| TABOURET, subst. masc. A. − Siège pour une personne, généralement à quatre pieds, sans bras ni dossier. Synon. moins usuels escabeau (v. ce mot A), escabelle, placet2.Je n'ai jamais su m'asseoir dans un fauteuil (...). J'y suis tout raide. Ce qu'il me faut, c'est une chaise, ou un bon tabouret. Plutôt la chaise; pour les reins; le tabouret quand j'étais jeune (Péguy, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 670).Les tables de pitchpin jaune et ciré, les tabourets bien rangés sous les tables (Guéhenno, Journal « Révol. », 1937, p. 19). SYNT. Tabouret bas, carré, cylindrique, haut, rond, rustique; petit tabouret; tabouret à trois, quatre pieds; tabouret de/en (+ subst. désignant la nature du siège ou de ce qui le recouvre) bois, cuir, paille, plastique, tapisserie, velours; tabouret de dessinateur; tabouret de cuisine; s'asseoir, grimper, être juché, monter, se percher sur un tabouret; se lever d'un tabouret. ♦ Tabouret (de bar). Tabouret haut permettant aux consommateurs d'être au niveau du comptoir. Gomez s'assit sur un tabouret de bar. Il connaissait un peu le barman. − Un double scotch, dit-il en français (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 31).Le bar romain, plein le soir (...) rempli de femmes peintes juchées sur les hauts tabourets (Butor, Modif., 1957, p. 63).V. juc rem. s.v. juchoir ex. de Claudel. ♦ Tabouret (de piano). Tabouret à hauteur réglable pour que le pianiste soit à la bonne hauteur par rapport au clavier. Le soir, j'ai quand même les reins tirés, d'être assise sur le tabouret de piano (Colette, Music-hall, 1913, p. 148).Assise sur le haut tabouret d'ébène, face au large piano ouvert, les mains immobiles effleurant les touches (...) Émilie posait (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 108). ♦ Vx. Tabouret électrique. ,,Planche carrée portée sur quatre petites colonnes de verre, dont on se sert pour isoler les personnes et les objets qu'on veut électriser`` (Bouillet 1859; dict. xixeet xxes.). − HIST. DES INSTIT. ♦ Petit siège sur lequel les condamnés à une peine infamante étaient exposés en public. Quand on l'a exposé au tabouret (j'étais bien jeune alors), sa physionomie m'a frappée, et je disais à mon père: « Quel dommage qu'un si beau jeune homme soit un voleur! » ([L'Héritier],Suppl. Mém. Vidocq, t. 1,1830,p. 81). ♦ Tabouret ou petit siège pliant sur lequel certaines dames nobles avaient le privilège de pouvoir s'asseoir en présence du roi ou de la reine. Distinction, privilège du tabouret; dame d'honneur, duchesse à tabouret; avoir, demander un tabouret à la Cour. L'âme du marquis ne pouvait s'accoutumer à renoncer à l'espoir du tabouret pour sa fille (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 438).La Prieure: N'allez pas croire que ce fauteuil soit un privilège de ma charge, comme le tabouret des duchesses! (Bernanos, Dialog. Carm., 1948, 2etabl., 1, p. 1581). − P. anal. Tabouret (de pied(s)). Petit meuble d'appui où reposer les pieds quand on est assis. Synon. marchepied (v. ce mot I A 1).Un grand fauteuil ducal et un petit tabouret de pied (Meilhac, Halévy, Gde-duchesse de Gérolstein, 1867, II, 4, p. 240).Son tabouret sous les pieds, son tricot dans les mains, elle s'absorbait, immobile (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1217). B. − BOT. [N. usuel du thlaspi] Synon. bourse-à-pasteur, bourse de berger (v. bourse1III B rem.).Les Tabourets (Thlaspi) au fruit à valves ailées (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 364).La plantule du tabouret des champs (...) a des feuilles vert clair, disposées en rosette, et des cotylédons elliptiques (Lar. agric.1981). C. − Arg. Dent; en partic., molaire. Synon. arg. domino2.Il faillit tomber dans les pommes (...). Ses tabourets s'incrustèrent plus profondément dans sa lèvre (Le Breton, Rififi, 1953, p. 232). Prononc. et Orth.: [tabuʀ
ε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1422 « sorte de pelote en forme de tambour sur laquelle les femmes piquaient épingles et aiguilles » (Let. remiss., in Reg., 176, ch. 239 ds Du Cange, s.v. taborellus); b) 1606 bot. (Nicot); 2. 1525 « siège pour une personne, à trois ou quatre pieds, sans bras ni dossier » deux chaizes et deux tabourets (Comptes de Louise de Savoie ds Havard 1890); en partic. 1869 un tabouret de piano (Pailleron, Monde où l'on s'ennuie, II, 7, p. 117); 1903 un tabouret de bar (Willy, Claudine s'en va, p. 124 ds Quem. DDL t. 16 [1872 (Verlaine, Corresp., t. 1, p. 61: un comptoir d'acajou avec tablette de zinc, le long duquel, soit debout, soit perchés sur de très hauts tabourets très étroits, boivent, fument...)]); 3. 1673-76 « privilège qu'avaient certaines dames nobles de s'asseoir sur un tabouret pendant le souper du roi ou au cercle de la reine » faire donner le tabouret (Cardinal de Retz, Mém., éd. A. Feuillet, t. 2, p. 540); d'où av. 1755 « noble à qui ce privilège avait été accordé » ducs, duchesses et autres tabourets (Saint Simon, Mém., éd. A. de Boislisle, t. 3, p. 275); 4. 1785 « petit meuble bas sur lequel on pose les pieds quand on est assis » (Diderot, Neveu de Rameau, éd. J. Fabre, p. 104); 5. 1818 « sorte de sellette sur laquelle étaient exposés publiquement ceux qui étaient condamnés à une peine infamante » on l'a exposé au tabouret (Témoignage ds [L'Héritier], loc. cit.). Dér. de tabour, forme anc. de tambour*; suff. -et*. Fréq. abs. littér.: 422. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 229, b) 849; xxes.: a) 657, b) 748. Bbg. Barbier (P.). Nouv. ét. de lexicol. fr. Rom. Philol. 1950-51, t. 4, p. 257. − Dufrenoy (M.-L.). Le Robert et le vocab. exotique. In: Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 13. 1971. Québec, 1976, t. 2, pp. 33-34. − Quem. DDL t. 33. |