| * Dans l'article "TAMBOURINER,, verbe" TAMBOURINER, verbe A. − Empl. intrans. 1. Vieilli. Jouer du tambour ou du tambourin. Ces enfants tambourinent tout le jour (Ac.).Je n'ai jamais tambouriné pour amasser la foule autour d'un maître, nul ne peut me dire son apprenti (Borel, Rhaps., 1832, p. 11).Heureux et fier, la caisse à mon flanc, les baguettes à la main, je m'élançai dehors et marchai devant Mélanie en tambourinant (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 65). 2. Produire un bruit dont le rythme est analogue à celui du tambour en frappant à coups répétés sur un objet dur. Synon. marteler, pianoter. a) [Le suj. désigne un animé] Laurence, le menton dans une de ses mains, et de l'autre tambourinant contre la vitre, restait silencieuse (Theuriet, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 61).« Jerphat », en tambourinant de ses poings sur la table, imitait le canon aux moments voulus (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 116). b) [Le suj. désigne un phénomène] À minuit la grêle tambourine dehors et une grande rafale secoue les toiles de mon logis (Loti, Maroc, 1889, p. 20). B. − Empl. trans. 1. Vieilli a) Faire une annonce publique au son du tambour. Mon maître m'amena sur une grande place qui était pleine de monde; on m'avait tambouriné le matin, c'est-à-dire que le tambour du village s'était promené partout de grand matin en criant: ce soir grande représentation de l'âne savant dit Mirliflore (Ségur, Mém. âne, 1860, p. 245).Monseigneur le braconnier (...) ordonnait au tambour de l'endroit de tambouriner que Gros-Sou donnait rendez-vous à ses amis (E. de Goncourt, Élisa, 1877, p. 61). b) Annoncer au son du tambour la perte de quelque chose. Tambouriner un chien, une montre, un portefeuille (Ac. 1798-1878). Il n'eût pu trouver une épingle sans en chercher le propriétaire. Il eût tambouriné un paquet d'allumettes (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 138). 2. Au fig. a) Annoncer, répandre bruyamment une nouvelle, un événement. Synon. colporter, trompeter; anton. cacher, dissimuler, tenir secret (v. secret1B 2).Par chaque trimestre, les du Ronceret donnaient un grand dîner à trois services, tambourinés dans la ville, servi dans une détestable vaisselle, mais confectionné avec la science qui distingue les cuisinières de province (Balzac, Cabinet ant., 1839, p. 125).La farce fut tambourinée par les postillons, les courriers, les rouliers de Saint-Dier à Saint-Anthème (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 183). − Part. passé en empl. adj. Tout ceci m'a rendu sceptique et les découvertes les plus tambourinées, les plus admises, ne sont pas celles qui retiennent le plus mon attention (L. Daudet, Homme et poison, 1925, p. 129). b) P. méton. Célébrer, vanter (le nom de) quelqu'un avec éclat, sa qualité, sa fonction. Jamais la réclame, De la muse au public entremetteuse infâme, N'a sur ses vils tréteaux tambouriné mon nom (Pommier, Crâneries, 1842, p. 188).On ramasse (...) un Léo Taxil, désormais adjudant de Dieu et tambouriné prophète (Bloy, Désesp., 1886, p. 193). REM. 1. Tambourinade, subst. fém.Bruit produit en frappant un tambour, un tambourin ou une surface dure. [Elle répétait] presque rageusement (...) ses petits poings cognés en tambourinade violente sur la pierre de la balustrade (Richepin, Truandailles, 1891, p. 277). 2. Tambourinant, -ante, part. prés. en empl. adj.Qui produit un son répété dont le rythme rappelle celui du tambour. [L'ancien gendarme] avait des histoires de patrouilles dans les forêts vierges (...) qu'il contait le soir de son lit, à Anatole, avec les rra et la vibration tambourinante du troupier (Goncourt, Man. Salomon, 1867, p. 365). 3. Tambouriné, -ée, part. passé en empl. adj.,musicol. Langage tambouriné. Langage utilisé essentiellement en Afrique, dont les messages sont des séries de sons transmis par des tambours ou des tam-tams qui recodent les caractéristiques tonales des langues naturelles locales (d'apr. Rey Sémiot. 1979). Le langage tambouriné et sifflé ne provient pas d'un langage conventionnel (Schaeffner, Orig. instrum. mus., 1936, p. 73). Prononc. et Orth.: [tɑ
̃buʀine], (il) tambourine [-ʀin]. Ac. 1694: tambouriner ou tabouriner; dep. 1718: tambouriner. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. 1528 tabouriner « frapper, battre (quelqu'un, quelque chose) comme un tambour » (Perceforest, I, fo140, éd. 1531 ds DG: tabourinant les pennes de la queue les unes contre les autres); 1609 (Régnier, Satires, XII, 238 ds
