| * Dans l'article "TAILLE,, subst. fém." TAILLE, subst. fém. I. − Action de tailler, de couper; résultat de cette action. A. − Vx. Action de tailler, de couper, de pratiquer une entaille; résultat de cette action. 1. [Le compl. désigne un inanimé concr.] Telles sont mes paroles, que je confirme par trois tailles sur l'écorce du Nemenshéhélas, au village de Chillichaté, le quatrième jour de la lune des écureuils (Crèvecœur, Voyage, t. 3, 1801, p. 126). ♦ APIC. Taille des ruches. ,,Prélèvement du miel dans les ruches à l'aide de couteaux recourbés`` (Fén. 1970). − P. méton. a) Région. (Ouest). Taille de pain. Morceau, tranche de pain. Synon. taillon (infra rem. b).Clopinel coupait une taille de pain (P. Rézeau, Notes sur le lexique d'Ernest Pérochonds R. Ling. rom. t. 42 1978, p. 119). b) [P. oppos. à pointe ou estoc] Partie tranchante de l'épée, du sabre. La mêlée fut affreuse. (...) Les cavaliers du roi (...) ne faisaient aucun quartier, et la taille reprenait ce qui échappait à l'estoc (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 520).Poussant la démonstration jusqu'au geste, le seigneur voulut expliquer à la dame comment on se servait de l'épée pour les coups d'estoc et de taille (Taine, Philos. art, t. 1, 1865, p. 136).Arme de taille. Arme que l'on utilise en frappant avec le tranchant. (Dict. xxes.). ♦ Loc. verb. Frapper d'estoc* et de taille. c) DR. COMM. ,,Petit bâton divisé en deux morceaux qui se rapportent exactement et sur les deux parties duquel, rapprochées l'une de l'autre, on fait des coches et des entailles pour constater la quantité des marchandises fournies et reçues au détail (c. civ. art. 1333). Plus spécialement, morceau de bâton qui reste aux mains de l'acheteur, l'autre morceau conservé par le marchand vendeur, portant le nom d'échantillon`` (Cap. 1936). La taille du boulanger; acheter le pain à la taille. Cet instrument (la clef de la maison) (...) se compose d'un simple morceau de bois pareil aux tailles des boulangers, au bout duquel cinq à six clous sont plantés comme au hasard (Nerval, Voy. Orient, t. 1, 1851, p. 137). ♦ Jouer à la taille. [Le suj. désigne des joueurs de cartes] ,,Jouer ensemble plusieurs jours de suite et convenir qu'au lieu de payer sur-le-champ, on écrira à chaque partie le gain ou la perte, pour ne payer la différence que le dernier jour`` (Ac. 1835, 1878). 2. [Le compl. désigne une pers., un animal ou une partie de leur corps] Ce monsieur prend dans le feu un fer qu'il applique sur la fesse du cheval, qui fume. Un autre homme (...) fait très artistiquement, avec des ciseaux, deux ou trois tailles dans le poil du poitrail (Goncourt, Journal, 1870, p. 683). − CHIR. Action de couper, d'inciser les chairs; résultat de cette action. Il pratique naïvement ou sciemment l'énervation des esprits comme un chirurgien pratique la taille et la saignée (Delacroix, Journal, 1854, p. 249). ♦ Opération de la taille ou taille. Intervention chirurgicale ayant pour but d'inciser la vessie afin d'en extraire des calculs. Un grand chirurgien fait des opérations de taille par le même procédé (Cl. Bernard, Introd. ét. méd. exp., 1865, p. 219).P. anal., plus rarement. ,,Extraction d'un corps étranger d'une cavité naturelle par une ouverture opératoire`` (Garnier-Del. 1972). Taille articulaire, intestinale, stomacale (Garnier-Del. 1972). B. − 1. Opération qui consiste à tailler, à couper certaines parties d'un objet, d'une