| TACITE, adj. A. − Qui n'est pas formellement exprimé; qui est sous-entendu, convenu entre plusieurs personnes. Synon. implicite, inexprimé; anton. explicite, exprimé, formel, oral.Alliance, approbation, blâme, complicité, complot, contrat, convention, jugement, mépris, opposition, pacte, reproche, sentiment, serment tacite. Ils laissèrent le silence couler entre eux, sans effort, avec cette entente tacite de deux êtres qui se savent l'un et l'autre compris (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 468).Quelquefois même la règle tacite du jeu supporte que les états-majors s'épargnent mutuellement: comme les amants qui se comprennent à demi-mot ou comme les policiers qui ont partie liée clandestinement avec les malfaiteurs, les belligérants sont, quoique ennemis, liés par une manière de conjuration implicite sans que jamais personne ait expressément convenu de rien (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 170). ♦ D'un, en, par un accord tacite. Si quelque personne en dehors de ce monde d'élite faisait une visite, par un accord tacite, la conversation changeait aussitôt, les habitués ne disaient plus que des riens (Balzac, Curé vill., 1839, p. 47).Tout s'apaisait près d'elle en un tacite accord, Comme le bruit des pas s'étouffe dans la neige (Samain, Chariot, 1900, p. 79). − DROIT ♦ Tacite reconduction*. ♦ [P. oppos. à exprès, expresse] Acceptation, renonciation tacite. Un contrat entre deux parties est fait d'après des conditions expresses ou tacites: expresses, il n'y a pas de matière à discussion; tacites, elles sont sujettes à être interprétées (Chateaubr., Disc. et opin., 1826, p. 118). − Empl. subst. masc. Ah! les cow-boys du muet, les vampires du tacite, les max-linder du silencieux, les charlot de l'aphone, combien passionné fus-je de leur geste, épique en son genre, dirai-je (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 227). B. − Rare. Qui est silencieux. Et vienne un temps de nuit tacite, où les eaux plus denses descendent (Gide, Traité Narcisse, 1891, p. 7).Le frémissement de son temple tacite Conspire au spacieux silence d'un tel site (Valéry, Charmes, 1922, p. 123). Prononc. et Orth.: [tasit]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1286 a. gasc. permission expresse ou tacite (Les Etablissements de Rouen, 2, 82 ds R. Ling. rom. t. 20, p. 85); 1531 [éd.] une tacite convention (J. de Vignay, Mir. histor., IX, 104 ds Gdf. Compl.). Empr. au lat. class.tacitus « dont on en parle pas » et « qui ne parle pas » part. passé adj. de tacere « se taire; taire » (v. ce mot). Fréq. abs. littér.: 286. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 383, b) 254; xxes.: a) 388, b) 519. |