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* Dans l'article "TAXER,, verbe trans."
TAXER, verbe trans.
A. − Fixer le prix (des denrées).
1. [Le compl. désigne des denrées] Taxer le fourrage, le pain, les vivres. Il faut taxer la farine et guillotiner quiconque spécule sur la nourriture du peuple (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 20).Les bouchers ont décidé ce mouvement pour protester contre les prix taxés sans rapport avec les prix de vente du bétail sur pied dont ils sont approvisionnés (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 8, col. 1).
2. DR. Taxer les dépens d'un procès. Taxer les vacations à tant (Besch. 1845-46).
B. −
1. Imposer, soumettre à une taxe. On l'a taxé bien haut; taxer d'office; taxer les objets de luxe, les signes extérieurs de richesse, les grandes fortunes, les importations. Cet abus de cette horrible chose, la boisson et dans la boisson cet abus lui-même (...) que les gouvernements devraient sinon supprimer (...) du moins terriblement taxer et imposer: l'absinthe! (Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 110).[Les] Conseils directoriaux (...) ne se résignèrent pas aisément à taxer légèrement le tabac (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 580).
2. Arg. de la prostitution. Taxer qqn.Obliger une prostituée à réaliser un gain minimum. Une prostituée sur quatre a été violée dès l'enfance, le plus souvent par son père (...). Sept femmes sur dix sont « maquées » et « taxées », annonce Benoîte Groult dans sa préface à « La Dérobade » (Le Nouvel Observateur, 17 mai 1976, p. 64, col. 3).
C. − Au fig.
1.
a) Taxer qqn de qqc.
Accuser quelqu'un de. Taxer d'avarice, d'imprudence, de malhonnêteté, de méchanceté, de négligence, de vanité. Personne ici ne songe au fait qu'une nouvelle condamnation de Dreyfus, pour trahison commise en faveur de l'Allemagne, taxerait de mensonge le gouvernement allemand, qui a déclaré solennellement devant le monde que l'Allemagne n'avait eu affaire ni directement ni indirectement avec Dreyfus (Affaire Dreyfus, 1900, p. 254).
Qualifier, traiter quelqu'un de. Je n'avais pas l'honneur de connaître M. Taine, ajouta M. de Charlus (avec cette irritante habitude du « Monsieur » inutile qu'ont les gens du monde, comme s'ils croyaient, en taxant de monsieur un grand écrivain, lui décerner un honneur, peut-être garder les distances, et bien faire savoir qu'ils ne le connaissent pas) (Proust, Sodome, 1922, p. 1052).Bien que mes idées religieuses me fassent taxer de vieux réactionnaire, vous avez pu comprendre combien chez moi le Français cède le pas sur tout autre personnage (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 145).
Rem. Taxer pour traiter est considéré comme une impropriété. Dupré 1972 note cependant: ,,Cette faute est assez répandue``.
b) Taxer qqn de + inf. (vieilli).Blâmer quelqu'un de. Taxer d'être avare. Il revint dans sa bonne ville Et très bientôt (...) Se vit promu (...) Président, s'il vous plaît, du Tribunal civil De la ville, et taxé par les uns d'être vil, Par les autres d'être un malin (Verlaine, Œuvres compl., t. 3, Invect., 1896, p. 335).
Empl. abs. ,,Je ne taxe personne`` (Besch. 1845-46). ,,Je ne fais tomber sur personne le soupçon, le reproche, l'accusation dont il s'agit`` (Besch. 1845-46).
2. Taxer qqc. de qqc.Qualifier quelque chose de. Taxer une affirmation de mensonge. N'est-ce pas le plus grand malheur qui puisse affliger un parti, que d'être représenté par des vieillards, quand déjà ses idées sont taxées de vieillesse? (Balzac, Cabinet ant., 1839, p. 19).En France, 30 millions d'hectares, sur 45 millions qui constituent « le domaine de la chasse », restent livrés « à la chasse banale, que l'on doit taxer de véritable plaie » (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 195).
3. Taxer qqc. à qqn (pop., néol.).Voler, emprunter. Synon. fam. piquer.,,Il m'a taxé mon pépin (il m'a emprunté mon parapluie sans vraiment me le demander)`` (MerleFr. branché1986).
D. − Empl. pronom.
1. réfléchi
a) Fixer une somme qu'on s'engage à donner pour un certain objet. Tous ses amis se taxèrent pour lui venir en aide; toutes les villes se taxèrent à l'envi pour subvenir aux besoins de l'État (Ac.1935).Chauvel (...) souriait dans sa barbe.Ah! La mauvaise race! criait maître Jean. Mais lui, disait:Que voulez-vous? Ces gens-là s'aiment, ils n'ont pas assez mauvais cœur pour se taxer, ni se faire du mal (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 108).
b) Se juger, s'accuser soi-même. Il s'est taxé de trop d'indulgence (Littré).