matière, avec un instrument tranchant, afin de lui donner une forme déterminée. Taille d'une plume; taille du cristal, du verre; taille des pierres précieuses. Le granit (...) est susceptible d'un beau poli, mais sa dureté rend sa taille difficile et coûteuse (Bourde, Trav. publ., 1928, p. 70).Si le brillant n'a que treize facettes sur le dessus et neuf en dessous, on lui dit simple taille ou non recoupé; il existe encore la taille en baguette, en marquise ou navette, en carré, en triangle, etc. (Metta, Pierres préc., 1960, p. 46). ♦ Vieilli. [En parlant de la barbe, des cheveux] Taille en brosse. Synon. coupe.Vingt sous pour une coiffure avec taille de cheveux (Balzac, Comédiens, 1846, p. 336).Depuis ce matin, reprit le vieux, il en est venu quarante dans ma boutique. Il y a des jours comme ça. Et ils voulaient tout: barbe, taille, shampooings (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 34). ♦ Taille des pierres. Opération qui consiste à donner aux pierres après sciage une forme qui les rendra utilisables par la suite dans la construction. Taille apparente, brute, directe, mécanique; taille au marteau. Des ouvriers (...) ont fait un chantier pour la taille des pierres (Du Camp, Hollande, 1859, p. 231).Plusieurs carrières [en France] (...) permettent en un seul travail l'extraction et la taille directe dans la masse des morceaux de pierre (Lambertie, Industr. pierre et marbre, 1962, p. 72).Pierre* de taille. J'étais adossé au parapet de pierre de taille du quai d'Auteuil, devenu le quai Louis-Blériot (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 9). 2. Manière de tailler quelque chose; forme particulière, résultat de cette opération. Taille simple, ancienne, moderne d'un diamant; taille en étoile, en rose d'un brillant. Vous seriez donc tenu de représenter les diamants (...) dont le poids, les valeurs ou la taille seront décrits (Balzac, Gobseck, 1830, p. 414).Des verres à tailles grossières, des carafes de vin, des bouteilles d'eau de Saint-Galmier, emplissent une table (Huysmans, Art mod., 1883, p. 115). 3. Spécialement a) ALPIN. Opération qui consiste à creuser et à façonner des marches dans la glace à l'aide d'un piolet ou d'une hachette. Il nous faut faire une assez longue et délicate manœuvre de taille dans un mur de glace (La Montagne, no142, août-sept. 1920, p. 106 ds Quem. DDL t. 27).Le piolet sert à la taille des marches et à l'assurance (Pourchier-Frendo, La Technique de l'alpinisme, 1943ds Petiot 1982). b) ARBORIC. Opération consistant à couper une partie des rameaux ou des branches d'un végétal (arbuste, arbre fruitier ou d'ornement) afin d'améliorer sa végétation, sa fructification ou son aspect. Synon. élagage, émondage.Effectuer la taille d'un groseillier, d'un abricotier, d'un rosier, d'une haie; taille des aubergines, des melons; taille en espalier, en fuseau, en pyramide, en quenouille, en treille, en voûte; taille en cordon, en gobelet de la vigne; outils de taille, art de la taille. Dans l'opération de la taille [de la vigne] (...) la conduite des instruments de taille (serpettes, serpes, sécateur, cisaille, égohine) joue un rôle important (Brunet, Matér. vitic., 1909, p. 18): 1. La taille fruitière doit en premier lieu se soucier d'établir et de maintenir l'équilibre végétatif chez l'arbre, c'est-à-dire d'assurer une végétation normale (...) ainsi qu'une croissance harmonieuse de toutes les parties d'un même sujet.
