| TANTE, subst. fém. A. − [Lien de parenté] 1. Sœur du père ou de la mère. Synon. (lang. enf.) tantine (infra dér.), tata1.Nous ne faisons aucune différence entre des oncles et tantes maternels ou paternels, ainsi qu'entre des cousins parallèles ou croisés. Pour les Australiens, ces discriminations sont d'importance vitale (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 298).Après la mort de sa mère on l'avait laissé repartir pour Paris (...) tante Aline, la sœur de sa mère, avait demandé qu'on lui confiât Juliette (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 10). 2. P. ext. a) Épouse du frère du père ou de la mère, c'est-à-dire de l'oncle. Ce naïf comte de Château-Mailly, ou madame Malassis, cette veuve intéressante qui aspire à être sa tante par alliance (Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, 1859, p. 327). b) Arrière-grand-tante (v. arrière- III A 2). Grand-tante*. Tante à la mode de Bretagne. V. mode1I B 2 a. B. − [Appellation] 1. [Appellation de la tante, de la tante par alliance, de la grand-tante, de l'arrière-grand-tante, de la tante à la mode de Bretagne] Ma bonne tante; ma chère tante; pauvre, petite tante. Mon cousin Henry − le fils d'une des sœurs de grand'mère, « la tante Eugénie », qui habite dans la maison de ma cousine Alice à côté de nous (Gyp, Souv. pte fille, 1927, p. 64).Je dirai un mot de celle que j'appelai ma tante Marie et qui était la cousine germaine de mon grand-père paternel (Billy, Introïbo, 1939, p. 27). 2. P. ext. [Titre que l'on donne à une femme plus âgée que l'on s'interdit, par respect, d'appeler par son prénom et, en raison de liens d'affection ou par fantaisie, d'appeler madame] Il questionnait à voix basse: − Vous êtes de la famille? − Les enfants m'appelaient tante, répondit-elle sans cesser de compter ses points de tricot. Mais je ne suis pas parente (...). C'est moi qui suis venue quand Marthe était en couches. C'est chez moi aussi qu'elle laissait la petite lorsqu'elle faisait ses courses (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 128): Vous êtes le contraire de la duchesse d'Esclignac, vous!... Elle, elle veut que j' l'appelle « ma Tante » et elle est pas ma tante... Vous, vous êtes mon oncle, et vous voulez pas que j' vous appelle mon oncle...
Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 259. 3. Pop., fam., vieilli. Ma tante. Mont-de-piété. Synon. pop. clou (v. ce mot B 4).Sa femme ne peut donner que six mille francs, et encore a-t-elle accroché chez ma tante pas mal de breloques (Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, 1859, p. 305).Demander cela à Élysée, à ce grand bohême qui connaissait tous les monts-de-piété parisiens (...)! S'il connaissait le clou! s'il connaissait ma tante! (A. Daudet, Rois en exil, 1879, p. 214).V. oncle B 2 c ex. de Balzac. C. − Argot 1. Homosexuel de sexe masculin; en partic., homosexuel passif. Synon. tantouse (infra dér.) arg., pop., tata1(arg., pop.), tapette (arg., vulg.), homosexuel, pédéraste.Nous le trouvions toujours chez lui en compagnie d'un petit bonhomme à allures plus qu'efféminées qu'il appelait son neveu, mais qui était bien plutôt une espèce de « tante » dont il devait faire ses délices dans l'intimité (Léautaud, Amours, 1906, p. 263). 2. Individu lâche; dénonciateur, mouchard. Bon Dieu! quand on n'est pas un' tante On va d' l'avant (...) on cogn' dans l' tas (Bruant1901, p. 290).Il se mit à râler soudain: « Lâchez-moi, espèce de brute. Est-ce que vous êtes une tante, vous aussi? » (Sartre, Nausée, 1938, p. 210). − [Terme d'insulte et de mépris] Je vas t'essuyer, moi, si tu veux, avec une paire de claques... A-t-on jamais vu des tantes pareilles qui insultent l'ouvrier! (Zola, Assommoir, 1877, p. 739).[On me tirait dessus] trois flingues au moins (...) Ils devaient pas me perdre de vue, les tantes (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 73). ♦ Empl. exclam. Pendant l'audience (...) il insulta la cour (...) appela (...) un assesseur: grosse tante (A. Humbert, Mon bagne, 1880, f. 94).Salop, maquereau, tante! Tu n'y couperas pas, cochon! (Verlaine,
Œuvres posth., t. 1, Hist. comme ça, 1896, p. 380). Prononc. et Orth.: [tɑ
̃:t]. Homon. tente, formes de tenter. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1200 « sœur du père ou de la mère » (Mort Garin, 20 ds T.-L.); b) 1690 « femme de l'oncle » (Fur.); c) 1694 tante, à la mode de Bretagne « cousine germaine du père ou de la mère » (Ac.); 1875 id. « parente éloignée » (Lar. 19e); 2. 1823 « le mont-de-piété; prêteur sur gages » (La Vie de garçon dans les hôtels garnis de la capitale, p. 7 ds Quem. DDL t. 22); 3. 1834 « pédéraste » (Esnault, [Comment. (IGLF 1938) de l'ouvrage de Musette, Cagayous phil. (1906)]: Chardon, surnommé la tante, fut assassiné par Lacenaire en décembre 1834). Altér. enf. de ante « sœur du père ou de la mère » (ca 1145, Wace, Conception Nostre Dame, éd. W. R. Ashford, 1224) att. jusqu'au xviies., du lat. amita, même sens. Fréq. abs. littér.: 4 517. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4 200, b) 7 581; xxes.: a) 9 018, b) 6 139. DÉR. 1. Tantine, subst. fém.,synon. enf. de tante supra A 1).Vous par exemple, tantine, qui haussez toujours l'épaule gauche: celle qui est la plus proche du cœur (H. Bazin, Lève-toi, 1952, p. 166).− [tɑ
̃tin]. − 1reattest. 1898 (A. Daudet, Soutien de famille, p. 22 ds Pauli 1921, pp. 30-31); de tante, suff. -ine*. 2. Tantouse, tantouze, subst. fém.,arg., vulg., injurieux. Homosexuel passif. Synon. pédéraste, tante (arg., supra C 1).Il était fils unique et, depuis hier, il était pédéraste (...) On dirait de lui: Ah! oui, la grande tantouse? Très bien, je sais qui c'est (Sartre, Mur, 1939, p. 183).Empl. adj. Oui, il s'appelle Léonard (...) un peu tantouse (Arnoux, Visite Mathus., 1961, p. 52).− [tɑ
̃tu:z]. Rob.: tantouse; Pt Rob. 1980, Rob. 1985: tantouse ou tantouze. − 1reattest. 1900 (Nouguier, Notes manuscr. Dict. Delesalle, p. 279); de tante, suff. -ouse*. |