| SÉLECTIONNER, verbe trans. Faire une sélection. A. − Choisir, retenir au sein d'un ensemble, ceux de ses éléments possédant des caractéristiques déterminées. Sélectionner des élèves, des candidats; sélectionner des graines, des semences. Après quinze jours, nous avions rédigé deux mille fiches, et sélectionné, classé, formé des équipes prêtes à partir, lorsqu'on est venu nous aviser que « l'on » n'accepterait aucun de nos hommes (Gide,Corresp.[avec Valéry], 1914, p. 441).La sélection du réel − Il existe donc, même si chacun des éléments qui entrent dans le tableau reste conforme à la réalité où il a été trié, de véritables systèmes d'images. En dehors de l'interprétation qui peut s'y ajouter, la manière dont les objets ont été sélectionnés, répétés, groupés, répond à des habitudes, à des obsessions révélatrices (Huyghe,Dialog. avec visible, 1955, p. 251).P. anal. [En parlant d'une machine] La tabulatrice peut sélectionner et répertorier l'information contenue dans les cartes (Berkeley,Cerveaux géants, 1957, p. 59). ♦ Absol. Il lui faudrait apprendre en plus (...) à (...) Regarder l'image (...) Et, à partir des informations, choisir et se situer, critiquer et sélectionner (B. Schwartz,Réflex. prospectives, 1969, p. 13). − Spécialement ♦ PHOT. [Le suj. désigne un filtre] Retenir les radiations de la couleur fondamentale complémentaire. Si l'on désire accentuer sur l'épreuve positive les valeurs d'une fleur rouge de géranium, on utilisera un filtre vert. On dit alors que (...) le filtre vert sélectionne le rouge et, d'une manière générale, qu'un filtre d'une densité suffisante sélectionne les radiations complémentaires (Prinet,Phot., 1945, p. 68). ♦ SPORTS. Choisir les sportifs destinés à représenter une collectivité lors d'une compétition. Sélectionner des joueurs pour former l'équipe de France (Bénac1956). B. − BIOLOGIE 1. Intervenir sur une race, une espèce, une variété animale ou végétale par la sélection artificielle. Je les poussai, une fois en possession d'une bête de race, reconnue bonne reproductrice et bonne laitière, à essayer à leur tour de la sélection; à suivre les produits, mâles et femelles; à trier parmi ceux-là l'étalon futur, et celles-ci, les mères. On est toujours plus sûr de ce qui naît chez vous; on en sait défauts et qualités: où il est urgent de remédier, où il est opportun de fixer. Si une race est longue et difficile à sélectionner, elle l'est autant à maintenir (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p. 243). 2. [Le suj. désigne un facteur échappant à la volonté hum.] Opérer, par voie de sélection naturelle, un tri assurant la survivance des mieux adaptés à un certain milieu, au détriment des autres. Par le moyen brutal de l'étouffement, la nature a sélectionné les individus, ne conservant que ceux-là seuls susceptibles de durer, de donner le bois le plus sain et le plus dense (...), enfin, surtout, aptes à produire les germes les plus robustes, semence des futaies futures (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p. 21). Prononc.: [selεksjɔne], [-le-], (il) sélectionne [-sjɔn]. Étymol. et Hist. 1. a) 1866 (C. Royer ds Bonn., p. 126: Dans l'Avant-Propos − p. 12 − de sa traduction de Darwin, éd. 1866, Clémence Royer déclare que si elle s'est décidée à employer le mot « sélection », adopté presque partout, elle n'ose pas « introduire dans notre langue... le verbe sélectionner », qu'elle craint pourtant de voir un jour passer dans l'usage); 1895 part. passé adj. oiseaux [...] sélectionnés soigneusement (Almanach Hachette pour 1896, p. 378 ds Quem. DDL à paraître); 1905 trans. (Voitellier, Avicult., p. 207, ibid.); b) 1912 subst. les sélectionnés « ceux qui ont été retenus après une sélection » (Le Sport à l'université, v. sélectionné part. passé et adj.); 2. 1924 empl. abs. (Montherlant ds Lar. Lang. fr.); 1928 (Pesquidoux, op. cit., p. 28). Dér. de sélection* (dés. -er) qui traduit l'angl. to select (1567 ds NED, d'où 1859, Darwin, op. cit. s.v. sélection, Introd. 5 ds NED). Fréq. abs. littér.: 56. Bbg. Bonn. 1920, p. 126. − Dub. Dér. 1962, p. 56. |