Boulay, Arboric. et prod. fruit., 1961, p. 86. Taille d'hiver ou taille sèche (lorsque la sève est descendue). La taille d'hiver doit être effectuée pendant le repos de la végétation: de novembre à mars (Du Breuil, Cult. arbres, 1876, p. 91).Quand on pratique la taille sèche (...) on supprime tous les rameaux inutiles à la formation de la souche ou à la fructification (Brunet, Matér. vitic., 1909, p. 18).Taille d'été ou taille en vert (lorsque la sève est remontée). Toutes les opérations qui constituent la taille d'été sont pratiquées pendant la végétation (Du Breuil, Cult. arbres, 1876, p. 93).Les tailles en vert (...) comprennent l'ébourgeonnement et l'épamprage, le pincement et l'écimage, l'effeuillage (...), le cisellement et surtout l'incision annulaire (Brunet, Matér. vitic., 1909, p. 20).♦ P. méton., au plur. Rameaux ou branches coupés sur les végétaux. Mélie, tends ton tablier, que j'y mette les tailles... À genoux, je ramassais les fagotins d'abricotiers, étoilés de fleurs (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 265). c) COUT., vieilli. Taille d'un vêtement. Synon. de coupe. ♦ Habit galonné sur toutes les tailles. ,,Habit galonné sur tous les endroits où il est taillé, sur toutes les coutures`` (Ac. 1835). d) GRAV. ,,Incision faite dans un support et destinée soit à contenir l'encre (taille-douce = gravure en creux) soit au contraire à éviter l'encrage (taille d'épargne et taille blanche = gravure en relief)`` (Bég. Estampe 1977). Taille sur bois, sur cuivre; taille au burin, au couteau, à la pointe sèche: 2. La gravure au burin. − Le burin est une tige d'acier (...) que l'on pousse devant soi suivant l'arabesque désirée, en appuyant plus ou moins fortement pour obtenir des tailles plus ou moins profondes. Plus les tailles sont profondes, plus l'épaisseur d'encre sera grande, plus les noirs seront intenses.
Arts et litt., 1935, p. 28-14. ♦ Taille blanche. ,,Gravure sur bois, consistant à creuser le dessin qui apparaît en blanc au tirage, sur le fond noir épargné et encré (15esiècle)`` (Danis Bibl. 1984). ♦ Taille de dépouille, en creux. Manière de tailler le bois en creusant les traits. Au XVIesiècle, on a taillé certains bois en creusant au contraire les traits, c'est la taille de dépouille, l'engravure ou taille en creux (Chautard1937, p. 117). e) MÉCAN. Taille des engrenages. Opération par laquelle on réalise la denture d'une roue d'engrenage, d'un outil; son résultat. Taille droite, conique, hélicoïdale. [La] taille des engrenages [se fait] à la fraise sur un tour parallèle (Champly, Nouv. encyclop. prat., t. 5, 1927, p. 262). ♦ Taille des limes. Opération consistant à pratiquer sur la semelle d'une lime, les aspérités qui doivent lui permettre de mordre, d'entamer la matière; manière dont une lime est ainsi striée. Taille simple, croisée, douce, ronde, bâtarde. La taille des limes se fait au burin à la main ou avec des machines [spéciales] (Champly, Nouv. encyclop. prat., t. 12, 1927, p. 3). f) MINES. Chantier d'exploitation d'où l'on extrait la houille ou un minerai, et dont le front, assez important, est déplacé parallèlement à lui-même au cours de l'exploitation. Taille rabattante, montante, oblique. [La réduction des dimensions du] chariot [de mine] le rend apte à pénétrer dans les tailles plus aiguës (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p. 737).Dans la méthode [d'exploitation d'une ardoisière] par gradins renversés (...), le puits est creusé jusqu'à la base du prisme qui constitue la chambre et on s'éloigne de part et d'autre du puits par tailles en gradins renversés (J. Cahen, Bruet, Carrières, 1926, p. 258). ♦ Front* de taille. g) NUMISM. ,,Gravure des coins servant à frapper les monnaies`` (Nér. Hist. Art 1985). h) SCULPT. Opération qui consiste à tailler, à sculpter une statue; manière dont