| TAPON, subst. masc. A. − Vieilli. Petit tas d'étoffe ou de papier chiffonné, roulé en boule ou en forme de bouchon. Synon. tampon.Elzélina (...) fourrageait le placard, y dénichait (...) une bouteille bouchée d'un tapon de journal en torsade (Arnoux, Roi, 1956, p. 14). ♦ P. anal. [En parlant d'autres matériaux] Elle éclatait de rire, l'embrassait brusquement, et elle le laissait, − non sans lui avoir, en guise d'adieu, enfoncé un petit tapon d'herbe fraîche dans la bouche (Rolland, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 838).La nuit froide avait fait se former un peu partout une glace mince, même au fond du bac que Venant, inexpérimenté, avait négligé de garnir d'un tapon de paille (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 171). − Loc. En tapon. Froissé et roulé en boule. Rouler une couverture en tapon. De nouveau, avec la même brusquerie, il chiffonna la lettre, et, cette fois, l'enfouit en tapon dans sa poche (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1363). B. − MARINE 1. ,,Morceau de toile à voile servant à raccommoder un trou dans une voile`` (Gruss 1978). 2. Bouchon dont on se servait pour fermer l'âme d'un canon. Marins, qui appellent Tapon une pièce de liège avec laquelle on bouche l'âme des canons pour empêcher l'eau d'y entrer (Delvau1883). Prononc. et Orth. : [tapɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. a) 1383 « cylindre de bois qu'on enfonce dans l'âme du canon » (doc. ap. Ch. Bréard, Le Compte du clos des galées de Rouen, p. 23, cf. aussi A. Merlin-Chazelas, Doc. relatifs au clos des galées de Rouen, t. 1, p. 274, no1182, 10: à Pierre Gilles, cannonnier [...] 4 tapons de bois); b) 1701 « plaque de liège ou de bois avec laquelle on bouche l'âme d'un canon » (Fur.); 2. a) 1690 « morceau d'étoffe, de linge, de papier, chiffonné et mis en boule, qui forme une sorte de bouchon » (ibid.); 1808 (étoffe, etc.) en tapon (Hautel); 1872 (cheveux) en tapon (Littré, s.v. taponner); b) 1690 (se mettre) en un tapon « se pelotonner, se cacher » (Fur.); 3. 1831 « morceau de toile servant à fermer un trou dans une voile » (Will.). De l'a. b. frq. *tappo « bouchon », cf. l'a. b. all. zapho, le m. néerl. tappe « id. ». V. aussi tampon. Fréq. abs. littér.: 13. DÉR. Taponner, verbe trans.Mettre en tapon. Ce soir, MlleAbbatucci travaillait à côté de moi à un morceau de linge, qu'elle taponnait et s'efforçait de me cacher (Goncourt, Journal, 1878, p. 1256).− [tapɔne], (il) taponne [-pɔn]. − 1reattest. 1671 (Mmede Sévigné, Corresp., 15 avr., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 221); de tapon, dés. -er. |