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|     SÛREMENT, adv. A. − D'une manière qui préserve des risques, en toute sécurité. Anton. dangereusement.À Malte on m'a donné jusqu'ici une superbe frégate anglaise pour escorte; sans cela nous étions dans l'impossibilité de traverser sûrement l'Archipel (Lamart., Corresp., 1832, p. 294).La psychologie moderne (...) ne sait peut-être plus très bien où elle va, mais elle va sûrement (Hist. sc., 1957, p. 1668). − Empl. prédicatif, vx. Nous resterons à Athènes quelques jours: on y est fort sûrement et fort bien, hélas! Parce que c'est le seul pays où les Turcs soient encore et maintiennent ordre et sécurité (Lamart., Corresp., 1832, p. 296). B. − D'une manière incontestable. 1. [Dans un énoncé rapportant un événement, une situation] D'une manière telle que ce qu'exprime l'énoncé ne saura manquer d'arriver et/ou de produire son résultat (dans le présent, le passé ou le futur). Synon. assurément, à coup sûr. a) [Après le verbe] Nous nous usions lentement mais sûrement (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 217).Ils me reconnaîtront sûrement, malgré mes cheveux noirs, ma minceur et mes atours! (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 345). b) [Entre l'auxil. et le verbe] J'essayai de gagner son esprit, d'avoir sa vanité pour moi; afin d'être sûrement aimé, je lui donnai mille raisons de mieux s'aimer elle-même (Balzac, Peau chagr., 1831, p. 121). 2. [Dans un énoncé ou un syntagme rapportant un fait indiscutable] D'une manière qui ne fait pas de doute. Synon. certainement.Henri: Et vous croyez que votre voyageur reviendra un jour à sa petite maison vide? Herminie: Aussi sûrement que l'hirondelle revient à son nid (Dumas père, L. Bernard, 1843, I, 2, p. 203).Il a fallu choisir, dans les développements si touffus de l'astronomie stellaire contemporaine, les faits les plus sûrement établis, et ceux qui se prêtaient le mieux à un exposé simple et cohérent (Danjon, Cosmogr., 1948, p. 8). C. − [Marque que le locuteur tient pour certain que ce que rapporte l'énoncé a une existence ou une réalisation (passée, présente ou future)] Synon. assurément, certainement. 1. [En tête d'énoncé] Octave répondit qu'il recevrait peu de visites; mais que sûrement il ne recevrait jamais de femmes chez lui (Murger, Scènes vie jeun., 1851, p. 115).Comment! Aimée se marie, et ça ne produit pas plus d'effet à MlleSergent? Sûrement, il y a là-dessous quelque chose que j'ignore! (Colette, Cl. école, 1900, p. 86). − Sûrement que + prop.J'aurais bien pu aller sonner. Sûrement qu'elle m'aurait ouvert (Céline, Voyage, 1932, p. 569). 2. [Dans le syntagme verbal] J'avais l'air sûrement bien triste, car elle m'a tendu la main avec bonté (Krüdener, Valérie, 1803, p. 33).Il ne pouvait fixer la date exacte de son retour. Ce ne sera sûrement pas après le 20 décembre (Mauriac, Th. Desqueyroux, 1927, p. 267). 3. [En fin d'énoncé] C'est en batiste sûrement? Nos messieurs n'en portent pas d'autres (Leclercq,Prov. dram., Mariage manqué,1835,3, p. 67).− (...) Êtes-vous encore capable de me rendre service? N'êtes-vous pas ivre? − Si vous continuez, je le serai sûrement (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1552). Prononc. et Orth.: [syʀmɑ
̃]. Ac. 1694, 1718: seurement; dep. 1740: sûre-. Étymol. et Hist. 1. 1100 soürement « en sécurité, en toute assurance » (Roland, éd. J. Bédier, 790); 2. 1170-83 « assurément, à coup sûr » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 3693: « − Hubert, » dist il, « os le jeo dire? − Oïl, » dist il, « seürement, venez avant hardiement »); 3. 1404, 15 déc. « d'une manière certaine » (Exéc. test. de Jehan Tallart, dit Godet, A. Tournai ds Gdf. Compl.); 4. 1736 s'emploie dans une réponse avec valeur d'un oui accentué (Ph. Destouches, Le Dissipateur, p. 110); 5. 1782 sûrement que (P. de Laclos, Liaisons dangereuses, p. 278: au reste, sûrement que monsieur le sait bien?). Dér. de sûr*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 2 435. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 978, b) 1 111; xxes.: a) 3 025, b) 6 253. Bbg. Hansén (I.). Les Adv. prédicatifs fr. en -ment... Göteborg, 1982, pp. 68-72. − Quem. DDL t. 32. |
