| SYMÉTRIE, subst. fém. I. − Vieilli. [À propos le plus souvent d'un inanimé] A. − [À propos de ce qui est perçu par l'oeil] Rapport harmonieux de grandeur, de forme, de position que les différentes parties d'un ensemble ont entre elles et avec leur tout. Synon. équilibre.Les lois harmoniques qui semblent présider à l'apparente symétrie du temple grec (...) aux proportions mesurées des édifices des XVIIeet XVIIIesiècles français (Faure, Espr. formes, 1927, p. 169): Les Grecs accordaient la qualité de symétrie par excellence au corps de l'homme, non parce que ses deux moitiés longitudinales sont semblables, mais parce que les diverses parties qui les constituent sont dans des rapports de dimensions excellents.
Viollet1875. B. − [À propos de ce qui est perçu par l'oreille, par l'esprit] Rapport de durée, d'intonation que les parties d'un air ont entre elles et avec leur tout; correspondance que les mots et les membres d'une phrase entretiennent entre eux, que plusieurs phrases entretiennent entre elles. Ce sont les symétries du style de Sénèque qui le font citer (Joubert, Pensées, t. 2, 1824, p. 161).Cette mesure intérieure tout à coup se traduisit (...) par la symétrie des mesures, (...) par la répétition double ou multiple de certaines syllabes sourdes ou sonores se correspondant et se faisant écho (Fromentin, Dominique, 1863, p. 79). II. − [À propos d'un animé ou d'un inanimé] Correspondance exacte de forme, de grandeur, de position que les éléments d'un même ensemble, que deux ou plusieurs ensembles entretiennent entre eux, lorsqu'ils sont de part et d'autre d'un axe, d'un plan, d'un point ou autour d'un centre. Anton. asymétrie, dissymétrie.Symétrie parfaite; belle symétrie. V. asymétrique ex. 6. ♦ Faire symétrie à.Synon. faire pendant à (v. pendant2).V. royal I C 2 ex. de Gautier. A. − [À propos d'un animé] On dirait que ce visage a été modelé par un esprit aveugle dont les mains (...) n'ont pas su cependant établir la symétrie ordinaire au visage humain (Green, Journal, 1941, p. 143). B. − [À propos d'un inanimé] Défaut de symétrie. 1. [À propos d'une chose naturelle] Symétrie cristalline, cubique, pentagonale, sphérique; la symétrie d'un cristal; loi de symétrie. La symétrie d'une texture, même imparfaite, se traduirait par une symétrie analogue du diagramme correspondant, pourvu qu'on ait pris soin d'orienter les éléments de symétrie de la roche (plans) parallèlement au rayon incident (Brajnikov, Pétrogr. et rayons X, 1936, p. 34).V. asymétrie ex. 3. ♦ BOT. Symétrie axiale. V. axial ex. 2. ♦ BOT., ZOOL. Symétrie bilatérale. V. bilatéral ex. 3. 2. [À propos d'un objet fabriqué] Deux cabinets d'une curieuse architecture (...) se faisaient symétrie de chaque côté d'une toilette devant laquelle Mmede Bruyères était assise (Gautier, Fracasse, 1863, p. 103).V. asymétrie ex. 5 et asymétrique ex. 3. − Similitude que présentent les deux moitiés d'un ensemble. Deux chandeliers, deux flacons, et deux tasses de vermeil, tirés du nécessaire de l'Empereur, achèvent l'ornement et la symétrie de la cheminée (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 456). 3. [À propos d'une chose abstr.]
Œuvre rigoureuse [Sertorius], qui risque parfois la froideur, et où la symétrie de la construction finit par avoir quelque chose de mécanique (Brasillach, Corneille, 1938, p. 379). a) GÉOM. ,,Correspondance entre deux éléments d'une figure par rapport à un point, une droite, un plan, quand la droite qui les joint est coupée en son milieu par le point, la droite ou le plan en question`` (Sc. 1962). ♦ Axe de symétrie. V. axe II B 2.Centre, plan de symétrie. V. centre I A 2. − P. anal., LING. ,,Disposition parallèle d'éléments connexes, dont l'inversion constitue le chiasme`` (Mar. Lex. 1951). ,,Propriété de l'égalité des ensembles qui permet d'inverser la proposition A = B en B = A`` (Ling. 1972). b) Correspondance existant entre deux comportements, deux situations, deux phénomènes. Synon. analogie.Si ce doute n'avait d'autre base que ce manque de symétrie entre l'individu et la société, il ne mériterait pas d'arrêter l'attention (Durkheim, Divis. trav., 1893, p. 197).C'est à ce niveau aussi que s'institue la véritable symétrie du plaisir et de la douleur, qui est une symétrie de valeur et non d'épreuve vécue (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 104). ♦ LOG., MATH. Principe de symétrie (de Curie). ,,Principe très général (...) selon lequel une dissymétrie d'effet décèle une dissymétrie de cause sans que, d'ailleurs, l'inverse soit nécessairement vrai`` (Duval 1959). Songeons (...) au principe de symétrie de Curie, dont l'utilisation ne peut être qu'une application directe de la logique (Gds cour. pensée math., 1948, p. 351). Prononc. et Orth.: [simetʀi]. Ac. 1694, 1718: symmetrie, 1740: symmétrie, dep. 1762: symétrie. Étymol. et Hist. 1529 symmetrie (G. Tory, Champfleury, fo20 vo), forme att. jusqu'à la fin du xviiies.; 1545 symetrie (Serlio, Reigles generales de l'Architecture, IV, 71r ds Cah. Lexicol. t. 19, p. 105). Empr. au lat.symmetria « id. », du gr. σ
υ
μ
μ
ε
τ
ρ
ι
́
α « juste proportion », comp. de σ
υ
́
ν « ensemble » et μ
ε
́
τ
ρ
ο
ν « juste mesure », v. mètre1. Fréq. abs. littér.: 314. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 333, b) 611; xxes.: a) 318, b) 531. Bbg. Szambien (W.). Symétrie, goût, caractère... Paris, 1986, pp. 61-78. |