| TARTINE, subst. fém. A. − 1. Tranche de pain recouverte d'une substance alimentaire qui s'étale facilement (beurre, confiture, miel, fromage, etc.). La fillette (...) léchait la confiture de sa tartine d'un petit bout de langue gourmande (Zola, Argent, 1891, p. 172).[Suivi d'un adj. ou d'un compl. déterminatif précisant l'aliment étalé sur la tranche de pain] À l'heure du déjeuner, je tirai de mon panier une tartine de beurre; l'enfant assis près de moi mordait dans une tartine de confitures (Sandeau, Sacs, 1851, p. 51).Je vous préparerai le petit déjeuner... avec des tartines beurrées (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 248). 2. Tartine (de pain). Tranche de pain généralement destinée à être recouverte d'un aliment, à être tartinée. [Zacharie] se coupait une large tartine de pain, qu'il couvrait de beurre (Zola, Germinal, 1885, p. 1227).Mmede Fontanin avait préparé la table à thé: des tartines grillées, du beurre, du miel (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 654). B. − 1. Fam. Long développement écrit, long discours, souvent sans intérêt. Il y a là plus de vraie poésie que dans toutes les tartines sur Dieu, l'âme, l'humanité (Flaub., Corresp., 1852, p. 439).J'ai débité ma tartine sans la plus légère émotion, et on a applaudi très-poliment (Mérimée, Lettres à une inconnue, t. 1, 1854, p. 341). 2. En partic. [Dans la lang. des gens de théâtre] Longue tirade. On a vu des acteurs (...) perdre la tête au milieu d'une tartine soit parce que le souffleur était en retard, soit parce qu'il s'était endormi (Thibaut, Manuel souffleur, s.d., p. 8).[Dans la lang. des journalistes] Article long, ennuyeux. Les longues tartines sont composées à l'avance; l'actualité doit être brève à cause de l'heure et du typo (Morienval, Créateurs gde presse, 1934, p. 60). C. − Arg. Chaussure. On les lui avait prises [ses grolles], de belles tartines toutes neuves avec des clous en-dessous (Vialar, Risques et périls, 1948, p. 63). Prononc. et Orth.: [taʀtin]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. Ca 1500 sens assez peu clair (Jean Molinet, Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, p. 552: Sancta Barbara [...] Gardés nous de faulses tartines, De traïson, de faulx attraict Et de ces langues serpentines), attest. isolée; puis 1596 (Hulsius au sens de « tranche de pain beurrée » cité ds Z. fr. Spr. Lit. t. 23, 2epart., p. 44) et 1660 (Oudin Fr.-Esp. au sens de « rôtie beurrée »); à nouv. déb. xixes. 1807 (Michel (J.-F.) Expr. vic., p. 177: Ce mot très en usage n'est pas français et n'a de synonyme que beurrée pour Tartine de beurre), également condamné ds J.-F. Rolland, Dict. mauv. lang., 1813, p. 127 et Pomier, Loc. vicieuses Hte-Loire, 1835, p. 99), att. dans la lexicogr. dep. Wailly 1809 qui le qualifie de ,,familier``; 2. a) 1823 « au théâtre, longue tirade » (Journal des Dames, 25 juill., p. 321 ds Mat., p. 147, note 4); b) 1835 grandes tartines d'érudition (Gautier, Mllede Maupin, p. 33); c) 1837 « article de journal trop long » (Balzac, Employés, p. 37); 3. 1841 arg. « soulier » (Lucas, Dangers prostit., p. 34; cf. dès 1828-29 lever une tartine, Vidocq, Mém., t. 3, p. 375 qu'Esn. glose ,,donner un coup de pied``, que l'on peut aussi interpréter littéral. « arracher des lambeaux de chair à la jambe »). Dér. de tarte1*; suff. -ine (v. -in). Fréq. abs. littér.: 311. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 139, b) 508; xxes.: a) 897, b) 391. Bbg. Goosse (A.). Flamingant, vitoulet et tartine. La Libre Belgique. 26 juillet 1976. − Quem. DDL t. 6. |