la statue a été taillée. Ces Enfants Perdus dont la taille est si tendre, légère et délicate, qu'elle communique à la pierre une sorte de frisson (Carco, Nostalgie Paris, 1941, p. 134). ♦ Taille directe. Technique selon laquelle l'artiste sculpte directement son œuvre dans la matière définitive sans passer par une maquette. Doit-on considérer le groupe des sculpteurs qui, au modelage, opposent la taille directe comme une école ayant des buts précis, une esthétique et un corps de doctrine? (Arts et litt., 1936, p. 18-3). II. − Vieilli. Action de partager, de répartir; résultat de cette action. A. − MONNAIE. ,,Division d'un marc d'or ou d'argent en un certain nombre de pièces de monnaie égales. Les louis étaient à la taille de trente au marc d'or`` (Ac. 1835, 1878). B. − HIST. Évaluation et répartition de l'impôt; p. méton. ,,imposition levée sur les personnes ou sur les biens, longtemps perçue par les seigneurs sur leurs serfs et censitaires, levée aussi parfois par eux pour le compte du roi, et qui, au xvesiècle devint uniquement royale, permanente, et désormais fut toujours une des principales ressources du budget`` (Marion Instit. 1923). Taille personnelle, réelle, mixte, seigneuriale, royale; payer la taille; receveur, collecteur, sergent des tailles. On se représente aussi le mouvement de la montagne en ce temps: les cris, les disputes sur l'abolition de la taille, de la gabelle (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 145).Il était aussi chargé de la collecte des tailles, rentes et redevances, office des plus pénibles à remplir dans un pays ruiné (A. France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 28). C. − JEUX (cartes) 1. ,,Distribution des cartes par le banquier depuis le moment où il prend la main jusqu'au moment où il la passe à un autre`` (DG). 2. ,,Série complète des coups qui se suivent (au pharaon, trente et un, etc.) jusqu'à ce que le banquier ait retourné toutes les cartes du jeu qu'il a dans la main. Il a gagné à la première taille, mais il a perdu à la seconde`` (Ac. 1835, 1878). III. − Dimension. A. − Dimension en hauteur du corps humain. Avoir une grande taille, une taille haute, ordinaire, moyenne; augmenter en taille; taille assise; taille debout; parvenir à la taille adulte; la taille se mesure à la toise. Elle se tenait très droite comme pour ajouter à sa petite taille (Green, Moïra, 1950, p. 143).On a constaté, dans quelques populations, que les personnes de taille élevée ont une nette tendance à se marier entre elles (Tiers Monde, 1956, p. 109). − Vieilli. Avoir la taille (requise pour être soldat). On sait par la statistique que, dans deux générations successives, il se trouve à peu près le même nombre d'hommes ayant la taille requise pour la conscription et d'hommes trop petits pour être soldats (Taine, Philos. art, t. 1, 1865, p. 55). 1. En partic. a) Vieilli. Ensemble des dimensions du corps humain considérées par rapport à la hauteur, à la carrure et à la conformation générale. Être de belle, de forte taille. Sa taille grande, mais un peu forte, à la manière des statues grecques, caractérisait énergiquement la jeunesse et le bonheur (Staël, Corinne, t. 1, 1807, p. 57).L'inconnu dont la taille très-svelte et très-mince ne semblait pas annoncer la force incroyable qu'il déployait (Sue, Myst. Paris, t. 1, 1842, p. 12).P. méton. Ce vieux renard approchait de la soixantaine (...) et était encore vigoureux. C'était une de ces tailles carrées qui ne s'usent pas (Vidocq, Mém., t. 1, 1828-29, p. 389). − Loc. verb. Se sentir, être de taille à + inf. Avoir la force, les qualités nécessaires pour. Joseph était de taille à défendre son bien. Il attendait, de pied ferme (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 211). ♦ [À la forme nég.] Décidément je ne me sens plus de taille à supporter la