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SURCHAUFFER, verbe trans.
A. − [Le suj. désigne une pers., un agent mécan., phys.]
1. Fréq. au passif. Chauffer (quelque chose) fortement, à l'excès. La principale falsification du pain est son hydratation exagérée, obtenue en surchauffant le four avant l'enfournage (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 251).[La courroie] peut être par endroits surchauffée par le fait des frottements qu'elle subit (Champly, Nouv. encyclop. prat., t. 3, 1927, p. 164).Empl. pronom. Dans un bouilleur [d'une chaudière] (...), la vapeur, ne pouvant se dégager librement (...) le métal se surchauffe, (...) se cintre en dessous et le tube baisse le nez (Ser, Phys. industr., 1890, p. 249).
− Part. passé adj. Qui est chauffé fortement, à l'excès; qui est très chaud, trop chaud. Poêle, toit surchauffé. Dans l'escalier, une atmosphère lourde de calorifère surchauffé (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 541).V. alchimie ex. 8.
2. En partic. [Le compl. d'obj. dir. désigne l'air, un lieu, un local] Porter à une température excessive, désagréable. Un soleil tout rouge surchauffait l'atmosphère humide (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 82).La chambre était chauffée, surchauffée même, par le calorifère de l'administration (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 691).
− Part. passé adj. Bureau surchauffé; pièce surchauffée. Dans les rues désertes et surchauffées (Camus, Peste, 1947, p. 1309).
3. Spécialement
a) MÉTALL. Faire subir à un métal, à un alliage, le phénomène de surchauffe. Il faut éviter d'(...) ajouter [au métal antifriction] d'autres métaux (...) et ne pas le surchauffer (Champly, Nouv. encyclop. prat., t. 9, 1927, p. 61).V. chaud ex. 12.
b) PHYS. Porter un liquide au-dessus de sa température d'ébullition sans qu'il prenne l'état gazeux (d'apr. Duval 1959).
c) THERMODYN. Faire subir à la vapeur l'opération de surchauffe dans une machine, une installation utilisant la vapeur. Un des moyens les plus simples pour surchauffer la vapeur consiste à disposer à la suite du fourneau d'une chaudière, une série de tuyaux en fonte dans lesquels on fait circuler la vapeur (Ser, Phys. industr., 1890, p. 493).Part. passé adj. Vapeur surchauffée. Vapeur résultant de l'opération de surchauffe. [Centrale avec] refroidissement par vapeur surchauffée (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p. 142).
B. − Au fig.
1. Agiter, exciter fortement, exalter. L'importance de sa mission lui surchauffait périlleusement la cervelle (Gide, Caves, 1914, p. 769).Empl. abs. Cette éducation avait des dangers: elle surchauffait, surexcitait, pouvait très bien rendre fou (Renan, Souv. enf., 1883, p. 191).
− Part. passé adj. Fortement agité, excité, exalté; qui est empreint d'une agitation, d'une exaltation extrême. Synon. bouillonnant, surexcité.Imagination, tête surchauffée; esprits surchauffés. [Florent] y trouvait un milieu surchauffé, où ses fièvres politiques battaient à l'aise (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 745).Ayant en horreur les propos surchauffés que j'entendais de la part de certains guerriers en chambre (Léautaud,Journal littér., 1,1954,p. 77, note).
2. Favoriser fortement, exagérément. Les innombrables variétés de pommes de terre dont le commerce emplit ses catalogues, ont donné lieu à un trafic important, surchauffé encore par les réclames et concours de toute nature (Gressent, Potager mod., 1863, p. 331).
Prononc. et Orth.: [syʀ ʃofe], (il) surchauffe [-ʃo:f]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1694 terme de forge (Corneille, s.v. surchauffure: il faut prendre garde si ces carreaux ne sont point pailleux ou surchauffez); 1765 id. (Encyclop. t. 15); 2. a) 1865 « chauffer à l'excès (un fourneau) » (Veuillot, Odeurs de Paris, p. 254); b) 1880 en parlant de l'atmosphère (Flaub., loc. cit.); c) 1959 phys. (Duval); 3. 1873 fig., part. passé adj. « agité » (Zola, loc. cit.). Dér. de chauffer*; préf. sur-*. Fréq. abs. littér.: 97.
DÉR. 1.
Surchauffage, subst. masc.Action de surchauffer; résultat de cette action. Surchauffage [de la vapeur] par contact avec des gaz chauds (Ser, Phys. industr., 1890, p. 496).P. métaph. Trop tenu, trop choyé, avec un certain surchauffage intellectuel, j'avais ainsi des étiolements, des amollissements subits de plante enfermée (Loti, Rom. enf., 1890, p. 76).− [syʀ ʃofa:ʒ]. − 1resattest. 1875 (Lar. 19e), 1890 (Loti, loc. cit.); de surchauffer, suff. -age*.
2.
Surchauffement, subst. masc.Action de surchauffer; résultat de cette action. Parmi les accidents qui surviennent aux chaudières, beaucoup sont la conséquence d'un surchauffement du métal (Ser, Phys. industr., 1890, p. 241).P. métaph. Sous l'influence combinée de la machine et d'un surchauffement de pensée, nous assistons à un formidable jaillissement de puissances inoccupées (Teilhard de Ch., Phénom. hum., 1955, p. 280).− [syʀ ʃofmɑ ̃]. − 1resattest. a) 1890 (Ser, loc. cit.), b) 1891 p. métaph. (Zola, Argent, p. 261); de surchauffer, suff. -ment1*.
3.
Surchauffeur, subst. masc.,thermodyn. Appareil permettant de surchauffer la vapeur. Un surchauffeur bien installé réalise une économie de charbon de 10 à 30 pour cent (Champly, Nouv. encyclop. prat., t. 17, 1927, p. 157).Empl. adj. [Qualifie un élément de cet appareil] Un surchauffeur (...) se compose d'un certain nombre d'éléments ou tubes surchauffeurs (Herdner, Constr. et conduite locomot., t. 1, 1887, p. 149).− [syʀ ʃofœ:ʀ]. − 1reattest. 1873 (Journal officiel, 29 déc., p. 8220, 1recol. ds Littré Suppl.); de surchauffer, suff. -eur2*.
4.
Surchauffure, subst. fém.,métall., vieilli. ,,Défaut du fer ou de l'acier surchauffé`` (Jossier 1881). − [syʀ ʃofy:ʀ]. Att. ds Ac. 1798-1878. − 1reattest. 1676 (Félibien, p. 745); de surchauffer (malgré le hiatus chronol.), suff. -ure*.
BBG. − Darm. 1877, p. 145.