| SURHUMAIN, -AINE, adj. A. − 1. Qui dépasse les capacités normales d'un être humain. Force surhumaine. Dantès fit des efforts surhumains (...); mais à chaque effort il retombait plaintif et pâlissant (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 283).Avec quelle patience et quel courage, pour ainsi dire, surhumains, il [Littré] rassembla les matériaux d'une œuvre que l'on a signalée à juste titre comme un monument national! (Pasteurds Travaux, 1882, p. 425).V. surhomme ex. de Debatisse. 2. Qui cesse d'être humain. Tous deux poussèrent un cri, un cri intraduisible, surhumain; celui, par exemple, que jetteraient le père et le fils se reconnaissant face à face les armes à la main (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 196). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Albums [japonais] se terminant souvent par des batailles (...) qui, par la furie des éléments déchaînés par le peintre, par la colère donnée au paysage (...) par le surhumain des coups qu'on se porte (...) ne semblent plus des batailles entre des hommes (E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 1, 1881, p. 217). B. − Qui relève ou semble relever d'un ordre supérieur à l'ordre humain. Beauté surhumaine. Elles sont surhumaines, vraiment divines, quand on y songe, les cathédrales! (Huysmans, Cathédr., 1898, p. 65).Aux yeux de ses sœurs, Shelley était un être surhumain. Dès qu'il arrivait d'Eton, la maison se peuplait d'hôtes fantastiques (Maurois, Ariel, 1923, p. 14). − Littér., empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Leur style [des mozaïstes de Ravenne] naquit, comme tant d'autres styles orientaux, de la nécessité de représenter ce qui, rationnellement, ne peut l'être; de figurer le surhumain par l'humain (Malraux, Voix sil., 1951, p. 206). Prononc. et Orth.: [syʀymε
̃], fém. [-εn]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1555 adj. sur-humain « qui est au-dessus de l'humain » (H. Philippe de Villiers, trad.: Rhinghier, Cinquante jeus div. d'honnête entretien, p. 269 ds Quem. DDL t. 21); 1826 subst. surhumain (Chateaubr., Natchez, p. 499). Dér. de humain*; préf. sur-*; v. surhomme. Cf. l'adj. supra-humain 1891 (C. Merki, in Mercure de France, no13, déc., p. 365 ds Quem. DDL t. 31) − 1913, Martin du G., J. Barois, p. 284: autorité supra-humaine. Fréq. abs. littér.: 595. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 498, b) 928; xxes.: a) 1 293, b) 829. DÉR. 1. Surhumainement, adv.,littér. D'une manière qui dépasse les normes humaines. Un pauvre artiste (...) qui travaille surhumainement pour conquérir quelques mois de liberté, afin d'aller vous voir (Balzac, Lettres Étr., t. 1, 1835, p. 235).− [syʀymεnmɑ
̃]. − 1resattest. 1610-16 (Fr. de Sales, Amour de Dieu, VII, 6 ds Hug.), attest. isolée, puis 1832 (Balzac, L. Lambert, p. 164); de surhumain, suff. -ment2*. 2. Surhumanité, subst. fém.a) Littér. Société formée d'hommes supérieurs ou d'êtres supérieurs aux hommes. Qui n'a désiré les anges? Je suis sûr qu'il est des êtres supérieurs à notre humanité (...). Il n'y a pas de fées ni de djinns; nul n'a connu Mélusine (...) mais j'ai grand'raison de les appeler au seuil du désert, car la solitude regorge de surhumanité (Barrès, Cahiers, t. 11, 1914, p. 33).b) [P. réf. à la philos. nietzschéenne] Qualité, état de surhomme. Mais les camps d'esclaves sous la bannière de la liberté, les massacres justifiés par l'amour de l'homme ou le goût de la surhumanité, désemparent, en un sens, le jugement (Camus, Homme rév., 1951, p. 14).− [syʀymanite]. − 1resattest. a) av. 1896 « société humaine formée d'individus d'une qualité exceptionnelle » (Goncourt d'apr. Lar. Lang. fr. qui le qualifie de ,,vx et littér.``), b) 1910 « caractère de ce qui est surhumain » (Péguy, V.-M., comte Hugo, p. 779); de surhumain d'apr. humanité*; au sens b cf. supra-humanité 1913 (Proust, Swann, p. 312). BBG. − Quem. DDL t. 13. |