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SÉRIEUSEMENT, adv.
A. − [Corresp. à sérieux I A] Avec gravité; avec soin et réflexion. Apprendre, écouter, étudier, parler, travailler sérieusement. On discute sérieusement si le morceau qui reste à faire [à la cathédrale de Beauvais] sera refait dans le style du reste ou dans celui du treizième siècle (Delacroix, Journal, 1850, p. 345).Le point où se trouve un Charlus par rapport au désir fait naître autour de lui les scandales, le force à prendre la vie sérieusement, à mettre des émotions dans le plaisir (Proust, Temps retr., 1922, p. 831).
B. − [Corresp. à sérieux I C] Sans rire; sans plaisanter. Dardand: (...) j'en veux (...) j'en veux quarante mille paires! [de gants]. Pontbichet: Voyons, monsieur, parlez-vous sérieusement? (Labiche, J. Homme pressé, 1848, 4, p. 347).
− P. ell. Sérieusement, personne ne t'a appris à donner un baiser? (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 297).
C. − [Corresp. à sérieux I B] Réellement, effectivement. Croire, penser sérieusement que. Cet homme si railleur au sujet des femmes, qui avait tant joui, qui ne semblait pouvoir aimer que leur derrière, s'avise d'être amoureux sérieusement d'une vieille fille qui avait un enfant (Michelet, Mémor., 1822, p. 195).
D. − [Corresp. à sérieux I D] Fortement, gravement. Être sérieusement alarmé, ébranlé, ému, éprouvé, inquiet, atteint, malade. Sur le palier, il déclara [le major] à Henriette qu'il n'osait répondre de rien. Le poumon était touché sérieusement (Zola, Débâcle, 1892, p. 623).Si je tombe sérieusement malade, je ne serai plus en état de faire la moindre bonne action (Duhamel, Journal Salav., 1927, p. 63).
Prononc. et Orth.: [seʀjøzmɑ ̃]. Ac. 1694, 1718: serieusement; dep. 1740: sé-. Étymol. et Hist. 1. 1380 (Roques t. 2, I, 11196: seriose: serieusement); 2. 1580 « d'une manière grave, sérieuse » (Montaigne, Essais, I, LVI, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 323: [si] nous appelons Dieu à nostre commerce et société, il faut que ce soit serieusement et religieusement); 3. 1588 « sans plaisanter » (Id., ibid., III, V, p. 876: ce que j'auray pris à dire en battellant [...], je le diray lendemain serieusement); 4. ca 1590 « avec application » (Id., ibid., II, XII, p. 446: un dogme serieusement digeré); 5. id. « réellement, véritablement » (Id., ibid., I, XX, p. 82); 6. 1656-57 « d'une manière préjudiciable, douloureuse » (Pascal, Provinciales, V ds Œuvres, éd. J. Chevalier, p. 707: Voilà comment il me parla et avec beaucoup de douleur; car il s'afflige serieusement de tous ces désordres). Dér. de sérieux*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 1 935. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 810, b) 3 842; xxes.: a) 2 226, b) 2 433.