Œuvres compl., éd. G. Raibaud, p. 162: Qu'on me tabourinast le cul d'une vessie), attest. isolées dans ce sens; à nouv. 1831 tambouriner (Sue, Atar Gull, p. 17); 2. a) 1798 « publier, faire connaître, en appelant l'attention par un roulement de tambour » (Ac.: tambouriner un chien, une montre); b) 1831 « annoncer, faire connaître quelqu'un ou quelque chose à grand bruit ou indiscrètement » (Kock, Cocu, p. 174); 3. a) 1835 « reproduire un air, une cadence en tapotant sur une surface dure » (Vigny, Serv. et grand. milit., p. 156: tambouriner une marche avec les ongles [sur une fenêtre]); b) 1876 « jouer, exécuter sur le tambour ou sur le tambourin » (Goncourt, Ch. Demailly, p. 58); 4. 1936 « battre, marteler à la façon d'un roulement de tambour » (Martin du G., Thib., Été 14, p. 728: un roulement de tonnerre qui lui tambourine le tympan); 5. 1936 langage tambouriné (Schaeffner, loc. cit.); 1964 « transmettre (un message, des signaux) à l'aide de tambours » (Rob.). B. Intrans. 1. 1530 tabouriner « battre, faire résonner un tambour, un tambourin » (Palsgr., p. 746a); 1649 tambouriner (Scarron, Virgile travesti, l. V, 197b ds Richardson); 2. a) 1644 tambouriner « frapper à coups répétés sur une surface dure » (Id., Suite des œuvres burlesques ds Poés. div., éd. M. Cauchie, t. 1, p. 227: Et tambourinons de nos cousteaux sur nos assiettes); b) 1690 spéc. tambouriner à la porte de qqn (Fur.: on a longtemps tambouriné à sa porte); 3. 1866 « produire un bruit de roulement de tambour » (Amiel, Journal, p. 379: une bonne pluie tambourine sur ma coupole de verre). Dér. de tambourin*; dés. -er. S'est substitué à l'a. fr. taborer, tabourer « battre du tambour ». Fréq. abs. littér.: 99. DÉR. 1. Tambourinage, subst. masc.a) Action de faire résonner un tambour ou un tambourin. Tu reconnais, toi, qu'il n'est ni dans le tambour, ni dans les baguettes ni dans le bras et tu dénommes vérité le tambourinage du tambourineur (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 735).b) Action de frapper une surface dure de manière répétée en en tirant un son semblable à celui du tambour. Le père y assistait [au Benedicite] d'une adhésion tacite, sans se signer, sans interrompre la lettre qu'il lisait ou son tambourinage sur la nappe (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 64).P. ext. Action de frapper (quelque chose) de manière répétée. Nous nous mîmes en bras de chemise et bientôt nos bras, vigoureux mais las, furent noirs d'un tambourinage réciproque (L. Daudet, Temps Judas, 1920, p. 66).− [tɑ
̃buʀina:ʒ]. − 1resattest. a) 1558 « action de faire résonner un tambour, un tambourin » (A. Thévet, Les Singularitez de la France antarctique, éd. P. Gaffarel, p. 220 ds Delb. Notes mss: danses, jeux, tabourinages), attest. isolée, à nouv. 1832 tambourinage (Raymond), b) 1677 tambourinage « action de répandre une nouvelle à grand bruit » (Mmede Sévigné, Corresp., 4 sept., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 543), c) 1933 « action de produire un bruit de roulement en frappant un objet dur » (Malègue, loc. cit.); de tambouriner, suff. -age*. − Fréq. abs. littér.: 10. 2. Tambourinement, subst. masc.Bruit répété dont le rythme est semblable à celui du tambour. Un tambourinement sourd se mêle au bruit du train. Longeant la voie, un groupe de cavaliers s'avance, au trot (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 741).L'oreille distinguait le son grave et plein de l'eau qui ruisselait au cœur des arbres et le tambourinement précis des gouttes sur le toit de la véranda (Green, Moïra, 1950, p. 136).− [tɑ
̃buʀinmɑ
̃]. − 1resattest. a) 1636 tabourinemant « bruit du tambour » (Monet), attest. isolée, à nouv. 1894 tambourinement (Goncourt, Journal, p. 615), b) 1870 « bruit, roulement semblable à celui du tambour » (Id., ibid., p. 613: l'incessant tambourinement du Champ-de-Mars), 1897 (Loti, Ramuntcho, p. 290: tambourinement de l'ondée), c) 1877 « action de frapper sur une surface dure, en produisant un bruit de roulement » (A. Daudet, Nabab, p. 97); de tambouriner, suff. -ment1*. 3. Tambourineur, subst. masc.a) Musicien qui joue du tambour ou du tambourin. Un jongleur, c'est également le musicien qui joue des instruments, le tambourineur qui fait danser (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 109).En appos. avec valeur d'adj. Le rythme le plus simple est né de la marche en ordre. Mais le musicien ne s'arrête point là. Un artiste tambourineur inventera des fantaisies rythmiques (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 109).b) Personne qui transmet des messages en langage tambouriné (d'apr. Rob. 1985). − [tɑ
̃buʀinœ:ʀ]. Att. ds Ac. 1694-1878. − 1resattest. a) 1514 tabourineur « personne qui joue du tambour, du tambourin » (Not., Laurent, 345-1, A. Gironde, E. ds Gdf. Compl.), 1519 tambourineur (Not., Moreau, 388-1, A. Gironde, E. ibid.), 1556 tambourineur (A. Allègre, Décade, 196a ds Fr. mod. t. 6, p. 175), b) 1930 « joueur de tambour, de tam-tam (Afrique, Asie) » (H. Fauconnier, Malaisie, p. 77 ds Rob. Suppl. 1970); de tambouriner, suff. -eur2*. BBG. − Arveiller (R.). Contribution à l'ét. du lex. français... In: [Mél. Gamillscheg (E.)]. München, 1968, p. 32. − Quem. DDL t. 14 (s.v. tambourinement), 17 (s.v. tambourinade). |