| TASSEAU1, subst. masc. A. − Pièce ou fragment de diverses matières servant à maintenir, à soutenir une autre pièce. Au bout de quelques minutes de travail, l'énorme pierre se déplaça et glissa sur les tasseaux préparés pour la recevoir (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 178). 1. Pièce de bois ou de métal, de petites dimensions, servant notamment à soutenir l'extrémité d'une tablette ou d'une autre pièce métallique dans un bâti ou dans un meuble. Aucun espace n'était perdu dans cette cahute; des planches grimpaient en des étages incohérents sur des traverses (...) elles tenaient, on ne savait comme, sur des tasseaux rafistolés (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 92). − P. méton. Bois avec lequel on fait des tasseaux. Acheter du tasseau chez un marchand de bois (Rob. 1985). Morceau de ce bois. Tasseau de deux mètres, de trois mètres (Rob. 1985). 2. BÂTIMENT a) Pièce de bois fixée entre les arbalétriers et les pannes pour mieux les réunir, ou utilisée pour supporter les bardeaux sur lesquels repose un plancher en bois. Les tasseaux de faîtages et d'arêtiers sont payés moitié en plus des prix des tasseaux ordinaires (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 4, 1928, p. 66). − P. anal. ,,Pièce de bois servant à assurer ou à renforcer la liaison de deux parois et placée à l'intérieur de l'emballage`` (Industries 1986). b) Muret entrant dans la construction d'une cheminée ou supportant un objet disposé un peu au-dessus du sol. Le poêle est construit sur un âtre creux composé d'une plaque de fonte supportée (...) par des tasseaux en briques, et en communication avec la ventouse amenant l'air extérieur (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 5, 1928, p. 29). c) ,,Petit tas de plâtre (...) en forme de cul-de-lampe fait dans un angle pour y déposer une lampe, un chandelier ou autre ustensile`` (Jossier 1881). d) ,,Scellement (...) fait aux pieds des sapines et des écoperches au moyen de fragments de moëllons maçonnés au plâtre`` (Chabat t. 2 1876). 3. LUTHERIE. ,,Forme sur laquelle les luthiers appliquent et collent les éclisses qui composent le corps d'un violon, d'une guitare, etc.`` (Chesn. t. 2 1858). 4. MINES ET CARR. ,,Assemblage de moellons, ou de petits blocs de pierre, que l'on pose à sec sous un morceau de pierre pour le mettre en chantier`` (Noël 1968). ,,Ensemble de morceaux de pierre que l'on scelle sur les côtés d'un bloc pour le débiter en tranches sans qu'elles se renversent`` (Noël 1968). 5. RELIG. (vêt. liturg.). Empiècement rectangulaire ornant une chape (d'apr. Leloir 1961). B. − TECHNOL. Petite enclume portative, utilisée notamment pour emboutir et relever le fer en bosse (d'apr. Jossier 1881). Prononc. et Orth.: [tɑso], [ta-]. Littré [a]; Barbeau-Rodhe 1930, Lar. Lang. fr., Warn. 1987 [ɑ]; Rob. 1985 [ɑ], [a] mais Martinet-Walter 1973 [a], [ɑ]. V. tas, tasse. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1340 maçonn. (Actes norm. de la Chambre des Comptes sous Philippe de Valois, éd. L. Delisle, p. 250: en laquelle [solle] a VII tasseaux de pierre); de nouv. 1526 (Nouvelles arch. de l'art fr., t. 3, année 1887, p. 91: entre laditte charpenterie dudit beffroy et lesdiz pans de mur de laditte tour y a plusieurs tasseaulx et estrillons de boys servant de contrefiches à contreficher le dit beffroy); b) 1676 « petit morceau de bois qui sert à soutenir l'extrémité d'une tablette d'armoire » (Félibien, p. 749); 2. a) 1676 « petite enclume portative » (ibid., p. 748); b) 1765 « outil avec lequel on relève les ouvrages de tôles » (Encyclop.). D'un lat. pop. *tassellus, croisement du lat. taxillus « petit dé à jouer » puis en b. lat. « petit morceau de bois » avec le lat. tessella « dé à jouer, cube » (v. FEW t. 13, 1, p. 139 a-b). Du même étymon vient le subst. tassel « pièce d'étoffe faite pour couvrir l'échancrure d'un manteau », glosé « frange » par l'éd. (1155, Wace, Brut, 11586 ds T.-L.); « plaque de métal qui maintient les agrafes d'un manteau » (ca 1160, Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave2, 751). Fréq. abs. littér.: 13. |