| SYMPATHIQUE, adj. A. − Anton. de antipathique (v. ce mot II). 1. [Corresp. à sympathie A; en parlant d'une pers.] Qui inspire, manifeste ou dénote un sentiment de sympathie, d'amitié. Synon. cordial (v. ce mot II B 1), sympa (fam.).L'influence extraordinaire que la seule présence d'une personne sympathique ou antipathique peut exercer sur le système nerveux, je l'ai éprouvée et suis forcée d'y croire (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 262).Un grand garçon de trente ans très sympathique que j'accueille toujours avec beaucoup de plaisir (J. Bousquet, Trad. du sil., 1936, p. 141). ♦ [En parlant de son physique ou de ses actions] Synon. cordial (v. ce mot II B 2).Comportement, geste, physique, voix sympathique. Un grand charme sympathique répandu sur son visage (Mallarmé, Corresp., 1862, p. 54).La bonne avait pourtant une physionomie sympathique qui eût pu être jolie, avec du bonheur (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 294). ♦ [En parlant de sentiments, de paroles] Parler de qqn en termes sympathiques. Vous êtes de ceux envers qui la vieille et sympathique admiration qu'on a, ne varie pas (Mallarmé, Corresp., 1873, p. 38).Il avait toujours une satisfaction assez peu sympathique à faire étalage des secrets qu'il détenait (Proust, Temps retr., 1922, p. 864). − Loc. Être sympathique à qqn. Frédie, que sa grande patience envers les discours entomologiques avait rendu sympathique au professeur de rhétorique, prétendait en garder le monopole (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 124). 2. [En parlant de qqc.] Agréable, plaisant. Synon. fam. sympa.Les appartements sympathiques ou antipathiques (...) riches ou pauvres, attirent, retiennent ou repoussent comme les êtres qui les habitent (Maupass., Notre cœur, 1890, p. 305).Pas de combats sur nos pistes sinon les sympathiques matches de boxe des clowns nains (Hist. spect., 1965, p. 1520). B. − Vieilli. Anton. de antipathique (v. ce mot I). 1. [Corresp. à sympathie B] Qqn est sympathique à qqc.Favorable à, en accord avec quelque chose. Il me semble que Mme de Villefort, tout en ne s'y opposant point franchement, n'est pas sympathique à ce mariage (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 831).Gille, qui s'est montré dans le Figaro très sympathique à la publication de nos romans (Goncourt, Journal, 1876, p. 1109).V. antipathique ex. 2.Qqc. est sympathique à qqc.En accord avec. J'allois chercher une indépendance plus conforme à mes goûts, plus sympathique à mon caractère (Chateaubr., Voy. Amér. et Ital., t. 1, 1827, p.7). 2. [Corresp. à sympathie D] Qui a tendance à partager les sentiments d'autrui. Synon. fraternel.Ayant une âme très sympathique, je lisais la description bien faite du caractère d'un guerrier, je me croyais appelé à la guerre (Stendhal,Corresp., t. 1,1805,p. 204). Dès que je me mêle au monde, l'instinct sympathique qui fait effort pour se mettre au ton de tout ce qui m'environne, de tous ceux à qui je parle, fait la loi à mon esprit, annule ma réflexion et fausse mon jugement (Maine de Biran, Journal, 1820, p. 267). − En partic. Bienveillant, compatissant. Une sympathique discrétion. Il ne m'est possible de vous exprimer que des sentiments de sympathique douleur. Vous avez perdu madame votre mère! Hélas! quelle perte! (E. de Guérin, Lettres, 1845, p. 473).Il m'a donné son livre, avec la dédicace: Au jeune ami Henri Fournier, avec mes vœux très sympathiques pour son avenir littéraire (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1907, p. 109). C. − BIOL., MÉD. 1. [Corresp. à sympathie E 1 a et E 4; en parlant d'affections d'organes] Qui est provoqué par des troubles, des douleurs à un autre endroit du corps. Réactions sympathiques; ophtalmie sympathique. Toux, oppression, douleur sympathique dans l'épaule droite. Rien n'y manque: c'est une belle hépatite que j'ai là (A. France, Jocaste, 1879, p. 160). − Qui résulte de ce processus. Rapports sympathiques entre les yeux et le nez, entre la vue et l'odorat (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 178). 