| TEMPÉRATURE, subst. fém. A. − PHYS. Phénomène physique se présentant comme une manifestation de l'énergie cinétique qui traduit le degré d'agitation calorifique des molécules d'un corps ou d'une substance; paramètre arbitraire qui sert à mesurer ce phénomène. L'unité d'intervalle de température devant être choisie de telle sorte que la différence entre les températures d'ébullition de l'eau et de fusion de la glace soit égale à 100 (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 278). SYNT. Température constante, croissante, décroissante, donnée, effective, extrême, inférieure, ionique, maximale, maximum, minimale, minimum, nécessaire, potentielle; température de combustion, de congélation, d'équilibre, d'évaporation; température du charbon, d'un gaz; changement, différence, courbe, degré de température; effet, fonction, influence de la température; augmenter, baisser, diminuer, élever, maintenir la température. ♦ Température exprimée, mesurée en degrés Celsius, Fahrenheit, Réaumur. Température dont les degrés se situent par référence à un point zéro choisi arbitrairement. L'unité SI de température est le degré Celsius ( C) défini comme la centième partie de l'écart de température entre les points d'ébullition et de congélation de l'eau à la pression atmosphérique normale (Vauge1980). ♦ Température absolue. V. absolu I C 2 phys. ♦ Échelle des températures. V. échelle B 2 ex. de Decaux. ♦ Température cinétique des électrons. ,,Température proportionnelle à l'énergie cinétique moyenne des particules`` (Industries 1986). Le rayonnement radio est émis à la température cinétique des électrons (Schatzman, Astrophys., 1963, p. 53). ♦ Température critique d'un gaz. V. critique1A 2. ♦ Température d'inflammabilité, d'inflammation, d'auto-inflammation. V. inflammation A.Sa flamme [de la veilleuse] (...) s'éteint en même temps que retentit une petite explosion (température d'inflammabilité) (Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 126). ♦ Température de brillance, de luminance. ,,Température d'un corps noir dont le flux monochromatique est par unité de surface le même que celui de l'étoile, dans la même longueur d'onde`` (Uv.-Chapman 1956). La température de brillance trouvée n'est pas constante et est extrêmement élevée (Schatzman, Astrophys., 1963, p. 125). ♦ Température de couleur. ,,Température fictive définie à l'aide du rapport des flux lumineux issus de l'étoile`` (Uv.-Chapman 1956). Si la courbe d'énergie d'une étoile est assimilable à celle d'un corps noir, on peut la caractériser par un paramètre unique: la température de couleur (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 546). ♦ Température de transformation, de transition. ,,Température à laquelle une forme donnée d'une substance polymorphe se trans-forme en une autre`` (Uv.-Chapman 1956). ♦ Température de la glace (fondante). Température d'équilibre entre la glace et l'eau sous une pression atmosphérique normale qui a été choisie pour caractériser le zéro degré de l'échelle Celsius (d'apr. Uv.-Chapman 1956). Température d'ignition. ,,Dans un plasma, température pour laquelle la chaleur perdue lors des collisions radioactives est compensée par la chaleur fournie par les réactions thermonucléaires`` (Nucl. 1964). B. − 1. CLIMATOL. État énergétique de l'air se manifestant par un échauffement plus ou moins important. Abaissement, changement, différence, élévation, oscillation, saute, variation de température; température de l'air, de l'atmosphère; courbe, gradient, mesure des températures; écarts de températures. Leur thermomètre était à deux degrés et demi au-dessous de la glace, et différait de douze degrés de la température du bord de la mer (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 133).Les grottes qu'on voit ici sont fameuses dans cette partie du monde. Il faut près d'une heure pour les parcourir de bout en bout: la température y est de 54 degrés Fahrenheit, ce qui paraît glacial quand on arrive du dehors (Green, Journal, 1944, p. 116). ♦ Température moyenne journalière. ,,Température calculée en prenant la moyenne arithmétique des diverses températures extrêmes journalières observées au cours d'une période de 24 h par les thermomètres à maximums et à minimums`` (Hydrol. 