| TARTINER, verbe A. − Empl. trans. [Le suj. désigne une pers.] 1. a) [Le compl. d'obj. dir. désigne du pain ou, p. ext., tout autre aliment] Recouvrir d'une mince couche d'une substance alimentaire molle. Von Busch commanda d'autres mottes de beurre (...). Les femmes regardaient ces géants [les officiers] aux cheveux passés à la tondeuse, qui tartinaient ces tranches de gigot et les avalaient d'un seul coup (L. Daudet, Ciel de feu, 1934, p. 188). − Tartiner qqc. de qqc.Tartiner une tranche de pain complet d'une fine couche de moutarde (Maxi, 8-14 févr. 1988, p. 18, col. 1).Lapin au cumin: Tartiner généreusement 2 jeunes lapereaux de moutarde forte (G. Perec, Penser/Classer, 1985, p. 96). ♦ Au part. passé [En parlant de pain ou d'un autre aliment] Recouvert d'(une substance alimentaire molle). Tartiné de beurre. D'énormes tranches de pain tartinées d'un camembert gras et odorant (Fombeure, Soldat, 1935, p. 156).P. anal. [En parlant d'une partie du corps; parfois avec la prép. à] Abondamment recouvert avec, de (quelque chose). Benjamin se fait la barbe, les joues tartinées de mousse blanche (Genevoix, Éparges, 1923, p. 191).Cœur de bouche, dessiné ou plutôt tartiné au rouge Prisunic (H. Bazin, Mort pt cheval, 1949, p. 45). b) [Le compl. d'obj. dir. désigne une substance alim. molle] Étaler sur du pain ou sur un autre aliment. Les gaufrettes (...) fourrées (ensemble de deux ou plusieurs feuilles sèches entre lesquelles on a tartiné une crème...) (Brunerie,Industr. alim.,1949,p. 17). − Loc. adj. [En parlant d'une substance alim. molle] À tartiner. Destiné à être étalé sur du pain ou sur un autre aliment. Fromage à tartiner. Pâte à tartiner, destinée au goûter des enfants, à base de lait (L'Est Républicain, 5 déc. 1988, p. 114, col. 6). 2. Fam. Écrire (quelque chose). Un de nos jeunes élèves « tartinait », lui aussi, des poésies qu'on récitait en ville en diverses occasions (Carco, Voix basse, 1938, p. 132). 3. Empl. pronom., pop. S'en tartiner. S'en moquer, s'en foutre. Qu'ils toussent! Qu'ils crachent! Qu'ils se désossent! (...) Je m'en tartine! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 14). B. − Empl. intrans. 1. [Le suj. désigne une substance alim. molle] S'étaler facilement, être destiné à être étalé sur du pain ou sur un autre aliment. Les derniers-nés [des beurres allégés] tartinent (...) et sont composés de matières grasses laitières (...) ou d'origine végétale (Femme pratique, déc. 1987, p. 88, col. 1). 2. Fam. [Le suj. désigne une pers.] Faire un long développement d'ordre intellectuel, souvent sans intérêt. Il y a deux cents ans que l'on tartine sur elle [la Neuvième Symphonie] (Montherl., Notes théâtre, 1954, p. 1072). − En partic. [Dans la lang. des journalistes] Faire une tartine. Vois, mon très cher, où nous conduit l'habitude de tartiner dans un journal, voilà que je fais une espèce d'article (Balzac, Paysans, 1844, p. 13). Prononc.: [taʀtine], (il) tartine [taʀtin]. Étymol. et Hist. 1. 1839 journ. « rédiger en faisant de longs développements » (Barb. d'Aurev., Memor. 2, p. 392); 2. 1884 fig. (Verlaine,
Œuvres compl., t. 1, Jadis, p. 361: Un plat soleil d'été tartinait ses rayons Sur la plaine séchée ainsi qu'une rôtie); 3. 1894 (Richepin, Paradis, p. 64: des pains d'or tartinés de roses confitures); 4. 1936 s'en tartiner « s'en moquer » (Céline, loc. cit.). Dér. de tartine*; dés. -er. |