| * Dans l'article "TAMPONNER,, verbe trans." TAMPONNER, verbe trans. I. A. − [Corresp. à tampon I A] Boucher, fermer à l'aide d'un tampon. 1. Spécialement a) MAR. Boucher, colmater un trou fait dans la coque d'un bateau. Au loin, les marteaux des calfats tamponnaient des carènes, et une brise lourde apportait la senteur du goudron (Flaub., Cœur simple, 1877, p. 23). b) MÉCAN. Boucher les trous d'une pièce mécanique; obturer l'orifice d'un tube, d'un tuyau, d'une canalisation. [Le mécanicien] s'arrêtera ensuite (...) et tamponnera solidement les deux extrémités du tube crevé (Herdner, Constr. et conduite locomot., t. 2, 1887, p. 93).J'ai fait tamponner les tubes de la chaudière tribord, la machine est parée (Cendrars, Dan Yack, Plan de l'Aiguille, 1929, p. 125). c) MENUIS. Cheviller un trou pratiqué dans un mur avant d'y fixer un clou, une vis. Tamponner un mur. Absol. Tu veux que je plante des clous. J'ai justement apporté tout mon matériel d'amateur, mon système à tamponner, enfin tout ce qu'il me faut (Duhamel, Nuit St-Jean, 1935, p. 139). 2. Vieilli. Boucher, colmater une brèche avec un tampon ou un accessoire en faisant office, pour empêcher une inondation. On tamponnait le dessous des portes pour arrêter ce flux de vase épaisse: là où la terre détrempée s'était un peu consolidée, on allait vite en chercher des paquets qu'on pétrissait à belles mains et qu'on appliquait aux fissures que les pluies avaient ouvertes dans les maisons (Du Camp, Nil, 1854, p. 53). B. − [Corresp. à tampon I B] Essuyer, absorber un liquide (eau, sang) à l'aide d'un tampon ou d'un accessoire faisant office de tampon, frotter avec un tampon imbibé d'un produit spécial. Tamponner une plaie; tamponner ses yeux, son front, ses tempes. Je lui lève la tête de force et je vois ses yeux gros comme des œufs, tant elle les a tamponnés (Colette, Cl. école, 1900, p. 142): 1. Il était resté tranquille une demi-heure, évitant tout mouvement, et tamponnant la plaie avec un mouchoir: « car, écrivait-il, si le sang recommence à couler largement, je m'évanouirai ou je n'aurai plus la force de me frapper juste, et, demain, je serai pendu. »
Taine, Notes Paris, 1867, p. 108. − CHIR., MÉD. Stopper une hémorragie à l'aide de tampons, faire un tamponnement. Lorsqu'une plaie est accompagnée d'hémorragie, ils la tamponnent avec du poil d'animaux, et font une compression graduée (Voy. La Pérouse, t. 4, 1797, p. 58). C. − [Corresp. à tampon I C] Essuyer, imprégner, étaler, nettoyer en frottant à l'aide d'un tampon. 1. ÉBÉN. Tamponner (un meuble). Le vernir au tampon. (Dict. xixeet xxes.). 2. GRAV., PEINT. Étendre l'encre sur une planche gravée; étendre le vernis à la surface du métal. Hubert, en train de tamponner le dessin avec une poncette chargée de blanc, avait levé la tête, très pâle (Zola, Rêve, 1888, p. 48).P. métaph. Il pleut. Le ciel bas, comme une éponge imbibée de fiel tamponne le paysage parisien. Il dégouline de la rouille (Cendrars, Gomme foudr., 1945, p. 277). D. − [Corresp. à tampon I D] Appliquer, apposer un tampon sur un document officiel. Synon. timbrer, oblitérer, estampiller.Tamponner son billet. Un scribe à lunettes suait au-dessus d'un faux col dur et de paperasses à tamponner de cachets officiels (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 186): 2. ... il arrive souvent qu'un employé remplit un exemplaire (déjà signé), du signalement de l'intéressé, le date, le tamponne et le lui remet aussitôt. C'est là la marche à suivre la plus sûre pour avoir rapidement un permis de chasse.
Baradat, Organ. préfect., 1907, p. 314. E. − [Corresp. à tampon I E] 1. CH. DE FER. Heurter avec les tampons; faire s'entrechoquer deux wagons. Des coups de sifflet, des fracas de fers heurtés, de planches arrachées, de fardeaux qui tombent, de wagons qu'on tamponne (Van der Meersch, Empreinte Dieu, 1936, p. 246). 2. P. ext. a) [Le suj. désigne un véhicule ou son chauffeur] − Heurter, emboutir un autre véhicule (ou une personne). Échappant un jour aux mains de son conducteur, elle s'en alla tamponner un innocent clergyman qui en devint vert de frayeur! (P. Rousseau, Hist. techn. et invent., 1967, p. 237): 3. − Ah! La voiture n'est pas neuve... − Il vous faudrait rouler huit jours... Comment le pourrez-vous? − Je ne sais pas... Avant dix kilomètres d'ici elle aura déjà tamponné trois voitures, grippé son débrayage, crevé ses pneus. Alors, la belle-sœur et les sept enfants commenceront de pleurer.
