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TAM-TAM, TAMTAM, subst. masc.
MUSIQUE
A. −
1. Sorte de gong fait d'un disque de métal suspendu que l'on frappe à l'aide d'un marteau ou d'une baguette et qui est très répandu dans la musique orientale. Tam-tam lugubre, sinistre; tam-tam chinois. Souvent on entend siffler Et ronfler, En musique discordante, Le gong au roulement sourd, Le tambour, Le tam-tam à voix stridente (Pommier, Colifichets, 1860, p. 308).Les musiciens étaient rentrés à l'intérieur, et l'orchestre au complet, gongs, tam-tams, cliquettes, flûtes, tambourins et grosses caisses, opéraient avec fureur (Verne, Tour monde, 1873, p. 132).
2. [En Occident] Instrument analogue dont on use parfois dans les orchestres occidentaux pour marquer l'intensité funèbre ou dramatique de certains passages. Théodore ne voulait rien brusquer, et comme un habile musicien, il avait marqué l'endroit de sa symphonie: où il devait donner le coup sur le tam-tam (Balzac, Pts bourg., 1850, p. 69).Coups de tam-tam. Orphée se retourne brusquement, comme si le coup l'avait atteint (Crémieux, Orphée, 1858, II, p. 84).
B. − [N. donné à plusieurs sortes d'instruments à percussion de la famille des tambours, en usage en Amérique, en Inde et en Afrique]
1. Sorte de tambour des Indiens d'Amérique et de certaines tribus de l'Inde. Le son d'un tam-tam (...) ou le prélude gémissant d'une musette, viennent préciser quelle est cette région de la terre, disent l'Inde, disent Brahma, rappellent l'énorme distance (Loti, Inde sans Angl., 1903, p. 37).Les Indiens d'Amérique sont mieux équipés. Comme idiophones, ils ont le tamtam du Mexique et de l'Amérique du Sud (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 230).
2. Tambour africain fait généralement de bois creux recouvert ou non d'une peau tendue et servant à rythmer chants et danses ou à transmettre un message. Tam-tam africain, nègre; tam-tam des sauvages; son du tam-tam; roulement de tam-tam. Un bruit de tam-tam que l'on frappe à grands coups, le sautillement d'une clochette, des clameurs qui se prolongent, des voix qui crient (Flaub., Tentation, 1849, p. 386).Biskra. Les sons du tambour nègre nous attirent. Musique nègre. Que de fois je l'entendis l'an passé! Que de fois je me suis levé de mon travail pour l'entendre! Pas de tons; du rythme; aucun instrument mélodique, rien que des tambours longs, des tams-tams et des crotales (Gide, Journal, 1896, p. 82).
a) [Le tam-tam sert à un usage mus.] Danser au son (au(x) rythme(s)) du tam-tam. Il entendit des coups de feu (...) puis un tam-tam qui lui fit augurer qu'on célébrait là-bas quelque fête (Tharaud, Randonnée Samba Diouf, 1922, p. 56).
P. méton. Séance de tam-tam, réunion de personnes chantant et dansant au son du tam-tam. Le film s'acheva par un sauvage tam-tam, au crépuscule, sur une place bordée de palmiers (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 999).Hier soir (...) il y avait eu un vaste tam-tam. L'affluence croissait d'instant en instant. D'abord rien que des enfants; puis bientôt tous s'en sont mêlés (Gide, Retour Tchad, 1928, p. 884).
b) [Le tam-tam sert à transmettre des messages] Tam-tam de guerre; tam-tam victorieux. Les coups précipités du tam-tam appelaient les nègres à la bamboula (Loti, Spahi, 1881, p. 20).Peu importe encore le degré de permanence du message (fumée de brousse, tam-tam, ou mots inscrits sur le roc), l'essentiel est que source et destinataire utilisent en dernier ressort un seul et même code original (Coyaud, Introd. ét. lang. docum., 1966, p. 15).
