| TERME1, subst. masc. I. − ANTIQ. Borne qui marquait la limite d'un terrain, d'un champ, qui matérialisait une frontière. (Dict. xixeet xxes.). A. − ARCHIT. Statue représentant un buste d'homme ou de femme dont la partie inférieure se termine en gaine et qui sert d'ornement dans les jardins. Les termes de pierre du temps de Louis XIII, dus à Lerambert, à Houzeau, à Buyster, le cèdent sous Louis XIV au marbre et au bronze (Mauclair, De Watteau à Whistler, 1905, p. 24): 1. À défaut d'antiques, qui étaient tout à fait au-dessus de mes moyens, à la sortie d'une porte de jardin, je faisais poser contre un treillage, exécuté sur un modèle du dix-huitième siècle, deux termes de faïence, terminés par des gorges de femmes et de petites têtes riantes portant des corbeilles.
E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 2, 1881p. 374. ♦ Terme angélique. Terme dont la partie supérieure représente une figure d'ange en demi-corps (d'apr. Chesn. t. 2 1858). Terme double. Terme composé de deux demi-corps ou demi-bustes adossés, qui sortent d'une gaine (d'apr. Chesn. t. 2 1858). Terme en console. Terme dont la gaine se termine en enroulement et dont le corps est avancé pour soutenir quelque chose (d'apr. Chesn. t. 2 1858). Terme marin. Terme qui se termine par deux queues de poisson entortillées (d'apr. Chesn. t. 2 1858). Terme rustique. Terme dont la gaine ornée de bossages ou de glaçons porte la figure de divinités champêtres (d'apr. Chesn. t. 2 1858). − En partic. Pièce de bois sculptée qui supporte les côtés du couronnement d'un navire (Bonn.-Paris 1859). B. − Loc., vx. Être, rester (planté) comme un terme. Rester figé à la même place. Synon. être, rester (planté) comme une borne*, un piquet (v. piquet1), une souche*.[Fould] était près de moi; je me suis évertué, par convenance (...) à lui parler de sa collection, des arts, de la guerre d'Orient. Il était là comme un terme (Delacroix, Journal, 1853, p. 126).Eh bien! grand simple, vas-tu rester là planté comme un terme au bout du champ jusqu'à la fin du monde? (Fabre, Courbezon, 1862, p. 379). II. A. − [Dans l'espace] 1. Vx. Limite d'une dimension dans l'espace. (Dict. xixeet xxes.). 2. Lieu, point où s'achève, prend fin un déplacement. [Ordener] avait atteint le terme de son voyage sans en remplir le but (Hugo, Han d'Isl., 1823, p. 362).Le voyageur arrivé enfin au terme de sa route aime à se souvenir des périls, des difficultés du voyage (A. Daudet, Femmes d'artistes, 1874, p. 230). B. − 1. [Dans le temps] a) Limite, borne d'un espace de temps. Terme de l'après-midi, du jour. Tous les charmes se sont posés sur celui que vous épousez. Il est un orme surchargé de pinsons qui vous accueillent. Puis, semaine à semaine, chaque pinson s'envole sur un autre homme, et, au terme de l'année, votre vrai mari est disséminé sur tous les autres (Giraudoux, Sodome, 1943, i, 1, p. 29). b) Moment où prend fin ce qui se déroule dans le temps. Terme d'une existence. Le sentiment de l'éternité de la peine est indispensable dans un criminel, pour qu'il soit puni. Si tu portes dans les punitions une idée de terme, tu y portes une idée de temps (Saint-Martin, Homme désir, 1790, p. 88).J'apparaissais au terme de sa longue vie, sa barbe avait blanchi, le tabac l'avait jaunie et la paternité ne l'amusait plus (Sartre, Mots, 1964, p. 14). ♦ Arriver, toucher au terme, à son terme. Arriver à la fin. Arrivé au terme de son congé (...) Robert ne put trouver le courage d'abandonner pour plusieurs mois cette femme idolâtrée: il préféra renoncer à sa carrière (Feuillet, Veuve, 1884, p. 16).La période de la démocratie purement politique touche à son terme, c'est la période de la démocratie sociale qui commence (Jaurès, Armée nouv., 1911, p. 260). ♦ Mener qqc. à terme. Terminer, achever quelque chose. Ils avaient besoin de la lune et des étoiles pour s'assurer que l'île ne chassait pas sur ses ancres − pour oser et mener à terme la besogne (Queffélec, Recteur, 1944, p. 123).La proportion des étudiants menant leurs études à leur terme est plus élevée dans les instituts qu'au CNAM (Encyclop. éduc., 1960, p. 282). ♦ Mettre un terme à qqc. Cesser de faire quelque chose; faire cesser quelque chose. Mettre un terme à des allégations, à des désordres, à des récriminations. Elle croit follement que tout vient de finir, prison, solitude, qu'une tâche est achevée, que le verdict de douze braves gens, qui ont tremblé de pitié, met un terme à une phase de son existence (Colette, Pays connu, 1949, p. 155).Je ne compte pas (...) beaucoup que ces engagements si catégoriques qu'ils soient, suffisent à mettre un terme à la propagande de l'ennemi (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 461). − En partic.
