| * Dans l'article "SYMBOLE,, subst. masc." SYMBOLE, subst. masc. I. A. − RELIG. CATH. Ensemble de formules résumant la foi chrétienne; profession de foi chrétienne. Symbole baptismal; symbole de la foi. Le symbole des apôtres n'a-t-il pas été écrit en grec avant de l'être en latin? Les symboles grecs de Nicée et de Constantinople, et celui de saint Athanase ne contiennent-ils pas ma foi? (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 308).Quel est le principe des choses? La doctrine catholique nous répond par ces premiers mots de son symbole: Credo in Deum patrem omnipotentem, − Je crois en Dieu, père tout-puissant (Lacord., Conf. N.-D., 1848, p. 13). − P. anal. Profession de foi, exposé de principes. C'est par un symbole en douze articles qu'il faut attaquer celui des apôtres (Proudhon, Créat. ordre, 1843, p. 44).Son symbole parlementaire [de Prévost-Paradol], en effet, son Credo politique, et qu'il expose en toute occasion, serait que la France fût régie à peu près comme l'Angleterre (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 1, 1861, p. 156). B. − ANTIQUITÉ 1. Signe, objet matériel ou formule, servant de marque de reconnaissance entre initiés. On ne peut mieux restituer à son origine le symbole (...) dont il convient de faire ici le rapprochement (...) avec ce qui désignait chez les Grecs les paroles auxquelles les initiés aux mystères de Cérès, de Cybèle, de Mithra se reconnaissaient (Lafon1963).À l'origine, en son étymologie (σ
υ
μ-β
α
́
λ-λ
ε
ι
ν), le symbole est un objet coupé en deux dont les parties réunies à la suite d'une quête permettent aux détenteurs de se reconnaître (Religions1984). 2. Jeton, tesson servant de signe monétaire. (Dict. xixeet xxes.). II. A. − 1. Objet sensible, fait ou élément naturel évoquant, dans un groupe humain donné, par une correspondance analogique, formelle, naturelle ou culturelle, quelque chose d'absent ou d'impossible à percevoir. Le myrte, symbole de l'amour, le laurier, symbole de la guerre, l'olivier, ce bêta, symbole de la paix (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 319).Il se disait qu'un fleuve était le plus exact symbole de la vie active; on le suivait dès sa naissance, sur tout son parcours, au travers des territoires qu'il fécondait: il remplissait une tâche assignée, avant que d'aller mourir, en s'immergeant, dans le sépulcre béant des mers (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 222). − Domaine littér.Élément textuel dont la signification concrète est liée par une correspondance analogique à une signification abstraite qu'il évoque ou représente. Synon. figure, image, métaphore.Symbole poétique. Les symboles les plus familiers à Brentano, ceux qui venaient de son enfance, telle la statue de la Vierge, s'y associent à un retour constant de symboles nouveaux. Les roses, surtout, réapparaissent, avec mille significations diverses, sacrées, profanes, sensuelles, qui créent le véritable lien intérieur de l'œuvre (Béguin, Âme romant., 1939, p. 292): 1. ... cet état mystérieux et temporaire de l'esprit, où la profondeur de la vie (...) se révèle tout entière dans le spectacle, si naturel et si trivial qu'il soit, qu'on a sous les yeux, − où le premier objet venu devient symbole parlant. Fourier et Swendeborg, l'un avec ses analogies, l'autre avec ses correspondances, se sont incarnés dans le végétal et l'animal qui tombent sous votre regard, et, au lieu d'enseigner par la voix, ils vous endoctrinent par la forme et par la couleur.
Baudel., Paradis artif., 1860, p. 376. 2. En partic. a) Objet, image, signe ou comportement manifestant, figurant ou évoquant quelque chose (p. ex. anneau, symbole de la fidélité; corne taurine, symbole de l'abondance; drapeau rouge, symbole révolutionnaire;poisson, symbole anagrammatique de Jésus-Christ). Le triple symbole de la république, le bonnet phrygien, le niveau, deux mains qui s'étreignent: liberté, égalité, fraternité (Sandeau, Sacs, 1851, p. 51): 2. Devant lui, à trente mètres, à un carrefour, passait une troupe, une bande plutôt de soldats débraillés, sans armes pour la plupart, tirant à bras des voitures, chantant, brandissant des drapeaux rouges, emmenant avec eux dans leur déroute des chariots pleins de pillage, et conduits par des officiers qui chantaient avec eux. Symbole d'une Allemagne à la dérive, d'un peuple fini.
Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 429. − PSYCHANAL. Objet conscient renvoyant à un objet inconscient ou refoulé constituant le sens symbolique du premier (d'apr. Mucch. Psychol. 1969). Tu m'as appris toi-même que les fontaines, les vasques, les bassins c'est un symbole psychanalytique. Henri a compris que je lui jetais au visage: j'ai pris un amant! (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 412). b) Personne incarnant, personnifiant quelque chose de façon exemplaire. Synon. personnification.Dalila... Ô symbole redoutable de la femme, maîtresse perfide qui livre à ses ennemis celui qui l'aimait, livre les secrets de sa conscience ou de son génie, le vend à ses adversaires, lui si grand, si fort qu'il n'est vulnérable que par elle! (Vigny, Journal poète, 1835, p. 1034).La mémoire de Jeanne d'Arc fut rattachée à l'unité nationale (...) elle devint, dans la France impériale et républicaine, le symbole de la patrie (A. France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. lxiv). B. − Spécialement 1. ALG., ARITHM., GÉOM. Signe représentant, par convention, une chose ou une opération. Symbole algébrique, alphanumérique, géométrique, logique, numérique; symbole d'opérateur. À l'époque de Newton et de Leibnitz, le mot fonction avait un sens assez mal défini. On appelait ainsi, le plus souvent, une quantité y liée à la variable x par une équation où intervenait un certain nombre des symboles d'opérations que l'on avait l'habitude de considérer (Lebesgue, Intégr. et rech. fonctions primit., 1904, p. 1).Un symbole mathématique, c'est avant tout la possibilité définie d'une opération à effectuer (Ruyer, Esq. philos. struct., 1930, p. 249). 2. CHIM. Représentation qualitative et quantitative d'un élément chimique ou d'un corps simple par une lettre majuscule ou deux lettres dont la première est une majuscule. Les anciens symboles chimiques étaient depuis longtemps tombés en désuétude lorsqu'ils furent remis en honneur par les chimistes du XVIIIesiècle qui dressèrent des tables d'affinités (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 308). 3. INFORMAT. Signe de base de l'alphabet d'un langage de programmation permettant de désigner ou de construire un identificateur de données ou un opérateur de traitement (d'apr. GDEL). ♦ Symbole externe. ,,Identificateur utilisé dans un sous-programme, mais défini extérieurement à ce sous-programme dans le programme principal`` (GDEL). Symbole littéral. Signe formé de lettres et constituant lui-même l'information qu'il représente (d'apr. Informat. 1972). Symbole de décision. ,,Symbole utilisé dans un ordinogramme pour désigner une opération de choix et dans lequel sont indiqués les critères de décision`` (Informat. 1972). 4. LING. [Dans la terminol. de F. de Saussure, p. oppos. au signe de nature arbitraire] Signe dont le signifiant a un lien naturel avec le signifié. Le symbole a pour caractère de n'être jamais tout à fait arbitraire; il n'est pas vide, il y a un rudiment de lien naturel entre le signifiant et le signifié. Le symbole de la justice, la balance, ne pourrait pas être remplacé par n'importe quoi, un char, par exemple (Sauss.1916, p. 101). 5. SÉMIOT. [Dans la terminol. de Ch. S. Peirce] Signe dont la relation à l'objet est conventionnelle (p. oppos. à l'icône dont la relation est analogique et à l'indice dont la relation est causale). Le symbole appartient à la trichotomie icône, indice, symbole (...). Il est général et identifie des classes (définies en compréhension). Le lien qui l'unit à l'objet est conventionnel (ni similarité, ni contiguïté) et il perdrait son statut de signe s'il n'avait pas d'interprétant (ReySémiot.1979). 