2. réciproque. S'accuser réciproquement. Se taxer de tous les vices. Ils se sont taxés tous les deux de poltronnerie (Besch.1845-46).Ils se taxaient mutuellement d'hypocrisie (Lar. 19e).
3. passif
a) Être imposé. Tout se taxe actuellement, même l'air que nous respirons (Nouv. Lar. ill.).
b) Se taxer de.Être qualifié de. Son intelligence, étroite, mesquine, spécialisée, ne s'élevait jamais jusqu'à cette vision supérieure de la vie, après laquelle un effort désintéressé ne se taxe plus de naïveté (Martin du G., Devenir, 1909, p. 13).On est parvenu à bannir de l'esprit tout ce qui se peut taxer à tort ou à raison de superstition, de chimère (Breton, Manif. Surréal., 1erManif., 1924, p. 23).
Prononc. et Orth.: [takse], (il) taxe [taks]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1247 tauxer « régler les frais de justice, les amendes » (doc. ds Runk., p. 99); xiiies. tausser « évaluer, estimer à sa valeur » (Poire, 53 ds T.-L.); ca 1260 tausier « id. » (Ménestrel Reims, 435, ibid.); 1283 tausser « id. » (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, 26, 986, 1100, 1513); b) 1271-72 taxer « id. » (doc. de La Rochelle ds Z. fr. Spr. Lit. t. 84, p. 345); 1464 taxer « fixer la taxe à payer par quelqu'un » (doc. ds Bartzsch, p. 99); 1679 « régler officiellement le prix d'une denrée » (Rich.); 1690 taxer (qqc.) « mettre un impôt (sur quelque chose) » (Fur.); 2. 1538 « blâmer, accuser » (Est.). Empr. au lat.taxare « toucher souvent et fortement; blâmer, reprendre, estimer, évaluer », lui-même empr. au gr. τ α ́ σ σ ε ι ν « ranger, fixer » (pour l'hist. de taxare, v. en partic. Ern.-Meillet). La forme taxer a évincé tausser (v. taxation). Fréq. abs. littér.: 246. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 566, b) 395; xxes.: a) 204, b) 223.
DÉR. 1.
Taxable, adj.Qui peut être taxé, soumis à une taxe. Synon. imposable.Denrées, marchandises taxables. Dans l'entreprise moderne, l'amortissement n'est plus pratiquement autre chose qu'un bénéfice non taxable réservé à de nouveaux investissements (Univers écon. et soc., 1960, p. 22-8).− [taksabl̥]. − 1resattest. 1482 (Lettres de Louis XI ds Bartzsch, p. 116), 1788 (Fér. Crit.); de taxer, suff. -able*.
2.
Taxateur, -trice, subst.a) Dr. Personne qui taxe, qui fixe la taxe. La réglementation du commerce des grains tomba en désuétude (...) Roland ne cessait de la condamner (...), alors que les taxateurs venaient de déchaîner encore une fois des troubles violents (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 287).Empl. adj., dr. Juge taxateur. Juge qui taxe les dépens. (Dict. xixeet xxes.). b) Subst. masc., télécomm. ,,Appareil qui permet d'enregistrer et de calculer le coût des communications téléphoniques`` (Termes nouv. Sc. Techn. 1983). − [taksatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Att. ds Ac. dep. 1762. − 1resattest. a) 1703 « juge qui taxe les dépens » (Arrêt du Parlement de Provence du 28 juin ds Trév. 1752), b) 1768 « individu chargé de fixer la taxe » (Éphém. Citoy., I, 182 ds Brunot t. 6, p. 247), c) 1798 « employé des postes qui taxe les envois » (Ac.); de taxer, suff. -(at)eur2*; cf. anciennement 1464 taxeur (J. Lagadeuc, Catholicon ds Gdf.); taxador est att. en a. gasc. dès 1378 (Levy Prov.).
3.
Taxatif, -ive, adj.,dr. Que l'on peut taxer. Synon. imposable, taxable.Les dépens sont toujours taxatifs (Besch.1845-46,s.v. taxer).Des revenus taxatifs (Quillet 1965). − [taksatif], fém. [-i:v]. − 1resattest. 1585 « relatif à la taxe? » (J. Papon, Premier Notaire, 685 ds Hug.), 1845 « qui peut être taxé » (Besch.); de taxer, suff. -(at)if*; cf. 1585 taxativement « relativement à la taxe? » (J. Papon, op. cit., 199 ds Hug.); 1692 taxativement « d'une manière qui taxe, qui détermine » (Boislisle, Corresp. contrôl. génér., p. 283 ds Littré Suppl. 1877).
BBG.Quem. DDL t. 11. − Verreault (Cl.). Les Adj. en -able en franco-québécois. In: Trav. de ling. québécoise. 3. Québec, 1979, annexe 2 122; p. 218 (s.v. taxable).