3. P. anal. Bruit rythmé assourdissant et prolongé. Synon. charivari, ram-dam (fam.), tintamarre, vacarme.Un tam-tam de tous les diables.
a) [Suivi ou précédé d'un adj.] Grand tam-tam. C'était alors un charivari, pareil à celui que l'on fait, le soir de leurs noces, aux veuves qui se remarient, un tamtam assourdissant, des cris, des huées, de grands éclats de joie, un vacarme d'arrosoirs, de casseroles et de tonneaux, sur lesquels on frappait comme sur des tambours (Barres, Colline insp., 1913, p. 227).La pluie (...) continue son tam-tam infernal sur les toits de tôle ondulées (Tharaud, Passant Éthiopie, 1936, p. 76).
b) [Suivi d'un compl. déterm.] Cette petite fille qui roule en express pour la première fois, au lieu d'écouter le tam-tam des machines, dévore le visage de son frère (Cocteau, Enfants, 1929, p. 69).Un tam-tam de bidons cahotés, un trot court s'arrêtant devant chaque porche (...) annonçaient le laitier (H. Bazin, Bur. mariages, 1951, p. 157).
4. Au fig.
a) Publicité tapageuse, réclame outrancière. Synon. fam. ramdam.Convenablement arrosée par le budget de publicité dite « bienfaisante », la presse fit un remarquable tam-tam du « brouet à Ailette » (L. Daudet, Napus, 1927, p. 28).V. tape(-)à(-)l'œil I ex. de Cendrars.
b) Battre le tam-tam. Alerter l'opinion publique sur un problème précis. Synon. tirer* la sonnette d'alarme.De tous ces faits, quelles conclusions tirer? Une, ici, s'impose, alors que, tout étant bon électoralement, le gouvernement bat le tam-tam de la jeunesse. Il faut dit-on, aider ces petits à « s'intégrer dans la société » (Arts et loisirs, 6 juill. 1966, p. 8, col. 2).
c) Vieilli, empl. en appos. à valeur d'adj. Synon. de tapageur.C'étaient toujours (...) cette jolie tournure (...) cette allure pimentée d'une Parisienne, ce petit air « tam-tam » comme elle disait jadis, en parlant d'elle (Huysmans, En mén., 1955 [1881], p. 206).
Prononc. et Orth.: [tamtam]. Plur. des tam-tams ou des tams-tams (Rob., Rob. 1985), des tam-tams (Lar. Lang. fr.). Jazz: tom-tom, forme angl. (Rob.). Étymol. et Hist. 1. 1769 « sorte de tambour en usage en Inde » (De La Flotte, Essais hist. sur l'Inde, 211-2 ds Quem. DDL t. 18), dep. la fin du xixes. sert à désigner d'autres sortes de tambours, comme p. ex. ceux utilisés en Afrique comme instrument de mus. et aussi de transmission de messages (v. Loti, Spahi, 1881, p. 18); 2. 1832 « instrument à percussion que les Chinois appellent Gong ou Loo » (Raymond); 3. a) 1878 p. ext. « fracas prémédité » (Éclair, 23 juin ds Larch. 1872: Trop de boursouflure, trop de tam-tam dans ce factum); b) 1881 faire du tam-tam (Rigaud, Dict. arg. mod., s.v. vacarme). 1 onomat. d'orig. indienne, prob. répandue par l'intermédiaire de l'angl. tom-tom att. dep. 1693 (v. NED); 2 prob. issu du malais tammittam (cf. H. Rieman, Musiklexikon, Sachteil, 1967). Certains ouvrages notent que, en fr. comme en angl., le mot est att. pour désigner deux instruments de mus. différents (v. Chaudenson, Le Lex. du parler créole de La Réunion, t. 2, pp. 1073-1074, qui précise que l'instrument décrit ainsi par Bernardin de Saint-Pierre [Voyage à l'Île de France, éd. L. A. Martin, t. 1, p. 56]: « c'est une espèce d'arc où est adaptée une calebasse », , ne corresp. pas à l'instrument usité à La Réunion ou aux Seychelles), mais en musicol. on ne considère que l'instrument à percussion, le gong, qui fut empl. en France dès la fin du XVIIIes., en partic. dans les musiques funèbres (cf. Castil-Blaze, Théâtres lyriques de Paris: L'Académie impériale de mus., hist..., t. 2, p. 349, qui précise qu'on employa pour la première fois cet instrument à Paris pour les funérailles de Mirabeau, en 1791; v. aussi Encyclop. de la mus., Fasquelle, t. 3). Fréq. abs. littér.: 111. Bbg. Colin Mots exot. 1986, p. 237. − Quem. DDL t. 18.