grossièreté du régiment (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1910, p. 241).Absol. Synon. fam. ne pas faire le poids (v. ce mot II A 2 i β).Il (...) attendit le choc; avec sa pauvre origine et son manque de manières, il ne se sentait pas de taille (Druon, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 134). − À la taille de. De la force de, du niveau de. Delobelle attendait qu'un directeur intelligent (...) vînt le chercher pour lui offrir un rôle à sa taille (A. Daudet, Fromont jeune, 1874, p. 22).Jean-Jacques, flatté de l'hommage de Voltaire, saisit l'occasion qui lui était offerte. Il avait cette fois un adversaire à sa taille (Guéhenno, Jean-Jacques, 1950, p. 148). ♦ À ma taille. À mon niveau. P. métaph. Je sais: j'ai tâché de tailler ce bonheur à ma taille (Gide, Immor., 1902, p. 435). − Loc. adj. De taille ♦ [En parlant d'une pers.] Très fort. Je ne puis pas, seul, faire tête à une troupe de brigands!... Réveillez donc M. Grospré, il est solide, lui, il est de taille! (Kock, Âne M. Martin, 1862, p. 151). ♦ [En parlant d'un inanimé concr. ou abstr.] Très grand, important. Nous avions une marmite de taille! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 649).Négligeons, pour présenter le schéma théorique de maximation, les agglomérations urbaines et fixons l'attention sur les industries motrices dans les régions. L'élimination est de taille, et l'on en a pleinement conscience (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 236). b) Grandeur, grosseur et conformation générale du corps d'un individu considérées par rapport aux dimensions du vêtement qu'il porte. Avoir la taille mannequin; porter un vêtement à sa taille. Voilà comme on porte un habit Qui n'est pas fait à notre taille (Dumas père, Chasse et amour, 1825, 9, p. 46).Pendant la rougeole du Prince Impérial, l'Impératrice, pour veiller son fils, envoya précipitamment sa lectrice, qui était à peu près de sa taille, aux Magasins du Louvre, pour essayer à sa place « une robe de chambre toute faite » (H. Vanier, La Mode et ses métiers, 1960, p. 208). − P. méton. Ensemble des dimensions standard d'un vêtement établies selon les mesures d'un individu type. Quelle est votre taille? Quelle taille faites-vous? Il me faudrait une petite taille, une grande taille, une taille 40. En fourrure, comme dans le prêt à porter, les tailles varient suivant les fabricants. Ne soyez pas vexée, si vous faites un 38 et que seul le 40 vous convienne. La normalisation des tailles, si elle est souhaitable, est comme « l'Europe »: elle reste à faire! (G. Constant, Le Guide de la fourrure, 1980). 2. MUS. ,,La seconde des 4 parties de la musique en comptant du grave à l'aigu`` (Encyclop. de la mus., Paris, Fasquelle, t. 3, 1961). Synon. vieilli ténor.La taille se divise quelquefois en 2 autres parties: l'une plus élevée, qu'on appelle 1èreou haute-taille; l'autre plus basse, qu'on appelle 2ndeou basse-taille (Encyclop. de la mus.,Paris, Fasquelle, t. 3,1961).Basse-taille*. B. − Dimensions (grandeur et grosseur) d'un animal, d'un végétal ou d'un inanimé concret. 1. [À propos d'un animal] Le pigeon anversois diffère du pigeon liégeois par sa grande taille (Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. nav., t. 2, 1890, p. 450). − [Chez les quadrupèdes] ,,Hauteur de la verticale passant par le garrot`` (Villemin 1975). − Taille marchande ou réglementaire d'un poisson. Longueur minimale, fixée par des arrêtés préfectoraux, que doit atteindre un poisson pour être pêché. Afin d'empêcher les pêcheurs de capturer des poissons non adultes, on a donc prévu l'interdiction de débarquer et de vendre des poissons n'ayant pas atteint une longueur minimale appelée taille marchande (par exemple, 30 cm pour le cabillaud, 20 cm pour le merlan, etc.) (Boyer, Pêches mar., 1967, p. 93). 