| SYNDICALISME, subst. masc. SOCIO-POLITIQUE A. − Mouvement qui a pour objet d'organiser, de grouper certaines catégories professionnelles (ouvriers notamment), certaines classes sociales, en vue d'étudier et de défendre leurs intérêts (salaires, conditions de travail, etc.); doctrine sociale et politique issue de ce mouvement, visant à la transformation des institutions politiques, des structures sociales existantes. Syndicalisme ouvrier, enseignant. Pour parvenir à ce régime économique, une révolution politique est donc nécessaire. La tâche du syndicalisme est de la préparer, en rognant sur les pouvoirs adverses, en donnant aux masses conscience de l'exploitation qu'elles subissent, des forces dont elles disposent et des solutions souhaitables (Reynaud, Syndic. en Fr., 1963, p. 277): Où est donc à mes yeux la lutte de classes, sinon dans ce mouvement de pensée qui remonte du travail, et qui change continuellement les mœurs et les religions? Mais cela ne signifie pas qu'un ouvrier pense juste en toutes choses; cela signifie qu'il pense juste autant qu'il pense les conditions de son travail; et cette remarque peut servir à distinguer le syndicalisme, chose neuve et créatrice, de tous les genres de socialisme et de communisme, qui sont, je le crains, des pensées bourgeoises, ou, si l'on veut, logiques, c'est-à-dire des pensées nées de pensées.
Alain, Propos, 1932, p. 1079. ♦ Syndicalisme d'industrie, de métier. Le syndicalisme de métier, qui apparut le premier, unit en un même syndicat tous ceux qui exercent une même spécialité professionnelle, dans quelque entreprise qu'ils travaillent. (...) Les non-qualifiés commencèrent en Angleterre, à partir de 1875, à se syndiquer, mais dans un syndicalisme d'industrie, c'est-à-dire groupant dans un même syndicat, et quelle que soit leur spécialité, les travailleurs d'une même entreprise, puis d'une même branche industrielle (Romeuft. 21958). ♦ Syndicalisme de collaboration, de contrôle. ,,Forme du syndicalisme (...) où les syndicats ouvriers ne mettent nullement en cause les principes du régime économique en place, mais essayent d'obtenir tous les avantages possibles pour leurs membres`` (Suavet 1963). Le syndicalisme de « collaboration » (du type américain ou scandinave) obéit à un principe-clé: c'est de ne jamais mettre en question le système de l'entreprise patronale fondé sur la propriété privée du capital (Traité sociol., 1967, p. 484). ♦ Syndicalisme de contestation ou réformiste. Syndicalisme ,,cherchant à transformer et améliorer le système économique au bénéfice des travailleurs, sans toutefois aboutir à une remise en cause fondamentale du régime`` (Mathieu 1970). ♦ Syndicalisme révolutionnaire ou marxiste. Syndicalisme ,,plus ou moins étroitement lié à tel ou tel parti de caractère socialiste, visant par son action à l'instauration d'une société socialiste`` (Mathieu 1970). Le syndicalisme révolutionnaire (...) a prodigieusement amélioré la condition ouvrière depuis la journée de seize heures jusqu'à la semaine de quarante heures (Camus, Homme rév., 1951, p. 367). − P. ext. Regroupement de personnes ayant des intérêts communs dans le domaine industriel (patrons, cadres), agricole, ou dans l'exercice de certaines professions libérales (artisans, commerçants, médecins, etc.). Le jeune syndicalisme agricole n'a pas eu, comme le syndicalisme ouvrier, de maîtres à penser, ni de théoriciens (Debatisse, Révol. silenc., 1963, p. 264).Sous l'unité de l'organisation, le syndicalisme patronal abrite des tendances et des orientations diverses, dont la coexistence ne va pas toujours sans conflits (Reynaud, Syndic. en Fr., 1963, p. 113). B. − P. méton. Activité exercée au sein d'un syndicat; fait d'y militer. Faire du syndicalisme; syndicalisme de salon. Le principe de la participation des femmes au syndicalisme peut être admis sans que, pour autant, la présence des femmes dans les organisations syndicales soit effective (Debatisse, Révol. silenc., 1963, p. 153).Dans la plupart des pays du monde, les dirigeants syndicaux changent peu. En Angleterre comme en France, ils peuvent quitter le syndicalisme pour la politique (Reynaud, Syndic. en Fr., 1963, p. 121). Prononc. et Orth.: [sε
̃dikalism̭]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1894 « mouvement qui groupe des personnes exerçant une même profession en vue de la défense de leurs intérêts communs » (Sachs-Villatte, Französisch-deutsches Supplement-Lexikon ds Quem. DDL t. 5); 1923 « activité exercée dans un syndicat » (Lar. univ.). Dér. de syndical*; suff. -isme*. Fréq. abs. littér.: 59. Bbg. Bonnafous (S.), Tournier (M.). La Désignation socio-pol. en France de 1879 à 1914. Saint-Cloud, 1983, pp. 208-209. _ Mouriaux (R.). La CGT. Paris, 1982, pp. 128-134. − Tournier (M.). L'Envers de 1900. MOTS. 1982, no5, p. 123. |