| TABELLION, subst. masc. A. − HISTOIRE 1. ANTIQ. ROMAINE. Officier public chargé de la rédaction des contrats et des actes publics. Il existait dans l'Orient grec, et surtout en Égypte, des notaires publics, qui pouvaient rédiger les contrats. Il est probable que c'est à leur imitation que se constitua dans l'Empire la classe des tabellions qu'on trouve à l'époque d'Ulpien avec un caractère officiel (Lavedan1964). 2. [Au Moy. Âge] Officier public faisant office de notaire dans les juridictions subalternes. Il est certain qu'un tabellion d'Andelot (...) requis par messire Jean de Torcenay, bailli de Chaumont (...) se transporta à Domremy (A. France, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 239).V. scelleur dér. s.v. sceller ex. 3. [Sous l'Ancien Régime] Fonctionnaire chargé de mettre en grosse les actes dont les minutes étaient dressées par les notaires. Les tabellions étaient à l'origine distincts des notaires: ils gardaient les minutes et délivraient des expéditions des actes que rédigeaient les notaires (MarionInstit.1923). B. − Fam., plais., parfois péj. Notaire. À propos, j'ai fait tout ce voyage accosté d'un brave notaire de province qui a son officine dans je ne sais plus quelle petite ville du midi (...). Aucune conversation possible, bien entendu. Ce digne tabellion sent le papier timbré comme le lapin de clapier sent le chou (Hugo, Rhin, 1842, p. 350).Ces pièces de monnaie ne faisaient que passer entre leurs mains, et s'en allaient tout de suite chez le notaire! Ils les alignaient au bord de la table, sous le regard indifférent du tabellion, qui leur griffonnait une quittance sur un bout de papier (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 29). Prononc. et Orth.: [tabεljɔ
̃], [-be-]. Martinet-Walter 1973 [ε], [e] (11, 6). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1265 « officier public faisant fonction de notaire dans les juridictions subalternes » (Brunet Latin, Trésor, éd. F.-J. Carmody, III, 79, p. 400); b) 1615 « officier qui délivrait les grosses des actes reçus en minute par les notaires » (E. Pasquier, Recherches de la France, 349 ds IGLF) - 1694 (Ac.: ce mot n'est guere en usage qu'en certaines Provinces); 2. 1842 p. plaisant. « notaire » (Hugo, loc. cit.). Empr. au lat. de l'époque impérialetabellio « notaire », dér. du lat. tabella « tablette ». Fréq. abs. littér.: 61. DÉR. Tabellionage, subst. masc.Charge, office de tabellion. C'est justement dans ce temps-là que mon mari a acheté le tabellionage de Beru, à deux lieues de la ville, et nous ne nous sommes plus occupés de cette histoire (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 256).[Au Moy. Âge] Droit de tabellionage. ,,Droit de certains seigneurs à l'institution de tabellions dans leur ressort`` (Lep. 1948). − [tabεljɔna:ʒ], [-be-]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1resattest. a) 1331 « acte notarié » (Actes Normands, 19 ds IGLF), b) 1337 « office de tabellion » (A.N. JJ 70, fo180 rods Gdf. Compl.), 1611 droict de tabellionnage (Cotgr.); de tabellion, suff. -age*. |