2. [À propos d'un végétal] Taille limite, taille maximale (d'un arbre). Le frêne est un arbre de grande taille que l'on rencontre dans toute la France (Cochet, Bois, 1963, p. 36).La plupart des brouteurs végétariens, même lorsqu'on les trouve sur des algues de grande taille (...), s'attaquent à des végétaux de petite taille (J.-M. Pérès, Vie océan, 1966, p. 106). 3. [À propos d'un inanimé concr.] Taille d'un rocher, d'une machine. La tendance (...) à augmenter la vitesse des compresseurs a conduit à remplacer (...) les soupapes de grandes dimensions par des clapets de petite taille (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p. 539).Jeux nouveaux, dont je ne sais les noms, avec volants, balles, ballons de toutes tailles (Gide, Journal, 1930, p. 964). 4. [À propos d'un véhicule] Les plus grands avisos, ceux qui se rapprochent le plus des croiseurs par leur taille sinon par leur vitesse, ont été jusqu'ici employés comme navires de station (Croneau, Constr. nav. guerre, t. 1, 1892, p. 127).Popeye venait me chercher, dans une auto fermée, de la taille d'un corbillard (Camus, Requiem, 1956, 2epart., 4etabl., p. 871). 5. [À propos d'un établissement public ou privé] Taille d'un édifice, d'une entreprise. Cet hôtel de ville a trois fois la taille du Panthéon (Romains, Copains, 1913, p. 158).Le centre de Saclay a atteint, avec environ cinq mille travailleurs, sa taille maximum (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p. 245). ♦ Loc. De cette taille. De cette importance. Sur un navire de cette taille, répliqua (...) Bruidoux, j'ai vu jusqu'à quinze cents gaillards avec leur fourniment (Feuillet, Bellah, 1850, p. 6). − Au fig. Importance. Relevé dans le William Shakespeare de Hugo cette ânerie d'une taille exceptionnelle (Green, Journal, 1948, p. 202).Ne prenez pas au tragique une petite aventure qui, malgré tout, ne dépasse pas la taille des aventures de collège (Montherl., Ville dont prince, 1951, p. 911).Fam. De taille. D'importance. Une erreur de taille. Ne vous inquiétez pas, Aubain, vous n'aurez pas à marcher. Je vous réserve une surprise! La surprise était de taille puisque, dans la cour de la gare, stationnait une carriole attelée d'un vieux cheval aubère (R.-V. Pilhes, La Rhubarbe, 1965, p. 185). − Spécialement ♦ ARITHMÉTIQUE Taille d'un chiffre. Dans un nombre décimal, rang du chiffre à partir de la virgule compté positivement ou de manière nulle et diminué de 1 si le chiffre est placé avant la virgule, compté négativement si le chiffre est placé après la virgule (d'apr. Math. 1967-69). Dans le nombre 25,3, le chiffre 2 a pour taille 1, le chiffre 5 a pour taille 0, le chiffre 3 a pour taille − 1 (Math.1967-69).Taille de la représentation décimale. Rang du premier chiffre significatif à partir de la gauche (d'apr. Math. 1967-69). La taille d'un nombre décimal est la caractéristique de son logarithme décimal (...) Le nombre 0,0057 est de taille − 3 (Math.1967-69). ♦ ÉCON. Effet de taille. ,,Ensemble d'effets économiques liés à la dimension d'une unité économique, et notamment d'une entreprise`` (GDEL). ♦ ÉN. NUCL. Taille critique. ,,Dimensions minimales d'un assemblage de matériaux (par ex. le cœur d'un réacteur nucléaire), permettant de le rendre critique pour une disposition géométrique et une composition déterminées de cet assemblage`` (Nucl. 1975). ♦ VITIC. (en Champagne). ,,Produit du second pressurage du raisin et des pressurages suivants, sauf le dernier`` (Lich. Vins 1984). La première taille équivaut à la deuxième serre et la deuxième taille à la troisième serre. Le vin de taille sert à faire le vin de seconde qualité (Lich.Vins1984). C. − 1. Vieilli. Partie du corps humain comprise entre les épaules et les hanches et correspondant au buste, au tronc. Cambrer, redresser sa taille. Comme sa stature est petite, et cependant