| SÉRAPHIQUE, adj. A. − RELIG. JUDÉO-CHRÉT. Qui est propre au séraphin, qui a trait au séraphin. Ardeur, extase, zèle séraphique. Les chœurs superposés des Anges et l'organisation de cette prodigieuse cité des esprits, cette grappe innombrable de lampes tout entière suspendue à la Flamme séraphique (Claudel, Fig. et parab., 1936, p. 114). B. − HIST. RELIG. 1. Subst. masc. Le Séraphique. [Surnom donné à saint François d'Assise] Ces Bienheureux qui furent les premiers compagnons du Séraphique, dont les mains pleines de fleurs ont parfumé l'Occident (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 91). 2. [P. réf. à saint François d'Assise] ♦ Docteur séraphique. Saint Bonaventure, théologien franciscain aux écrits mystiques. Malheureusement pour ses disciples, le séraphique docteur s'éleva trop tôt, et par une voie trop courte, à ces sommités mystérieuses qu'il avait signalées d'en bas (Ozanam, Philos. Dante, 1838, p. 47).V. angélique1ex. 5. ♦ Ordre séraphique. Ordre des franciscains fondé par saint François. Cette abnégation totale des biens terrestres, qui a mérité pendant tant de siècles à l'ordre séraphique l'éclatante protection de Dieu et la tendre admiration de l'univers chrétien (Montalembert, Ste Élisabeth, 1836, p. 200). ♦ Vision séraphique. Extase de saint François au cours de laquelle il reçut les stigmates d'un séraphin crucifié. (Dict. xixeet xxes.). C. − P. anal. Qui rappelle les séraphins ou un attribut des séraphins. Synon. angélique1.Air, aspect, beauté, bonté, chant, voix séraphique; âme, ardeur séraphique; enfant, femme séraphique. Mon amour, séraphique en sa présence, devenait loin d'elle mordant et altéré comme un fer rouge (Balzac,Lys,1836,p. 109).− (...) Cette toile... − Eh bien ? − C'est séraphique, dit-il avec extase. Nous autres, Américains, nous voulons de la peinture pour gens heureux (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 27). Prononc. et Orth.: [seʀafik]. Ac. 1694, 1718: se-; dep. 1740: sé-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1460 « propre aux séraphins » (G. Chastellain, Douze dames de rhétorique ds
Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 7, p. 171: l'ordre séraphique [des anges]); 2. ca 1460 « qui évoque les séraphins » (Id., Épistre à Jehan Castel, ibid., t. 6, p. 141: regard séraphique); 3. a) 1527 épithète donnée à saint François d'Assise (F. Dassy, Le Peregrin, f o1 r o: le temple du seraphique sainct François); b) 1631 docteur séraphique, saint Bonaventure (L. Quinet, La prudente conduite des prélats et supérieurs [...] du Docteur séraphique S. Bonaventure ds Cioranescu 17e); c) 1718 ordre séraphique (Ac.); d) 1842 vision séraphique (Ac. Compl.). Empr. au lat. médiév.seraphicus, dér. de Seraphim « séraphins ». Fréq. abs. littér.: 99. DÉR. 1. Séraphiser, verbe intrans.,rare et littér. [Corresp. à supra B] Être séraphique. On devrait inventer un mot comme marivauder pour saint François de Sales, mais un mot sans blâme et sans injure: je dirai de lui qu'il séraphise (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 10, 1854, p. 33).Empl. pronom. réfl. Devenir séraphique. [La cathédrale] se spiritualisait, se faisait tout âme, toute prière (...) légère et gracile, presque impondérable, elle était l'expression la plus magnifique de la beauté qui s'évade de sa gangue terrestre, de la beauté qui se séraphise (Huysmans, Cathédr., 1898, p. 163).− [seʀafize]. − 1resattest. a) 1587 trans. « assimiler aux séraphins » (Cholières, 1reApresdisnee, p. 48 ds Hug.) rare avant le xixes.: 1803 « consacrer; élever au ciel; mettre au rang des bienheureux » (Boiste), 1895 (Huysmans, En route, p. 116: une tendresse séraphisée de sons), b) 1845 pronom. (Besch.), 1898 (Huysmans, op. cit., p. 66), c) 1854 intrans. (Sainte-Beuve, loc. cit.); de séraph(in)*, suff. -iser*. 2. Séraphisme, subst. masc.,rare et littér. Caractère séraphique d'une personne, d'une œuvre. Séraphisme de saint François d'Assise. Si l'on pouvait discerner et ôter ce qui est du pur écrivain en verve (...), combien n'aurait-on pas à rabattre peut-être du scepticisme de Montaigne, de l'absolutisme de de Maistre, du séraphisme de saint François de Sales, et du jansénisme de saint Augustin! (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 92).− [seʀafism̭]. − 1reattest. 1837 (Id., Corresp., t. 2, p. 195: séraphisme de saint François de Sales); de séraph(in)*, suff. -isme*. BBG. − Henschel (B.). Qq. dat. nouv. du xviiies. Fr. mod. 1969, t. 37, p. 130. − t. 14. |