| * Dans l'article "TALER,, verbe trans." TALER, verbe trans. A. − Marquer, meurtrir. Prenant le malade, elle l'a retourné sur le dos. J'ai vu ce dos, un dos talé, déformé par le lit, où la chair n'a plus de forme, un peu comme un dos d'enfant serré par les langes (Goncourt, Journal, 1860, p. 853).P. métaph. Ma peau, je te la donne (...). C'est une vieille peau qui me tale à l'endroit du cœur (Aymé, Rue sans nom, 1930, p. 242). ♦ Part. passé en empl. adj. Je reconnaissais ces populations du bord du fleuve (Congo), parmi lesquelles nous circulions de village en village (...) sans jamais rencontrer un seul être qui ne fût taré, talé, taché, abîmé par quelque point de son corps (Gide, Journal, 1932, p. 1115). − En partic. [Le compl. désigne des fruits] Le transport par chemin de fer risque de taler ces fruits (Lar. Lang. fr.).Part. passé en empl. adj. On récoltait à part les fruits tombés d'eux-mêmes, trop mûrs, souvent talés, écrasés dans les hautes herbes; on ne pouvait marcher sans en fouler (Gide, Immor., 1902, p. 419). ♦ Empl. pronom. réfl. Au milieu de la table, la pyramide de poires est à bas (...). Les pêches, renversées l'une sur l'autre se talent (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p. 358). − Pop., fam. Taler les fesses, le derrière. Je te boyauderai, je t'en bâillerai de vertes, des mûres et des blettes, je te talerai le derrière (Rolland, C. Breugnon, 1919, p. 123). B. − Au fig. Harceler, importuner. Sa conscience ne le talait presque plus, sauf aux heures de visite, lorsque sa mère était là (Aymé, Passe-mur., 1943, p. 222). Prononc.: [tale], (il) tale [tal]. Étymol. et Hist. 1. 1418 [n. st.] « meurtrir quelqu'un » (Archives Nat., JJ 170, no113, fo127 cité ds Du Cange, s.v. talare2), empl. isolé; 1860 talé « meurtri » (Goncourt, Journal, p. 853: dos talé); 2. 1636 taller « faire des marques, des meurtrissures en appuyant trop fortement, en heurtant (des fruits) » (Monet), attest. isolée; 1831 taler (Ac. Suppl.); 1845 talé (Besch.). D'un germ. *talôn « arracher » (cf. l'a. h. all. zâlôn « arracher, enlever »), qui a dû passer très tôt en lat. (talare « ravir, dérober » est att. dès le viies., Lex Ribuaria ds Nierm.), et qui est représenté dans les lang. rom. par l'esp. talar « dévaster » (lat. médiév. d'Espagne dès 972 ds Cor.-Pasc.) et l'a. prov. talar « dévaster, endommager, détruire » (dep. ca 1220 ds Levy Prov.). Le fr. n'apparaît qu'au xves. et ne vit que dans les dial. de l'Est et du Sud-Est du domaine d'oïl. Fréq. abs. littér. Taler: 23. Talé: 10. DÉR. Talure, subst. fém.,rare ou région. Meurtrissure sur un fruit. (Dict. xixeet xxes.). P. métaph. La menace dont il portait le poids ne le gênait pas trop; c'était à l'endroit du cœur, une talure discrète dont les environs étaient à peine endoloris (Aymé, Derr. chez Martin, 1938, p. 60).− [taly:ʀ]. − 1resattest. 1611 « meurtrissure » (Cotgr.), 1923 « meurtrissure sur un fruit » (Lar. univ.); de taler, suff. -ure1*. |