α) Vx. Le terme (de la vie). La mort. Une fois la chute fut si forte que je croyais le terme arrivé (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 241). ♦ Toucher à son terme, approcher de son terme. Être mourant. Le bonhomme qui approchait de son terme, fut touché des soins désintéressés de Luca (Feuillet, Onesta, 1848, p. 212). ♦ Littér. Terme fatal. Nous sommes les enfants du pouvoir infernal, De ce pouvoir caché dans toute créature, Qui mène toute chose à son terme fatal Et fait que rien de beau dans ce monde ne dure (Barbier, Ïambes, 1840, p. 256).
β) Moment où prend fin, normalement, la gestation. Accoucher à terme, avant terme; enfant né, venu à terme, avant terme; femme proche, près de son terme. La Brège: Et maintenant, toi, Hortense, couche-toi! (...) Monsieur Saumâtre (...): Ah ça! qu'est-ce que ça veut dire? La Brège: Cela veut dire (...) que ma dame, enceinte, est à terme, et que la loi lui donne neuf jours pour accoucher (Courteline, Client sér., Hortense couche-toi! 1894, iii, p. 83).Un enfant est pré-terme s'il est né avant le septième jour de la 36esemaine. S'il est né après, il est « à terme ». La période dite « à terme » commence en effet à la 37esemaine (...). Après 42 semaines, c'est la période post-terme (A. Minkowski, Pour un nouveau-né sans risque, 1976, p. 32).P. métaph. Une œuvre, c'est un enfant sacré qu'il est criminel de ne pas mener à terme (Zola, Travail, t. 1, 1901, p. 325). ♦ [À propos d'animaux] La vache pleine et dont le terme arrive Reste à l'étable, et sans labeur nouveau, Paisiblement sur une couche oisive (Barbier, Ïambes, 1840, p. 220). 2. Situation, état final auxquels quelqu'un ou quelque chose est arrivé; aboutissement, degré extrême atteint par quelque chose. Comme la plupart des gens du monde, ils ne se font pas une idée très-nette de l'occupation suivie (...) et une heure ou deux de lecture leur paraissent le dernier terme du labeur qu'un homme peut supporter dans sa journée (Feuillet, Pte Ctesse, 1857, p. 58).La vie est infiniment longue, infranchissable. La vieillesse n'est pas un terme, elle contient des jours sans nombre (Chardonne, Claire, 1931, p. 175). 3. Vx, au plur. a) Être en termes, dans les termes, aux termes de. Être en position, en état. (Dict. xixeet xxes.). b) Disposition envers quelqu'un; état, situation des relations qu'une personne entretient avec une autre. − À propos, en quels termes êtes-vous avec le nonce? − Le nonce (...) me regarde avec bienveillance (A. France, Orme, 1897, p. 82).Je fus bientôt en termes de bonne camaraderie [avec le plus jeune des fils de Rimsky-Korsakov] (Stravinsky, Chron. vie, 1931, p. 35). ♦ Être en bons, mauvais termes avec qqn. Étant quelque peu carliste [il] est en bons termes avec tout le monde et particulièrement avec les prêtres et les religieuses (Mérimée, Lettres Antiq. Ouest, 1840, p. 66).Il était dans les meilleurs termes avec MmeR., la doctoresse, sa collègue à l'hôpital Sadiki (Gide, Journal, 1943, p. 223). C. − 1. Date, délai fixé pour l'expiration ou l'exécution d'une obligation, d'un droit. Elle laissait expirer le terme du sauf-conduit (A. France, Génie lat., 1909, p. 19). − À terme. Dans un délai qui, sans être fixé, est prévisible. Les affaires [de mon mariage] sont tellement avancées que les publications sont à terme (Balzac, Contrat mariage, 1835, p. 353).Assuré de sa liberté à terme, de sa révolte sans avenir et de sa conscience périssable, il [l'homme absurde] poursuit son aventure dans le temps de sa vie (Camus, Sisyphe, 1942, p. 93). ♦ À court, long, moyen terme. Dont la réalisation se fera plus ou moins rapidement. Que de fois (...) [le citoyen Vailland] nous a-t-il mis en garde contre les prophéties à court terme de Guesde et la mystique attente des catastrophes libératrices! (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. lxvii).Il reste notre bon plaisir. Mais il est à court terme, comme tout bon plaisir (Camus, État de siège, 1948, 2epart., p. 240). 