2. Système (nerveux) sympathique. Partie du système nerveux végétatif, comprenant des centres situés dans le système nerveux central et une partie périphérique et formée du système orthosympathique et du système parasympathique. Le système sympathique entre en action dans toutes les situations de « stress » et favorise la défense ou la lutte en augmentant la tension artérielle et en accélérant le rythme cardiaque et le rythme respiratoire (R. Houdart, Le Système nerveux de l'homme, 1990, p. 97). a) Relatif au système sympathique, qui émane du système sympathique. Équilibre, fonctions sympathique(s); innervation sympathique; perturbations sympathiques. La fièvre est une exagération sympathique (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 159).On invoque dans la régulation du fonctionnement du pylore l'existence d'une hormone et d'un contrôle nerveux sympathique et parasympathique (Quillet Méd.1965, p. 129). b) Qui appartient au système sympathique. Cellules nerveuses, ganglions, vaisseaux sympathiques. Le système nerveux autonome, par ses fibres sympathiques et parasympathiques, tient sous sa domination le monde immense des viscères (Carrel, L'Homme, 1935, p. 117). − Nerf sympathique. Couper les nerfs sympathiques au lieu d'enlever l'organe (Cl. Bernard, Notes, 1860, p. 151).Les nerfs autonomes de la région crânienne et de la région du pelvis s'appellent parasympathiques. Ceux de la région dorsale, les nerfs sympathiques proprement dits (Carrel, L'Homme, 1935, p. 116).P. ell., empl. subst. masc. Lésion du sympathique cervical. Les deux premières [séries d'expériences] consistaient respectivement en la section du sympathique abdominal et en celle du sciatique (Calmette, Infection bacill. et tubercul., 1920, p. 204). − Vx. Nerf grand sympathique. Synon. de nerf* intercostal.La suite du nerf grand sympathique dans la cavité de la poitrine est un peu plus grosse que sur le col (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 287).Empl. subst. masc. (Grand) sympathique. L'action du sympathique fait dormir. L'opium agit sur le grand sympathique (Cl. Bernard, Notes, 1860, p. 143).Le grand sympathique produit la constriction des artères, la pâleur de la face dans les émotions et certaines maladies (Carrel, L'Homme, 1935, p. 117). − Empl. subst., p. méton. Personne chez qui le système sympathique est particulièrement développé: Palpitations. Tout le monde connaît cette accélération brutale des battements du cœur pour l'avoir éprouvée à la suite d'une violente émotion. Elle atteint son paroxysme chez les nerveux et les sympathiques.
Garcin, Guide vétér., 1944, p. 187. D. − Qui agit à distance, ou indirectement. 1. HIST. DE LA MÉD., vieilli. Poudre sympathique. Synon. de poudre de sympathie (v. ce mot E).Vous ne croyez pas à la métempsychose? demanda-t-il (...). La poudre sympathique de Kenelm Digby (...) m'entrerait plutôt dans l'esprit comme croyable (Nerval, Nouv. et fantais., 1855, p. 45). 2. ACOUST., MUS. Cordes sympathiques. Cordes qui vibrent par sympathie (v. ce mot E 4). Instruments (...) munis de cordes sympathiques, viole d'amour, baryton (BrenetMus.1926, p. 73). 3. CHIM. Encre* sympathique. 4. HIST. DE L'OCCULT. Magie sympathique. ,,Celle qui consiste à agir sur un être par des pratiques exercées sur un être différent, qu'on suppose être en relation mystique avec le premier (par exemple l'envoûtement, les opérations effectuées sur l'arme qui a produit une blessure, etc.)`` (Lal. 1968). Crainte qui conseille d'agir sur cet élément par des procédés de magie sympathique, soit pour en repousser l'influence néfaste, soit pour s'unir mystérieusement à lui (Philos., Relig., 1957, p. 32-12). REM. 1. Sympa, adj.,fam. Sympathique (supra A). Un gars, un type vachement sympa; un accueil, une ambiance sympa; un bistrot, un fau-teuil sympa; sympa, cette fille; ingénieur super sympa; prix super sympa. Mais tu m'es sympa. (H. Bazin, Lève-toi, 1952, p. 85).Des rencontres Oui mais avec qui? Le Super Club 67, R. L.-Michel, Levallois Paris Province Super facile − Super sympa Super économique (Le Nouvel Observateur, 23 mars 1981, p. 80, col. 3). 2. Sympath(o)-, sympathic(o)-,(Sympath-, Sympatho-, sympathic-, sympathico-) élém. formanttiré du fr. sympathique, entrant dans la constr. de qq. termes de méd. (chir., neurol., biol.) où il désigne une relation avec le sympathique.V. sympathalgie (s.v. -algie) et aussi:a) sympathectomie , subst. fém.,,Résection chirurgicale de parties plus ou moins importantes du sympathique`` (Lar. Méd. t. 3 1972). b) Sympathicolytique, adj. et subst. masc.(Substance) qui s'oppose à l'action des nerfs sympathiques (d'apr. Lar. Méd. t. 3 1972). Le vagotonique (...) peut être accentué par les substances sympathicolytiques comme la morphine (Mounier, Traité caract., 1946, p. 174). c) Sympathicomimétique, adj. et subst.(Substance) ,,qui agit comme le sympathique`` (Villemin 1975). Synon. sympathomimétique (infra rem. f).Substances sympathicomimétiques: cocaïne, café, hormone thyroïdienne, etc. (Mounier,, Traité caract., 1946, p. 173).L'adrénaline est le sympathicomimétique type (Villemin1975). d) Sympathicotonie, subst. fém.,,Anomalie constitutionnelle particulière, caractérisée par une sensibilité spéciale du système sympathique`` (Garnier-Del. 1972). Des composantes de sympathicotonie, d'hyperémotivité, une insuffisance du pouvoir modérateur frontal (Mounier, Traité caract., 1946, p. 346). e) Sympathicotonique, adj. et subst.