Saint-Exup., Pilote guerre, 1942, p. 319. − Heurter un obstacle qu'on ne peut éviter. Nous saurons, quand viendra le jour, que nous avons tamponné presque tangentiellement une pente douce au sommet d'un plateau désert (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 218). b) [Le suj. désigne une pers., gén. un piéton] Heurter une chose, bousculer une autre personne. Le chef de file, un grand diable à barbe de fleuve (...) finit par aller tamponner le mur de fond, de son nez qu'un binocle d'écaille chevauchait (Courteline,Ronds-de-cuir, 1893, p. 258).Le père Bertrand qui marchait tête baissée à cause de la pluie l'a tamponné [l'assassin] sur le seuil de chez Sophie (...). Ils se sont vus nez à nez (Giono,Gds chemins, 1951, p. 252). 3. P. anal., arg. a) Tamponner qqn.Le frapper, lui donner des coups. Il y en a qui vont jusqu'à se faire embaucher dans un atelier pour avoir l'occasion de tamponner le contre-maître qui, d'après les autres, est une canaille (Poulot,Sublime, 1870, p. 108). b) Trivial. Tamponner une femme. La posséder charnellement. Je vas dire la chose à Lise, comment je t'ai trouvée, ta chemise sur la tête; et tu iras te faire tamponner ailleurs, puisque ça t'amuse (Zola,Terre, 1887, p. 249). F. − [Corresp. à tampon II] CHIM. Tamponner un liquide. Lui ajouter une solution tampon afin de maintenir le pH constant. (Dict. xxes.). II. − Empl. pronom. A. − Empl. pronom. réfl. [Le suj. désigne une pers.] S'essuyer, se frotter (avec un tampon et, p. ext., avec tout accessoire faisant office de tampon). Le sang coulant toujours entre ses cuisses, elle se recoucha, après s'être tamponnée avec une serviette (Zola,Pt-Bouille, 1882, p. 371).J'avais donc raison de penser que leurs larmes, (...) ne leur coûtent rien. Elles se tamponnent un peu: passez muscade! (Montherl., Songe, 1922, p. 185). − Empl. pronom. réfl. indir. Se tamponner + compl. indiquant la partie du corps concernée.Se tamponner la figure, le front, les mains, l'œil, les yeux. Il souffla; se tamponna le nez, de son mouchoir tassé en boule (Courteline, Train 8 h. 47, 1888, p. 217).Elle éternua plusieurs fois, et, comme elle se tamponnait le visage de son mouchoir, elle se rendit compte qu'elle pleurait (Daniel-Rops,Mort, 1934, p. 440). − Arg., pop., au fig. S'en tamponner (le coquillard). S'en ficher, s'en moquer éperdument. Synon. pop. s'en battre l'œil*.Le patron est tout seul. (...). Sa passion, c'est d'aller tout le temps plein gaz. Les bricoles, il s'en tamponne (Giono,Gds chemins, 1951, p. 186).Et M. Nivoloz? Qu'est-ce qu'il va penser? − M'en fiche, maman, m'en contrefous, m'en tamponne (Arnoux,Solde, 1958, p. 225).V. coquillard B ex. de Bourget. B. − 1. Empl. pronom. réciproque. [Le suj. désigne deux véhicules ou leurs conducteurs] Se heurter par accident, se percuter violemment. Un peu de poussière fume, deux voitures rapides se sont tamponnées (Saint-Exup.,Terre hommes, 1939, p. 211).[En parlant des voitures d'un manège d'autos-tamonneuses] Se heurter par jeu. Seules les autos électriques à ressorts commençaient à se tamponner sur la piste du Scooter « Perdrix » (Queneau, Pierrot, 1942, p. 8). 2. Empl. pronom. réfl. [Le suj. désigne une pers.] Se heurter à un obstacle, se cogner. Pour la laisser passer, la porte, comme elle dit, n'était pas assez large. Elle se « tamponnait » de deux côtés (Tharaud, Enf. perdus, 1948, p. 151). C. − Arg., pop., vieilli. Se battre, échanger des coups de poing; s'affronter en temps de guerre. La guerre, c'est (...) d'la flotte qui tombe, et le cafard à perpétuité (...) on marchait, on s'tamponnait avec les Boches en plein soleil, au mois d'août (Genevoix, Nuits de guerre, 1917, p. 88). REM. Tamponnade, subst. fém.,cardiol., pathol. Compression brutale du muscle cardiaque due à un épanchement péricardique; ensemble des effets entraînés par cette compression. (Dict. xxes.). La tamponnade entraîne l'arrêt cardiaque, le cœur, comprimé, ne pouvant plus se dilater pour se remplir de sang pendant la diastole (Pt Lar. Méd.1976). Prononc. et Orth.: [tɑ