sa taille fort longue, il était beaucoup mieux à cheval qu'à pied (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 496).Fritz (...) avait la taille cambrée dans son habit bleu de ciel (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 171).Avoir la taille bien prise. Être svelte et bien fait. (Dict. xxes.). − P. méton. Partie de la robe qui couvre le buste. Synon. corsage. (Dict. xixeet xxes.). − Loc. En taille. En corsage, en robe, c'est-à-dire sans manteau ni vêtement de dessus. Être, sortir en taille. La gentillesse ouvrière des jeunes femmes qui courent Paris en taille, un bonnet blanc sur leurs cheveux ébouriffés (A. Daudet, Crit. dram., 1897, p. 109).Bien que ce soit jour de grande fête, la femme est en cheveux et en taille (...) et l'homme a gardé son tricot et sa cotte de travail (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 28). 2. a) En partic. Partie resserrée du tronc, entre les côtes et les hanches. Synon. ceinture.Avoir la taille fine, épaisse; avoir une taille de guêpe; avoir la taille bien prise, bien marquée; ne pas avoir de taille; grossesse qui gâte la taille (vieilli); cette jupe me serre la taille; prendre une femme par la taille. Ils gagnèrent la salle des pas perdus en se tenant par la taille (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 461).Une vieille négresse vêtue de noir et la taille ceinte d'un tablier blanc (Green, Moïra, 1950, p. 177). ♦ Tour de taille. Mesure de la circonférence qui entoure la taille. Prendre son tour de taille. D'abord « petite main » chez une couturière, employée (...) à attacher un bouton ou une « pression », à ajuster un tour de taille avec des agrafes, elle avait vite passé deuxième puis première (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 20): 3. Mes cheveux (...) bouclent assez abondamment pour faire envie à bien des capitaines, voire à des sous-lieutenants. Par ailleurs, sans corset, j'ai soixante-quatre de tour de taille, et, quoique je sois petit, j'ai l'air d'être grand, à force de me tenir comme un piquet.
Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 17. b) P. méton. Partie du vêtement resserrée au niveau de la ceinture, et qui marque la taille. Une silhouette d'homme, efféminée, sanglée dans un pardessus à taille (Martin du G., Devenir, 1909, p. 64). ♦ Robe à taille courte, haute. Robe dont la taille est marquée sous la poitrine. Sa robe à taille haute selon la mode, la faisait paraître femme (Pourrat, Gaspard, 1925, p. 45). ♦ Robe à taille basse, longue. Robe dont la taille est marquée sur les hanches. Une petite fille de trois ans (...) vêtue (...) avec une robe à longue taille plissée (Jouy, Hermite, t. 2, 1812, p. 64). ♦ Robe sans taille. Robe dont la taille n'est pas marquée. Rarahu portait le costume de son pays, les tuniques libres et sans taille appelées « tapa » (Loti, Mariage, 1882, p. 131). REM. 1. Taille-assis, subst. fém. inv.,,Distance verticale mesurée entre le vertex et la surface supérieure d'un tabouret (de 30 à 40 cm de hauteur) sur lequel est assis le sujet`` (Méd. Biol. t. 4 1972). Synon. hauteur du buste. 2. Taillon, subst. masc.a) Arg. Taillon d'une épée. Synon. de taillant.Cette reine (...) qu'on venait d'arracher (...) aux morsures des piques et aux taillons des épées (D'Esparbès, Roi, 1901, p. 5).b) Région. Taillon de pain. Morceau, tranche de pain. [Des insurgés] trouvèrent cinq ou six moines qui déjeunaient en trempant de gros taillons de pain dans une poêlée d'œufs (Giono, Bonheur fou, 1957, p. 185).c) Hist. ,,Supplément ajouté à la taille en 1549 en remplacement des vivres et du logement que les habitants devaient aux troupes`` (Lep. 1948). Prononc. et Orth.: [tɑ:j], [taj]. Fouché Prononc. 1959, p. 59, suivi par Warn. 1968, ,,ordinairement avec un [a] bref quand il signifie la hauteur ou une partie du corps.`` Lar. Lang. fr. [ta-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) α) ca 1140 « estimation, évaluation » (Geffrei Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 6112: par taille);
