| TAF, subst. masc. Arg., pop. A. − Peur. Synon. pop., fam. frousse, pétoche.Elle pouvait râler, elle ne demanderait pas du secours au voisin. Et elle disait cela pour se rassurer, car à certaines heures, malgré son taf, elle gardait toujours son béguin épouvanté (Zola, Assommoir, 1877, p. 689).Avouez qu'vous avez seulement voulu nous flanquer l'taf? (Gyp, M. Fred, 1891, p. 138). − Avoir le taf (que). Synon. pop., fam. avoir la frousse, la pétoche, les foies (arg.), les jetons.Et puis, j'ai l'taf qu'on n'me crie: Assez ch...anté! (La Petite lune, 1878-79, no14, p. 8).− T'as le taf, Pépé? − Non, l'taf et les foies verts? railla-t-il (Carco, Jésus-la-Caille, 1914, p. 39).[Avec un compl.] Avoir (le) taf de qqc./qqn. T'as donc tafe de nozigues? (tu te méfies donc de nous?) (Balzac, Splend. et mis., 1847, p. 543).Au milieu de cette réussite à tout casser du Nabab, Daudet a le taf d'une volée. Il a fait le portrait d'un masseur (...) qui d'un soufflet tuerait mon joli ami (Goncourt, Journal, 1878, p. 1214). − (Être) pris de taf. Qu'est-ce qu'il a donc?... répétait Gervaise, prise de taf (Zola, Assommoir, 1877, p. 782).Pris d'un taf énorme de gamin qui a cassé une potiche, il n'insista pas: il fila (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, p. 189). B. − Part de butin. Synon. fade2.Chacun son taf: chacun sa part (Nouguier, Notes manuscr. Dict. Delesalle, 1900, p. 278).« Toi, t'as eu ton taf, va-t-en », propos [de distributions], 6eet 12einf. (Le Pépère, 1eroct. 1916, p. 2, col. 1 ds Esn. Poilu 1919, p. 503). − Loc. fig. Avoir son taf. Avoir son compte. Synon. en avoir son fade (v. fade2).Je commence à déconner (...). Maître comprend que j'ai mon taf (A. Sarrazin, La Cavale, 1965, p. 416).P. anal. On va en écraser et boire son taf de pinard (Esn.,Poilu1919,p. 503). C. − Loc. Prendre son taf. (Ds Le Breton 1960). Synon. (arg.) prendre son fade (v. fade2), prendre son pied*. REM. Taffeur, -euse, subst.,arg. Peureux, poltron. Synon. arg., pop. trouillard.Je n'ai pas taf, je ne suis pas un taffeur (...) mais il n'y a plus qu'à faire les lézards, ou autrement on nous la fera gambiller (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 181).Vous réussirez chouettement auprès des Parisiennes. −Vous croyez? − Pour cela, il ne faut pas être taffeur, il faut avoir du toupet (Avenel, Calicots, 1866, p. 133). Prononc.: [taf]. Balzac, loc. cit. régularise l'orthographe en tafe. Étymol. et Hist. I. 1821 « peur » (Ansiaume, Arg. bagne Brest, fo15 ro,448: Taf. Crainte [...] cette Fois j'ai eu le taf); 1828-29 (Vidocq, Mém., t. 1, p. 383: le taf). II. 1900 « part de butin » (Nouguier, op. cit., p. 22: avoir son taf, son fade: avoir sa part; Id., ibid., p. 278: Taf s. m. part de butin). I mot d'orig. prob. onomat., taf évoquant le bruit des fesses qui s'entrechoquent sous l'effet de la peur. Cf. 1605 La Response faite à maistre Guillaume in Le Soldat fr., ensemble M. Guillaume, p. 195 ds Quem. DDL t. 19: s'il ferait point tif et taf; 1640 Oudin Ital.-Fr., s.v. lape: le cul luy fait tif taf, il a peur; 1642 Oudin Fr.-Ital., s.v. fesse: les Fesses luy font taf taf (v. Esn. et FEW t. 13, p. 31). II orig. inc. (FEW t. 23, p. 127b). Fréq. abs. littér.: 11. |