̃pɔne], (il) tamponne [-pɔn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. xves. « enfoncer (un tampon) dans un objet » (doc. ap. La Fons, Gloss. ms., Bibl. Amiens ds Gdf. Compl.); 1660 « enfoncer des chevilles dans un mur » (Devis ds Quem. DDL t. 34); 2. 1690 « obturer, boucher une ouverture avec un tampon » (Fur.). B. 1. a) 1759 « badiner avec quelqu'un en lui donnant de petits coups » (Rich. d'apr. FEW t. 17, p. 310b); b) 1866 se tamponner « se frapper mutuellement, se battre » (Delvau); c) 1875 trans. « rudoyer, battre, frapper » (Lar. 19e); 2. 1872 « heurter violemment, par accident (un train ou un autre véhicule) » (Littré); 1877 se tamponner « se heurter violemment (en parlant de véhicules) » (J.O., 14 mars, p. 1934 ds Littré Suppl.); 3. 1962 tamponné « (liquide) transformé en solution tampon » (H. Firket, La Cellule vivante, p. 42 ds Rob. 1985, empl. adj.); 1965 trans. (Quillet). C. 1. a) 1797 « traiter (une plaie) par un tamponnement hémostatique » (Voy. La Pérouse, t. 4, p. 58); b) 1862 « essuyer, assécher en appliquant un tampon » (Reider, MlleVallantin, p. 68); 2. 1837 « frotter avec un tampon (une surface, un corps) pour l'enduire ou l'imprégner d'une substance liquide » (Balzac, Illus. perdues, p. 3); 3. 1876 « rouler (un objet en tissu, etc.) en tampon » (Huysmans, Marthe, p. 84); 4. a) 1878 s'en tamponner le coquillard (Rigaud, Dict. jargon paris., p. 97); b) 1936 s'en tamponner (Aragon, Beaux quart., p. 298); 5. 1907 « presser avec un cachet pour apposer une marque, oblitérer avec un timbre » (Baradat, Organ. préfect., p. 314). Dér. de tampon*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 121. DÉR. 1. Tamponneur, -euse, subst. et adj.a) [Corresp. à supra I B] Méd., chir. (Ce) qui sert à tamponner, à étancher une plaie, à pratiquer un tamponnement. Voies urinaires (...). Tube tamponneur (de la loge prostatique) de Collin (Catal. instrum. chir. (Collin), 1935, p. 347).b) [Corresp. à supra I D] (Celui, celle) qui appose un timbre, un cachet sur un document officiel. Rudes poinçonneurs (...) ou hardis tamponneurs de formulaires aux guichets de la Sécurité sociale (J. Perret, Bâtons dans les roues, 1953, p. 124 ds Rob. 1985).c) [Corresp. à supra I E]
α) [En parlant d'un train] Qui heurte violemment un autre train, et, p. ext., en parlant de tout véhicule, qui heurte un obstacle quelconque. Train tamponneur. Un accident de chemin de fer s'est produit hier après-midi, sur le viaduc de Viroflaz. Par suite du choc, la locomotive tamponneuse est sortie des rails (L'Œuvre, 8 mars 1941).
β) Jeux. Auto tamponneuse. V. automobile II.Celui qui, sur le champ de foire, se plaît au jeu des autos tamponneuses ne risque pas sa vie (Jeux et sports, 1967, p. 1169).− [tɑ
̃pɔnœ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1resattest. a) 1897 « véhicule qui en tamponne un autre » (L'Illustration, 4 déc., p. 464d ds Quem. DDL t. 14), b) 1956 autos tamponneuses (Butor, L'Emploi du temps, Paris, p. 106); de tamponner, suff. -eur2*. 2. Tamponnoir, subst. masc.,technol. Long ciseau d'acier, burin servant à percer les murs dans lesquels on veut placer une cheville, un tampon. Plancher en béton: placer pour l'accrochage un piton Gollot, après avoir percé au tamponnoir le trou nécessaire (Bonnel-Tassan1966, p. 52).Sports (alpin.). Instrument analogue servant à faire des trous dans la roche pour y planter un piton (d'apr. Gautrat 1970). Environ 200 pitons (dont une quinzaine au tamponnoir) ont été enfoncés et, en presque totalité, laissés (La Montagne et alpinisme, oct. 1958, no19, p. 284 ds Quem. DDL t. 27).− [tɑ
̃pɔnwa:ʀ]. − 1reattest. 1904 (Nouv. Lar. ill.); de tamponner, suff. -oir*. BBG. − Quem. DDL t. 27 (s.v. tamponnoir). |