2. Spécialement a) DR. Date limite jusqu'à laquelle est retardée l'exécution d'une obligation (terme suspensif), ou à laquelle est fixée l'extinction d'une obligation (terme extinctif). Terme d'une dette, d'un prêt. La caution (...) peut agir contre le débiteur pour être par lui indemnisée (...) au bout de dix années, lorsque l'obligation principale n'a point de terme fixe d'échéance (Code civil, 1804, art. 2032, p. 365). ♦ Terme incertain. ,,Terme dont l'arrivée est sûre, mais incertaine quant à sa date`` (Barr. 1974). En matière de testament, le terme est assimilé à une condition (Cap.1936).Terme de rigueur. Date après laquelle il n'est plus accordé de délai au débiteur. (Dict. xxes.). Terme de grâce (vieilli). Délai de courte durée que le juge accorde éventuellement à un débiteur pour l'exécution d'une obligation. (Dict. xixeet xxes.). Synon. délai* de grâce. − À terme. Dont l'exécution ou l'extinction correspond à un délai, une date fixé(e). À court, long, moyen terme. Vous êtes assignés à la connétablie de France au terme de huitaine, par nous (Dumas père, Mllede Belle-Isle, 1839, iv, 2, p. 73). b) BOURSE, FIN., COMM.
α) À terme. À la date fixée pour la livraison des titres et pour les paiements. Achat, vente à terme; ordre à terme. Tous calculs faits, le pauvre père Mariotte, un brave homme, perd à cette adjudication. Forcé de payer tout au comptant, il vend à terme (Balzac, Paysans, 1844, p. 140).Pour attirer les capitaux en banque, on doit faire appel à des considérations de sécurité ou de commodité, plus qu'au rendement. Toutefois les dépôts à terme sont mieux rémunérés (Baudhuin, Crédit et banque, 1945, p. 166). ♦ À court, long, moyen terme. Pour une durée plus ou moins longue dont l'échéance est fixée. Trouver, placer des capitaux à long terme. Il faut les rendre attirants [les emprunts] par différents avantages (...). Aussi pratique-t-on sur une grande échelle les emprunts à court terme appelés Bons du Trésor, bons de la Défense Nationale ou Bons d'Armement. Le prêteur engage son épargne pour une période assez courte (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1966, p. 481). − Marché à terme. ,,Opération en bourse dans laquelle la livraison des titres et le paiement du prix sont reportés à une date déterminée`` (cida 1973). Marché à terme ferme. La liquidation de bourse est l'opération où les agents de change règlent définitivement les intérêts pour lesquels ils sont engagés envers leurs clients. − L'escompte d'un marché à terme est une véritable liquidation (Boyard, Bourse et spécul., 1853, p. 166).J'ai résolu (...) de faire les affaires exclusivement au comptant. Les marchés à terme ont un caractère aléatoire qui doit mettre en défiance tout bon père de famille (About, Roi mont., 1857, p. 87). − Opération à terme. ,,Opération pour laquelle le règlement et la livraison des titres ont lieu à une date postérieure à la négociation et fixée d'avance`` (Bern.-Colli 1981). Les opérations à terme, qui s'opposent à celles au comptant peuvent porter sur une grande diversité de valeurs négociées sur des marchés spécialisés (Bern.-Colli 1981): 2. Pour un achat d'à peu près douze mille francs, Germaine a dû verser cinq mille, et elle paie six pour cent d'intérêt sur le reste dont Riccoboni est censé avoir fait l'avance. Les initiateurs de cet engouement spéculatif ont craint sans doute que des opérations à terme fussent mal comprises du vaste public profane auquel ils songeaient.
Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 123.
β) Termes de l'échange. Indicateurs permettant d'apprécier l'avantage qu'une économie donnée retire de ses relations commerciales avec l'extérieur (d'apr. Bern.-Colli 1981). L'analyse des termes de l'échange a pour objet de calculer le prix payé par la nation pour se procurer à l'extérieur ce qu'elle ne fabrique pas (d'apr. Bern.-Colli1981). 3. a) Époque à laquelle doit être payée une redevance, et, en partic., à laquelle doit être payée par portion une redevance annuelle. Le créancier ne devient point propriétaire de l'immeuble, par le seul défaut de paiement au terme convenu (Code civil, 1804, art. 2088, p. 375).Si, à jour donné, elle n'apportait pas la rançon, son mari serait accroché aux branches de l'orme (...). Quelque diligence qu'elle fît, elle ne put se procurer la somme que huit jours après le terme assigné, car l'argent était bien rare et tout le monde très-misérable (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 347). ♦ À terme échu. Le paiement de la solde et des prestations de tabac aux militaires à solde spéciale est fait à terme échu (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit., 1954, p. 201). − Proverbe. Qui a terme ne doit rien. Une créance non échue n'est pas exigible. − (...) Vous avez perdu dix mille francs avant-hier au bal chez le baron de Nucingen. − Monsieur, répondit le comte (...) mes affaires ne vous regardent pas. Qui a terme, ne doit rien (Balzac, Gobseck, 1830, p. 410). b) Époque fixée pour le paiement des baux à loyer ou à terme (d'apr. Cap. 1936), et p. méton., durée (généralement de trois mois) pendant laquelle un logement est loué. Jour du terme; terme courant; avoir un terme à payer; occuper un appartement pendant un, plusieurs terme(s). Vous rentrerez dans quarante mille francs d'ici à deux mois. Et cela n'empêchera pas Thuillier de toucher ses dix mille francs de loyer au premier terme (Balzac, Pts bourgeois, 1850, p. 180).M. Bergeret, lors de sa venue à Paris, s'était logé (...) dans une maison qui allait être démolie (...). Ce qu'il ignorait c'est que, de toute façon, il en serait sorti au même terme. Mademoiselle Bergeret l'avait résolu (A. France, Bergeret, 1901, p. 29). − P. méton. Somme due pour cette période de location. Si cela ne vous contrarie pas, je vous payerai un terme d'avance. Et, prenant soixante autres francs en écus, il les ajouta aux louis qui étaient sur la table (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 241).Moi qui dois trois termes de loyer, je n'ai pas de quoi faire enterrer mon pauvre homme (Hugo, Légende, t. 5, 1877, p. 1038). REM. 1. Termaillage, subst. masc.,écon. ,,Changement dans le rythme des règlements internationaux, caractérisé par une accélération et un retard, en sens inverse, du recouvrement des créances et du paiement des dettes`` (Termes nouv. Sc. Techn. 1983). 2. Termer, verbe trans.a) Vx. Limiter, borner. (Ds Besch. Suppl. 1845-46, Guérin 1892). b) Vieilli. Assigner le lieu et l'adjudication de quelque chose. Termer une coupe de bois. (Dict. xixes.). Prononc. et Orth.: [tε
ʀm]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. V. terme2. |