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TACT, subst. masc.
A. − Sens du toucher.
1. Vieilli. Sens du toucher qui sert à apprécier la solidité, la fluidité, l'humidité, la sécheresse, la température des corps. Reconnaître qqc. au tact; avoir un tact sûr. En passant à un chaînon plus élevé, nous avons vu le sens du tact se développer davantage, et des mouvements plus étendus se manifester pour aller chercher à quelques distances et choisir la nourriture (Broussais, Phrénol., 1836, leçon 3, p. 62).Les corpuscules du tact, répandus sur toute sa surface [de la peau], sont sensibles à la pression, à la douleur, à la chaleur, et au froid. Ceux qui sont placés dans la muqueuse de la langue sont impressionnés par certaines qualités des aliments, et aussi par la température (Carrel, L'Homme, 1935, p. 76).
2. Mod., PHYSIOL. Aspect du sens du toucher qui permet d'apprécier les divers stimuli mécaniques qui s'exercent sur la peau et les muqueuses (contact, pression, traction, etc.). Le tact est l'une des modalités de la sensibilité cutanée. Les récepteurs du tact répondent d'une manière spécifique aux stimulations mécaniques (Thinès-Lemp.1975).
3. Vx, rare. Synon. de contact.La neige qui fondait au tact du rayon rose (Lamart., Jocelyn,1936, p. 637).
4. Spécialement
a) ESCR. Var. de tac1(v. ce mot II B). Quand il y a écart de l'épée après la parade, la riposte doit partir de suite, ce qui s'appelle riposter du tact au tact (Embry, Dict. d'escrime, 1859ds Petiot 1982).
b) ÉQUIT. ,,Le tact équestre consiste à choisir les aides déterminantes et les aides régulatrices, à répartir entre elles la part d'action, de résistance ou de passivité qui revient à chacune, et enfin à faire intervenir l'effort au point voulu et au moment voulu`` (Féd. fr. sports équestres, Manuel, 1969, ibid.).
B. − Au fig.
1. Faculté de juger rapidement et avec sûreté, au moyen de l'intuition, sur de simples indices. Avoir le tact de ce qu'il faut dire, faire; manquer de tact. Lesquelles gens, lorsqu'ils racontent quelque chose qu'ils ont vu, font preuve d'observation, ont le tact des nuances (Goncourt, Journal, 1860, p. 776).
Avoir le tact de + inf.Le comte Artoff s'est lié avec le duc, et, bien que Baccarat ait le tact de ne jamais accompagner son mari dans le monde, elle est reçue dans l'intimité à l'hôtel de Sallandrera (Ponson du Terr., Rocambole, t. 4, 1859, p. 315).J'espère que vous aurez le tact de me débarrasser bientôt de votre présence (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 119).
Tact littéraire, médical, poétique, politique. Que ne puis-je avoir eu (...) votre tact littéraire? (Lamart., Corresp., 1831, p. 146).
2. Appréciation intuitive, fine, mesurée et sûre en matière de convenances, de goûts, d'usages. Synon. décence, délicatesse, doigté, politesse, pudeur, savoir-vivre.Montrer, manifester, témoigner du tact; faire preuve de tact; agir avec tact; discours plein de tact; manque de tact; homme de tact; tact délicat, exquis, fin, infini, parfait; grand tact. La jeune fille blonde (...), désireuse sans doute de prévenir avec tact des questions qui lui eussent été désagréables (Proust, Fugit., 1922, p. 574):
Voilà pourquoi la morale n'est pas seulement un art, une question de tact et de délicatesse, une virtuosité de la conscience chez quelques privilégiés, une affaire de goût (...). C'est une science qui se développe d'âge en âge selon des lois, à mesure que s'établissent en fait et que sont reconnus par la réflexion les rapports réels et l'agencement des actions ordinairement solidaires. Blondel, Action, 1893, p. 284.
REM.
Tactum, subst. fam.a) Méd., peu us. ,,Nature d'une sensation, en tant que résultant de l'excitation d'un organe déterminé`` (Méd. Biol. t. 3 1972). b) Philos. Ce que l'on touche; la sensation tactile (...) considérée dans son contenu (Lal. 1968). Si je pense au tactum buccal qui correspond aux mots que je conçois, je l'imagine aussitôt (V. Egger,La Parole intérieure,1881,p. 78, ds Lal. 1968).
Prononc. et Orth.: [takt]. La prononc. a hésité quant aux cons. finales. Ac. 1740 et suiv.: ,,Le c est le t se prononcent.`` Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. [1376 « sens du toucher » (Modus et Ratio, éd. Blaze, fo25 vods Gdf. Compl.: est il homme qui ait le tact si soubtil comme l'areigne? [mais ds l'éd. G. Tilander, p. 60: le tast si soutil])], attest. isolée; à nouv. ca 1570 (A. Paré, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 1, p. 81b: le sentiment du tact); 2. 1903 pêche pêche de tact (Nouv. Lar. ill., s.v. pêche). B. 1. a) 1751 « jugement fin, sûr, en matière de convenances, d'usage du monde » (Ch. Duclos, Considérations sur les mœurs de ce siècle, p. 60: la politesse [...] exige un tact si fin, un sentiment si délicat sur les convenances); b) 1754 « faculté de juger rapidement » (Montesquieu, Corresp., p. 530: une grande finesse dans le tact); c) 1757 « appréciation intuitive de ce qu'il convient de dire ou de faire dans les relations humaines; délicatesse » (Diderot, Entretiens sur le fils naturel ds Œuvres esthét., éd. P. Vernière, p. 126: il y a un tact moral qui s'étend à tout, et que le méchant n'a point); 2. 1810 méd. tact médical (J. Capuron et P.-H. Nysten, Nouv. dict. de méd. ds FEW t. 13, p. 30a). Empr. au lat.tactus « action de toucher; sens du toucher », dér. de tangere « toucher » (cf. tangent, tangible). Fréq. abs. littér.: 756. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 290, b) 1 032; xxes.: a) 1 251, b) 808. Bbg. Quem. DDL t. 32, 34.