α) Adj. ,,Qui se rapporte à la sympathicotonie`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
β) Subst. ,,Sujet caractérisé par la sympathicotonie`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Du point de vue endocrinien, ce sont des hyperthyroïdiens et des sympathicotoniques (Delay, Psychol. méd.1953, p. 153). f) Sympathomimétique, adj. et subst.Synon. de sympathicomimétique (supra rem. c).
α) Adj. Les anciennes médications sympathomimétiques comme l'adrénaline ou l'éphédrine (Bariéty, Coury, Hist. méd.,1963, p. 733).
β) Subst. Les sympathomimétiques sont des médicaments du système nerveux autonome sympathique (Touit.-Perl.1976).Ces composés sont de création récente: on note, comme dates extrêmes, 1923 (sympathectomie) et 1961 (sympathomimétique). Prononc. et Orth.: [sε
̃patik]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1599 sympathic « relatif à l'affinité qui existe entre éléments différents » (L. Papon, La Constance a la reine, p. 27, Yéméniz ds Gdf. Compl.); 1671 « qui agit par sympathie à distance » (J. Rohault, Traité de phys., t. 1, p. 142: encre sympathique); 1721 (Trév.: Sympathique est une épithéte que l'on donne à toute maladie qui a deux caûses; une éloignée, et une prochaine, et ce terme est oppôsé à celui d'idiopathique); 1765 anat. (grand) nerf sympathique (Encyclop. t. 11, p. 101b, s.v. nerf); 2. 1850 « qui a de la sympathie pour, qui inspire la sympathie » (Nerval,
Œuvres compl., II, 1172 − Gallimard − ds Quem. DDL à paraître). Dér. de sympathie*; suff. -ique*. Cf. la forme sympathétique « id. » [gr. σ
υ
μ
π
α
θ
η
τ
ι
κ
ο
́
ς] 1639, Descartes, Lettre à Mersenne in
Œuvres, éd. Adam et Tannery, ii, 498 ds Fonds Barbier. Fréq. abs. littér.: 1 256. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 081, b) 2 857; xxes.: a) 1 788, b) 1 812. DÉR. Sympathiquement, adv.a) [Corresp. à sympathie A] D'une manière sympathique, avec sympathie. Se saluer sympathiquement. Remerciez M. O'Connor d'avoir bien voulu prononcer sympathiquement mon nom dans une des lettres qu'il vous écrit (Mallarmé, Corresp., 1876, p. 136).[Dans une formule épistolaire] Sympathiquement et respectueusement. Donc, à demain, n'est-ce pas, et bien sympathiquement (Villiers de L'I.-A., Corresp., 1889, p. 265).b) Vieilli, rare.
α) [Corresp. à sympathie B] Par sympathie, par affinité avec le locuteur. Vous savez sympathiquement combien tout ce qui est vous m'est précieux et cher (Balzac, Corresp., 1833, p. 308).
β) [Corresp. à sympathie C] Avec, dans le comportement, une parfaite concordance. Charles devina sympathiquement la présence d'Eugénie, il ouvrit les yeux, et la vit attendrie (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 123).V. comprendre ex. 14.
γ) Méd., physiol., vieilli. [Corresp. à sympathie D 1] Par l'effet de la sympathie. Muscles qui se contractent sympathiquement. C'est encore de la même manière que sont produites les syncopes qui succèdent à des évacuations de sang, de pus, d'eau, etc. Le cœur, sympathiquement affecté, cesse d'agir (Bichat, Rech. physiol. vie et mort, 1822, p. 304).
δ) Acoust., mus. [Corresp. à sympathie E 4] Par sympathie. La trachée et les fosses nasales sont considérées aussi comme des résonateurs. Nous ne les sentons résonner que sympathiquement, c'est-à-dire grâce aux vibrations que leur communiquent les véritables résonateurs (Arger, Init. art chant, 1924, p. 54).− [sε
̃patikmɑ
̃]. − 1resattest. 1653 (Th. Corn, Le Charme de la voix, III, 1 ds Littré), puis 1800 (Geoffroy, Méd. prat., p. 203); de sympathique, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 41. BBG. − Blochw.-Runk. 1971, p. 223 (s.v. sympa). − Quem. DDL t. 23 (s.v. sympa), 34 (id.). |