| SÉDIMENT, subst. masc. A. − Dépôt qui se forme par la précipitation des matières en suspension ou dissoutes dans un liquide. On fait cuire cette racine [de dentelaire] dans l'huile d'olives, et après l'avoir fortement exprimé, on ramasse le marc ou sédiment qui se dépose (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 438).Au bout de ce temps, on le précipite [le suc d'érable] dans un troisième bassin, prenant soin de ne pas remuer le sédiment tombé au fond de la liqueur (Chateaubr., Voy. Amér. et Ital., t. 1, 1827, p. 175). − MÉD. Dépôt formé par des matières dissoutes ou en suspension dans un liquide organique. Urines jaunes, mêmes rouges et quelquefois noirâtres, qui sont troubles et déposent un sédiment couleur de briques [dans la jaunisse] (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 197).Les œufs devront être recherchés dans les matières fécales, les crachats et les sédiments urinaires (Brumpt, Parasitol., 1910, p. 314). B. − GÉOL. Accumulation d'éléments provenant de la désagrégation, de la dissolution de roches préexistantes, transportés et déposés par les eaux, le vent, ou de matières d'origine organique. Mode de formation des sédiments; consolidation, cristallisation des sédiments; types de sédiments. Les chaînes de montagnes ont été formées aux dépens des 10 à 15 000 mètres de sédiments de faible profondeur accumulés dans les gouttières de subsidence, appelées géosynclinaux (Furonds R. gén. sc., t. 63, 1956, p. 39).Le fond des grands bassins océaniques est recouvert de sédiments minéraux à grains fins, ayant pour origine les sels insolubles élaborés par les organismes planctoniques pour la constitution de leur squelette externe (Géophys., 1971, p. 815 [Encyclop. de la Pléiade]). ♦ Sédiment + déterm. indiquant l'orig. ou le milieu de dépôt.Sédiment (d'origine) biologique, chimique; sédiment (d'origine) fluviatile, lacustre, lagunaire; sédiment continental, côtier, littoral, marin, glaciaire, terrigène. La craie phosphatée est un sédiment franchement détritique, par ses éléments phosphatés, et pélagique, par sa gangue (Cayeux, Causes anc. et act. géol., 1941, p. 14).Tous les sédiments ne se déposèrent pas dans les eaux. Il y a des sédiments terrestres, éoliens par exemple, des déserts figés depuis les époques géologiques (Combaluzier, Introd. géol., 1961, p. 97). ♦ Sédiment + détermin. indiquant son aspect, un composant essentiel.Sédiment cohérent, compact, meuble, plastique, à grains fins; sédiment calcaire, carboné, carbonaté, phosphaté, siliceux. Les sédiments argileux et charbonneux, par exemple, [diminuent] beaucoup plus de volume en se tassant pour devenir des roches que les sables et les calcaires (Géol.,t. 2, 1973, p. 500 [Encyclop. de la Pléiade]). − P. métaph. Dépouillé de son sédiment de charbon, Carl, vraiment n'était pas plus laid qu'un autre (Verne, 500 millions, 1879, p. 84).Cette lumière filtrée, glauque et d'un jaune doux (...) noyait d'une nappe uniformément chaude les régions inférieures de la salle, qui paraissait comblée d'un sédiment lumineux, compact et transparent (Gracq, Argol, 1938, p. 28). C. − P. anal. ou au fig. 1. Élément impur. Synon. lie.C'est le rendez-vous monstrueux Des gens perdus, sans pain ni places, Du sédiment des populaces (Pommier, Paris, 1866, p. 408).À peine entrés dans le local surchauffé, ils [des miséreux] pissaient sous eux d'épuisement. Ils dégoulinaient. C'était la mistoufle. Un sédiment. De la substance humaine floconneuse en suspension (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 68). 2. Ce qui s'accumule peu à peu, ce qui subsiste, surcharge; traces que laissent une expérience, des événements. L'esprit des femmes est ainsi fait des sédiments successifs apportés par les hommes qui les ont aimées (Maurois, Climats, 1928, p. 25).On ne saurait plus être un critique à mon âge parce que les grandes œuvres ne nous apparaissent plus telles qu'elles sont. Nous ne pouvons plus les dégager des sédiments qu'y dépose notre vie à mesure qu'elle se retire (Mauriac, Mém. intér., 1959, p. 44). − Sédiment + déterm.Synon. accumulation, amas.Cette feuille stupide [un journal], sédiment de bêtise et de servilité (Barb. d'Aurev., Memor. 1, 1836, p. 36).La maladie a été trop longue pour que les parents ne portent au fond d'eux-mêmes un sédiment d'anxiété (La Varende, Saint-Simon, 1955, p. 373). REM. Sédimenteux, -euse, adj.a) Vx. Synon. de sédimentaire.Les rares empreintes végétales qu'on rencontre dans les couches sédimenteuses des terrains de transition (Ad. Brongniart, Graines foss., 1876, p. 4).b) Méd. Qui renferme un sédiment. Lorsqu'après une inflammation au foie, (...) les urines sont troubles et sédimenteuses, (...) la peau prend une teinte jaune (...), ce sont autant de preuves que l'inflammation dégénère en abcès (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 268). Prononc. et Orth.: [sedimɑ
̃]. Ac. 1694, 1718: sediment, dep. 1740: sé-. Étymol. et Hist. 1. 1564 méd. « parties solides que laisse déposer l'urine » (A. Paré, XV, 52, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 2, p. 499); 2. 1611 « dépôt produit par la précipitation des matières dissoutes dans un liquide » (Cotgr.); 3. 1715 géol. (C.r. ds Journal des savants, 23 d'apr. R. Arveiller ds Fr. mod. t. 33, p. 229). Empr. au lat.sedimentum « tassement »; « fond, sédiment », dér. de sedere « être assis; séjourner; demeurer fixé ». Fréq. abs. littér.: 30. Bbg. Gohin 1903, p. 363. |