1978). ♦ Température sous abri (météorologique). Température observée sur un thermomètre placé sous un abri ventilé à une certaine hauteur du sol. La température dont on se sert est généralement la température sous abri météorologique, et non pas celle de l'air où baigne la végétation qu'on étudie (Maurain, Météor., 1950, p. 225). ♦ Température accumulée. ,,Pour une période déterminée, somme des écarts de température (moyennes quotidiennes ou autres) par rapport à une température de référence`` (Villen. 1974). 2. Usuel a) Atmosphère plus ou moins chaude ressentie par les êtres vivants, traduite et mesurée par l'observation d'un thermomètre. Les phénomènes chimiques et circulatoires des animaux à sang froid sont réglés en partie par la température extérieure (Cl. Bernard, Notes, 1860, p. 113).Le renne excelle plus que tout autre à se dépêtrer en été, dans les bourbiers de la toundra; mais il fuit nos températures d'été et la douceur des climats océaniques (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 223). SYNT. Température ambiante, douce, clémente, extérieure, favorable, froide, glaciale, humide, intérieure, modérée, normale, ordinaire, radoucie, rafraîchie; influence, rigueur de la température; maintenir, prendre, régler la température; température hivernale, printanière; température qui augmente, s'élève, se radoucit, se rafraîchit. − En partic. État thermique d'un lieu, d'une substance. Température d'un liquide, d'un bain, d'une serre. L'eau froide, toujours maintenue à la température convenable, avait absolument empêché l'inflammation des plaies (Verne, Île myst., 1874, p. 490). b) P. anal. Jacques avait évidemment le don d'émettre une sorte de chaleur; de créer, par un mot, un sourire, par l'intérêt qu'il témoignait aux êtres, une température favorable à l'éclosion de la confiance, de la sympathie (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 399). C. − 1. PHYSIOL. Degré de chaleur du corps humain ou animal. Température axillaire, buccale; la température baisse, monte; courbe, feuille de température. Température rectale? (...) − Mais non, il voulait parler de la température prise sous le bras (Mauriac, Myst. Frontenac, 1933, p. 175).Il était sujet à des poussées de température vers le soir; cette température devint fièvre (Jouve, Scène capit., 1935, p. 227). − Loc. verb. ♦ Prendre la température. Mesurer la température d'un malade avec un thermomètre par voie buccale, rectale ou axillaire. Une fièvre dont − sans même que j'aie besoin de prendre ma température − je sens qu'elle est là chaque après-midi (Du Bos, Journal, 1925, p. 363). ♦ Avoir, faire de la température. Avoir la fièvre, faire de la fièvre. Pas plus tard qu'hier soir, elle avait de la température (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 453).Nous faisons de la température sans répit, sauf moi peut-être, car le Seigneur me ménage et je dois persister (Arnoux, Juif Errant, 1931, p. 236). 2. Au fig., loc. verb. − Faire monter, descendre la température. Faire monter, descendre l'agitation dans un groupe, une assemblée. Sans que Waldemar (...) eût fait descendre la température exaltée de son discours (Jouve, Scène capit., 1935, p. 89). − Prendre la température. Prendre connaissance de l'état d'esprit de quelqu'un. La seule chose importante, c'est de prendre la température morale de cette honorable assemblée (Duhamel, Combat ombres, 1939, p. 141).Il (...) s'approche d'un groupe qui parle à mi-voix, histoire de prendre la température (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 220). Prononc. et Orth.: [tɑ
̃peʀaty:ʀ]. Ac. 1694, 1718: temperature; dep. 1740: température. Étymol. et Hist. 1. 1538 « constitution physique propre à un corps organisé » (Est.); 2. 1547 « degré de chaleur » (J. Martin, Architecture de Vitruve, V, X ds Gdf. Compl.); 3. 1830 « degré de chaleur du corps animal ou humain » (Encyclop. méthod. Méd. t. 13); 1920 avoir de la température (Proust, Guermantes 1, p. 10); 1928 faire de la température (Arnoux, Gentilsh. ceinture, p. 106); 4. 1777-83 fig. la température politique des États-Unis (Linguet, Annales polit., XIII, 272 ds Gohin, p. 360); 1926 prendre la température (d'une assemblée) (Tharaud, Péguy, p. 254); 5. 1908 température de nucléation (Journal du Radium, p. 317); 1925 température « noire » (Journal de phys., p. 293d); 1931 température de couleur (ibid., p. 245d). Empr. au lat.temperatura « constitution régulière, composition bien dosée, équilibrée », « proportions d'un alliage », « constitution physique », « température ». Fréq. abs. littér.: 1 259. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 759, b) 2 159; xxes.: a) 932, b) 2 135. Bbg. Bruneaux (M.). La Thermodyn., une sc. à reformuler. Lang. fr. 1984, no64, pp. 81-89. |