-L.), attest. isolée; 2. a) xives. « finale d'un mot, généralement constituée d'un élément de formation de ce mot par adjonction à un radical » (Ms. Bibl. Mazarine, 578, Traités élémentaires de gramm. par questions et par réponses, IIa ds Thurot, p. 170); (cf. aussi Oresme ds F. Meunier, La Vie et les ouvrages de Nicole Oresme, p. 202: Couples d'un meisme nombre de sillebes et de semblable terminaison); b) 1789 p. anal. chim. (Lavoisier, Traité élém. de chim., p. 72); 3. a) 1536 « fin, arrêt » (R. de Collerye, Blazon des dames, Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, p. 125); b) 1800 spéc. méd. « fin, cessation (d'une affection) » (Geoffroy, Méd. prat., p. 92); c) 1830 « aboutissement, achèvement, accomplissement » (Comte, Philos. posit., t. 1, p. 18); 4. a) 1805 anat. « extrémité, aboutissement » terminaison du nerf maxilaire (Cuvier, Anat. comp., t. 2, p. 86); b) 1869 géol. (Élie de Beaumont, Stratigraphie, p. 279). Dér. de terminer* (suff. -aison*) d'apr. le lat. terminatio, -onis « délimitation, limite, finale (d'une phrase ou d'un mot), désinence » qui est aussi à l'orig. de la forme termination « fin » (1272, Arch. S 4949, pièce 46 ds Gdf.), « détermination » (Lett. de Thomas de Savoie et de Henri de Bourgogne, Mon. de l'hist. de Neuchâtel, I, 371, ibid.) et « finale d'un mot » (1552, Rabelais, Quart Livre, chap. LVIII, ibid.), v. aussi Hug. Fréq. abs. littér.: 175. Bbg. Merk Lat. -tione 1982 [1978], pp. 66-68, 88-89. |