| SURGEON, subst. masc. A. − Vieilli ou littér. Petit jet d'eau qui jaillit du sol, d'une roche, ou à la surface de la mer, d'une rivière. Monde sous-marin qui se perd dans une ombre glauque où afflue le surgeon invisible de la source (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 226).Ce n'était qu'une source, un menu surgeon d'eau douce qui palpitait dans une vasque de sable blanc (Genevoix, Fatou Cissé, 1954, p. 127). B. − BOT. Jeune pousse qui naît au collet ou à la souche d'un arbre et qui, séparée avec une partie de la racine et replantée, peut donner un nouvel individu. Synon. drageon, rejet, rejeton.Les broussailles et les surgeons s'entrelaçaient de tous côtés pour arrêter les pas de Tord-Chêne (Nerval, Filles feu, Chans. et lég. du Valois, 1854, p. 637).Il y aura tout à l'heure sous la roseraie une jonchée de surgeons tendres, rouges d'aurore au sommet, verts et juteux à la base (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 261). − P. métaph. La bêtise féminine est déjà bien irritante, la bêtise cléricale l'est plus encore que la bêtise féminine, dont elle semble d'ailleurs parfois le mystérieux surgeon (Bernanos, Journal curé camp., 1936, p. 1089). − P. anal., vieilli. [En parlant d'une pers.] Descendant, rejeton. La journée finie, il pouvait, en entrant dans la maison, embrasser sa légitime et son surgeon et dormir auprès d'eux tranquille (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 146). Prononc. et Orth.: [syʀ
ʒ
ɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 sorjon « source » (Graindor de Douai, Antioche, 964 ds T.-L.); ca 1270 sourjon (Huon de Cambrai, St Quentin, 2474, ibid.); av. 1560 sourgeon (Du Bellay, Sonnets divers, XXXVII, 3 ds
Œuvres, éd. H. Chamard, t. 2, p. 285), sens ,,vx`` dep. Ac. 1694; 2. fin xiiies. sourgon « rejeton d'un arbre » (Adam de La Halle, Chansons, éd. J. H. Marschall, p. 93, 44); 1504 au fig. sourjon (J. Lemaire de Belges, Le Temple d'honneur et de vertus ds
Œuvres, éd. J. Stecher, t. 4, p. 227); 1541 id. surgeon (Calvin, Institution de la relig. chrét., L. II, chap. 4, 8, éd. J. D. Benoît, t. 2, p. 263). Dér., à l'aide du suff. -on1*, des anc. formes en j de sourdre* (en partic. le part. prés. sourjant) avec infl. ultérieure du lat. surgere prononcé avec ü en lat. scol. Voir Bl.-W.1-5et FEW t. 12, p. 459b et 461b. Fréq. abs. littér.: 32. DÉR. Surgeonner, verbe intrans.a) Vieilli ou littér. [Corresp. à supra A; en parlant d'un jet d'eau, d'une source] Jaillir du sol, à la surface de la mer, d'une rivière. V. cascatelle ex.P. métaph. Un talus s'incurve, bordé d'arbres fruitiers, cavé d'encoches noires d'où surgeonnent, lentes, dans l'air paisible, des fumées (Genevoix, Seuil guitounes, 1918, p. 93).b) Bot. [Corresp. à supra B; en parlant d'un arbre] Pousser, produire des surgeons. (Dict. xixeet xxes.). − [syʀ
ʒ
ɔne], (il) surgeonne [-ʒ
ɔn]. − 1resattest. xvies. surgeonner « bourgeonner » (Pèler. d'amour, I, 280 ds La Curne), 1571 sourjonner « produire des rejetons » (La Boderie, Encyclie, 76 ds Hug.) seulement au xvies., repris dep. 1872 (Littré) ; de surgeon, dés. -er. BBG. − Sain. Sources t. 3 1972 [1930] p. 28. |