6. TECHNOL. Figure, graphisme conventionnel représentant une machine, un appareil, un élément de machine ou d'appareil (d'apr. GDEL). − En compos. Couleur-symbole. À Malta, en Sibérie, comme à Lascaux, on utilise l'ocre rouge dans le quotidien et dans les rites funéraires. S'agit-il d'une couleur-symbole? (Le Nouvel Observateur, 26 févr. 1979, p. 77, col. 1).Image-symbole. L'instantané en photographie fait éclater l'académisme: l'événement est saisi non plus seulement par une image-symbole, mais dans sa violence immédiate (L'Express, 12 juin 1978, p. 57, col. 1). REM. Symbologie, subst. fém.Étude des symboles, de la symbolique. La symbologie grecque, médiévale, africaine (Rob. 1985). Prononc. et Orth.: [sε
̃bɔl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Fin xives. simboles relig. « formulaire qui contient les principaux articles de la foi » (Roques t. 2, no11336: simbolum est collacio sermonum [...] simboles . credo . escot); 1525 symbole des apostres ([Berquin], trad. de Érasme, Le Symbole des apostres, qu'on dict vulgairement le Credo ds Fonds Barbier); 1690 symbole de Nicée (Fur.); 2. fin xives. simboles « écot » (Roques, loc. cit.); 3. 1611 symbole « signe de reconnaissance » (Cotgr.). II. A. 1. 1541 « ce qui représente une réalité abstraite ou absente » (Calvin, Instit. de la relig. chrét., éd. J. D. Benoît, IV, XVII, 21, t. 4, p. 403); 2. 1818 rhét. (Lav. Diffic.: le symbole est une espèce de trope par lequel on substitue au nom d'une chose, le nom d'un signe que l'usage a choisi pour la désigner); 3. 1830 « personne qui incarne, personnifie de façon exemplaire » (Vigny, Journal poète, p. 920); 4. 1916 ling. (Sauss., loc. cit.). B. 1. a) 1751 symboles algébriques (Encyclop. t. 1, p. 262b); b) 1890 symboles numériques (Lar. 19eSuppl., s.v. logiciens anglais); c) 1890 symboles logiques (ibid.); d) 1905 symbole mathématique (H. Poincaré, Valeur sc., p. 149); e) 1966 symbole alphanumérique (Coyaud, Introd. ét. lang. docum., p. 58); f) 1977 symbole d'opérateur (Pt Rob.); 2. 1803 symbole chimique (Destutt de Tr., Idéol. 2, p. 306: les symboles astronomiques, chimiques, et pharmaceutiques); 3. 1875 numism. « marque d'atelier » (Lar. 19e); 4. 1933 symbole graphique (Lar. 20e); 5. 1945 psychanal. (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, p. 437: déguiser sous un symbole acceptable une pulsion sexuelle); 6. a) 1968 gramm. générative (N. Chomsky et G. A. Miller, L'Analyse formelle des lang. naturelles, 1971, p. 27: symbole initial; p. 155: symboles terminaux); b) 1971 sémiot. (Media); 7. 1968 informat. (Lar. encyclop. Suppl.: symbole de décision [...] symbole littéral); 8. 1969 symbole d'organigramme (Guilh.); 9. 1976 comm. « forme abstraite ou concrète associée au logotype pour constituer le graphisme d'une marque » (Public.). Empr. au lat.symbolum « pièce justificative d'identité, signe de reconnaissance » lat. chrét. « symbole de la foi, le symbole des apôtres, profession de foi au baptême; signe allégorique, figure; écot, festin par écot », lui-même empr. au gr. σ
υ
́
μ
β
ο
λ
ο
ν « signe de reconnaissance (objet coupé en deux, dont deux personnes conservaient chacune la moitié), jeton; signe d'une convention, signe de ralliement; emblème, symbole; convention », dér. de σ
υ
μ
β
α
́
λ
λ
ω trans. « jeter ensemble, mettre ensemble, réunir » intrans. « se rencontrer avec (quelqu'un) ». Fréq. abs. littér.: 1 929. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 182, b) 1 698; xxes.: a) 3 010, b) 3 620. Bbg. Arrivé (M.). Le Concept de symbole en sémio-ling. Doc. Gr. Rech. sémio-ling. 1981, t. 3, no25, pp. 5-31; Actes sémiot. Doc. 1982, t. 4, no36, pp. 5-33. − Moreau (P.). Symbole, symbolique, symbolisme. Cah. Assoc. internat. ét. fr. 1954, t. 6, pp. 123-129. − Quem. DDL t. 29. − Symboles 1969, p. 14. − Vergote (A.). Le Symbole. Rev. philos. Louvain. 1959, t. 57, pp. 197-224. |