β) 1160-74 « sorte d'impôt » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 2008); b) α) ca 1160 fig. (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave2, 8078: bien l'a Amors mise an sa taille);
β) ca 1188 « baguette fendue en deux au moyen de laquelle un commerçant et un client font le compte des articles achetés en portant à chaque achat une encoche sur les deux parties appliquées l'une contre l'autre » (Aimon de Varennes, Florimont, 4942 ds T.-L.); 2. a) α) Ca 1165 « ciselure » (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 1825);
β) 1621 « chacune des incisions faites avec le burin dans le cuivre, en gravure » (Binet, Essay des merveilles de nature, Rouen, R. de Beauvais et J. Osmont, p. 121); b) α) 1176 « coupe, manière dont on coupe les vêtements, les tissus » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 322);
β) ca 1298 pierre de taille, v. pierre; 1562 « opération dans laquelle on coupe aux arbres fruitiers des bourgeons ou des branches » (Du Pinet, trad. de l'Histoire naturelle de Pline d'apr. FEW t. 13, 1, p. 50a, déjà au sens de « déboisement, abattage » vers 1330, Guillaume de Digulleville, Pèlerinage vie hum., 9686 ds T.-L.); c) 1240-80 « tranchant de l'épée » (Baudouin de Condé, Dits et Contes, éd. A. Scheler, t. 1, p. 83, 113); d) 1268 la taille de la monoie (doc. ds Gdf. Compl.); e) av. 1526 mus. (J. Marot,
Œuvres, V, 118 ds Littré: Voyla com d'Alvian desiroit la bataille, Pensant en sa musique faire la contre et taille); f) 1636 chir. (Monet: taille pour le calcul, la pierre; déjà att. en 1603 au sens de « césarienne » ds Boutillier, Somme rurale, Paris, B. Macé, p. 548 d'apr. La Curne et comme subst. masc. taill « incision » en 1387-89, Gaston Phébus, Livre de la chasse, éd. G. Tilander, 40, 26); g) 1765 minér. (Encyclop.). B. 1. a) α) ca 1200 « stature » (Beuve de Hantone, I, 1409 ds T.-L.: Arondel, qui est de boine taille);
β) 1538 « longueur du corps humain, de la plante des pieds au sommet de la tête » (Est. d'apr. FEW t. 13, 1, p. 50b); 1611 il n'est pas de taille pour estre si mal traitté (Cotgr.); 1636 être de taille à (+ inf.) (Corneille, L'Illusion, II, 7, 539 ds
Œuvres, éd. Marty-Laveaux, t. 2, p. 461); b) ca 1306 « grandeur, grosseur et conformation du corps (par rapport aux vêtements) » (Guillaume Guiart, Royaux Lignages, éd. Wailly et Delisle, 17559: Armez de cotes a leurs tailles); c) α) 1677 « dimension d'un objet quelconque » (Sévigné, Lettre du 3 juil. ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 483);
β) 1957 de taille « très grand, très important » (Mathiot, Éduc. mén., p. 57); 2. a) 1657 [éd.] « corps humain depuis les épaules jusqu'aux hanches » (Scarron, Roman comique, Paris, G. de Luyne, 2epart., p. 175); b) 1718 [éd.] « partie plus ou moins resserrée du tronc entre les côtes et les hanches » (Fénelon, Dialogue des morts, Paris, Delaulne, t. 1, p. 35); c) 1839 « partie du vêtement qui se resserre au niveau de la ceinture » (Toepffer, Nouv. genev., p. 392: taille basse); d) 1842 « corsage d'une robe de femme » (Balzac, Albert Savarus ds La Comédie humaine, éd. P.-G. Castex, t. 1, p. 916); e) 1877 en taille (A. Daudet, Nabab, p. 238). Déverbal de tailler*. Taille « sorte d'impôt » dérive du sens de « baguette fendue en deux, dans laquelle on fait des incisions », v. Z. fr. Spr. Lit. t. 66, 1956, pp. 36-39. Au sens de « stature », taille est issu de (bien) taillié (d'une personne), v. taillé. Fréq. abs. littér.: 4 339. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 257, b) 8 716; xxes.: a) 7 470, b) 4 803. Bbg. Quem. DDL t. 27, 33. − Sculpt. 1978, t. 66, pp. 36-39. |