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* Dans l'article "TACITURNE,, adj."
TACITURNE, adj.
A. − Qui, par tempérament, parle peu; qui est laconique. Synon. morne1, silencieux; anton. babillard, bavard, communicatif, expansif.Âme, cœur, humeur taciturne; caractère, élève, enfant, montagnard, paysan taciturne; sombre et taciturne; triste et taciturne. Richelieu sentait en M. de Saint-Cyran, sous son air réservé et taciturne, un ressort secret de puissance dont il tenait à s'assurer (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 315).Le livre [American Note-Books de Hawthorne] est plein de petites phrases de ce genre, sans développements, sans bavardage, paroles d'un homme taciturne, rêveur, secret (Green, Journal, 1944, p. 160).
Empl. subst. Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne, Ô vase de tristesse, ô grande taciturne (Baudel., Fl. du Mal, 1857, p. 43).Celui-ci connaissait depuis l'enfance le trait distinctif de son cadet, cette froide retenue de parole sur tout ce qui le concernait; il dut renoncer à obtenir de ce taciturne le beau récit de bataille qu'on attendait à la Bourdette (Vogüé, Morts, 1899, p. 256).
B. − Qui, en certaines circonstances, refuse de parler, garde silence. Synon. muet, silencieux.Être taciturne; foule taciturne. L'accusateur public et l'un des juges du tribunal révolutionnaire restaient taciturnes, observaient avec attention les moindres mouvements de sa physionomie (Balzac, Réquisit., 1831, p. 145).On voyait qu'il eût apprécié le réconfort d'un sourire. Mais, sans nous être consultés, nous demeurions taciturnes et le visage fermé, et à la fin notre mutisme lui pesait certainement davantage que n'avait fait notre indignation le quart d'heure d'avant (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 268).
C. − Rare. Silencieux. Antre, ciel, colline, heure, maison, nuit, tombeau taciturne; arbres, lieux taciturnes. Le silence règne dans ces hôtels neufs, qui n'ont ni souvenirs ni passé et qui font songer à ces palais enchantés, déserts et taciturnes, entretenus par un génie invisible (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 257).La lune se mirait dans le lac taciturne, Pâle comme un grand lis, pleine de nonchaloirs (Moréas, Syrtes, 1884, p. 37).
REM.
Taciturnement, adv.,rare. D'une manière taciturne; sans parler. Synon. en silence.Muet comme une carpe et ivrogne comme le biscuit, il se remplissait taciturnement (Arnoux, Rossignol napol., 1937, p. 92).
Prononc. et Orth.: [tasityʀn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1485 « où il n'y a pas de bruit » voye taciturne (Mist. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, t. 1, p. 14, vers 344); cf. déb. xvies. silence taciturne (J. Lemaire de Belges, Le Temple d'honneur et de vertus ds Œuvres, éd. J. Stecher, t. 4, p. 218); b) id. « qui a le caractère du silence » nuict taciturne (Id., La Couronne margaritique, ibid., p. 43); cf. 1827 la nuit, taciturne, voilée (Baour-Lormian, Ossian, p. 4); 1859 « qui ne laisse rien exprimer » clôtures taciturnes (Fromentin, Sahel, 2eéd., 1893, p. 29); 2. a) 1530 « qui est de tempérament, d'humeur à parler peu » (Palsgr., p. 325); b) 1680 « propre à celui qui n'aime pas parler » humeur taciturne (Rich.). Empr. au lat. class.taciturnus « taciturne, silencieux » dér. de tacitus, v. tacite. Fréq. abs. littér.: 433. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 503, b) 658; xxes.: a) 777, b) 591. Bbg. Quem. DDL t. 3 (s.v. taciturnement).