| TAPIR, subst. masc. A. − 1. ZOOL. Mammifère ongulé herbivore d'Asie et d'Amérique, d'assez grande taille, au corps épais, bas sur pattes, dont le nez se prolonge en une trompe courte et préhensile. J'y liai connaissance [au Zoo] (...) avec le tatou, la viscache, le pécari, le tapir; avec le puma totem favori de l'Amérique du Sud, animal sacré (Morand, Air indien, 1932, p. 44).La tête du palaeotherium ressemble si fort à celle du tapir, et le pied de derrière à trois doigts est également si proche de celui du tapir, « qu'aucun des naturalistes, habitués aux analogies, ne pourrait s'empêcher de s'écrier sur-le-champ que ce pied est fait pour cette tête et cette tête pour ce pied » (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 507). 2. P. anal., ANAT., PATHOL. Lèvre de tapir. Lèvre buccale supérieure saillant de façon anormale. À la façon d'un museau de tapir (Nicolas dsNouv. Traité Méd.fasc. 41925, p. 619).Lèvre de tapir. Lèvre antérieure hypertrophiée du col de l'utérus. (Dict. xxes.). B. − Arg. de l'Éc. normale sup. Élève qui prend des leçons particulières. Vous me procuriez des leçons, des tapirs pour aider ma vie d'étudiant libre, et parce que vous saviez que j'étais pauvre (Nizan, Conspir., 1938, p. 227). C. − [Terme insultant à l'égard d'un être qu'on méprise] Très-bel article de Joergensen sur le Mendiant ingrat, dans le Katholiken, feuille hebdomadaire dont il est l'unique rédacteur (...). Rien de pareil en France où ce qu'on nomme « la bonne presse » est cuisiné dans des casseroles sans art par d'innombrables tapirs (Bloy, Journal, 1899, p. 316). Prononc. et Orth.: [tapi:ʀ]. Homon. (se) tapir. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. I. 1558 tapihire (A. Thevet, Les Singularitez de la France antarctique, autrement nommee Amerique, fol. 94a ds König, p. 199); 1575 tapirousou (Id., La Cosmographie Univers., fol. 920b, ibid.); 1578 tapiroussou (J. de LÉry, Hist. d'un Voy. fait en la Terre du Bresil, p. 151, ibid.); 1614 tapyyre (Cl. D'Abbeville, Hist. de la Miss. des PP. Capucins à l'Isle de Maragnan, fol. 184a, ibid.); 1614 tapiyre-été (Id., ibid., fol. 248 recto d'apr. G. Friederici ds Z. fr. Spr. Lit. t. 58, p. 140); 1694 id. (Corneille (Th.)); 1741 tapir (P. Barrère, Essais sur l'hist. nat. de la France équinox., p. 160 ds König, p. 199). II. 1892 subst. fém. arg. de Saint-Cyr « topographie » (De C., L'Éclimètre ds Titeux, St-Cyr, 1898, p. 674). III. [1896] arg. d'étudiants « élève à qui l'on donne des leçons particulières contre une rémunération » (d'apr. Esn.); 1907 (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], p. 293). IV. 1899 terme insultant (Bloy, loc. cit.). I empr. au tupi tapira usité aussi sous la forme dér. avec un suff. -eté au sens de « vrai tapir » ou empl. avec l'adj. ussu « grand » au sens de « grand tapir » (König 1939, p. 199; NED; G. Friederici, loc. cit. et Fried. 1960, p. 592). II du surnom d'un professeur de topographie appelé Le Tapir à cause de son long nez (Titeux, St-Cyr, 1898, p. 538 et Eudel, Arg. St-Cyr, 1893, p. 65). III représente prob. un empl. métaph. de I p. allus. aux mœurs et à la taille de cet animal qui en font un gibier facile et rentable avec peut-être l'infl. de taper au sens de « demander de l'argent à (quelqu'un) ». IV de même orig. que III par mépris pour cet animal. DÉR. 1. Tapiridés, subst. masc. plur.,zool. Famille de mammifères ongulés périssodactyles, comprenant les tapirs et les genres voisins fossiles. Chez les Périssodactyles, la foule obscure des Tapiridés (Teilhard de Ch., Phénom. hum., 1955, p. 133).− [tapiʀide]. − 1reattest. 1892 (Guérin); de tapir1, suff. -idés*. Cf. aussi tapiriens (Ac. Compl. 1842), tapiroïdes (Lar. 19e) et tapirides (Claus, Traité de zool., trad. de l'all. par G. Moquin-Tandon, Paris, 1878). 2. Tapiriser, verbe intrans.,arg. de l'Éc. normale sup. Donner des leçons particulières. (Dict. xxes.). − [tapiʀize], (il) tapirise [tapiʀi:z]. − 1reattest. 1910 (d'apr. Esn. 1965); de tapir « élève à qui l'on donne des leçons particulières contre rémunération » (supra étymol. III). |