| SUPRÉMATIE, subst. fém. A. − Supériorité de puissance. Synon. hégémonie.Suprématie économique, militaire, politique. La construction du Capitole et des égoûts, l'établissement de la suprématie de Rome sur ses alliés latins, sont également attribués aux deux Tarquins (Michelet, Hist. rom., t. 1, 1831, p. 71).En résumé, le général de Gaulle défend le principe de la suprématie du gouvernement sur le commandement (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 499). − P. méton. Pouvoir politique et/ou social exercé (par un individu, une collectivité) au nom d'une puissance reconnue et admise. Excluant irrévocablement de la suprématie politique tous les divers esclaves de Dieu, catholiques, protestants, ou déistes, comme étant à la fois arriérés et perturbateurs (Comte, Catéch. posit., 1852, p. 1).Se demandant si leur geste audacieusement provocateur et sacrilège, attentant à l'inviolable suprématie d'une caste, n'allait pas déchaîner des catastrophes (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 640). − HIST., vieilli. Droit reconnu au roi d'Angleterre d'être le chef de l'église anglicane. (Dict. xixeet xxes.). B. − 1. Supériorité de valeur. Synon. prééminence.Le christianisme, au contraire, héritier de la morale grecque, établit la suprématie de l'âme sur les attractions du dehors (L. Ménard, Rêv. païen, 1876, p. 188): Cette idée de la suprématie de la parole au théâtre est si enracinée en nous et le théâtre nous apparaît tellement comme le simple reflet matériel du texte que tout ce qui au théâtre dépasse le texte, n'est pas contenu dans ses limites et strictement conditionné par lui, nous paraît faire partie du domaine de la mise en scène considéré comme quelque chose d'inférieur par rapport au texte.
Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 82. 2. Supériorité dans un domaine. Tels sont les chocolats de M. Debauve: ils doivent leur suprématie à un bon choix de matériaux, à une volonté ferme que rien d'inférieur ne sorte de sa manufacture (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 120).L'idéal humanitaire, attitude d'utilité anglo-saxonne, s'efforce d'établir la supériorité des buts économiques et commerciaux sur les visées de suprématie guerrière, sur le goût abstrait de prévaloir (Gaultier, Bovarysme, 1902, p. 131). REM. Suprématisme, subst. masc.,archit., peint. Forme d'art issue du cubisme qui n'use que d'éléments géométriques et de contrastes de couleurs dans sa production; p. méton., mouvement artistique exprimé par un manifeste en 1915, dirigé par le peintre Malevitch qui se réclame de cette forme d'art. Suprématisme de Malevitch qui passe en un an de sa Femme aux seaux d'eau (1912) à son fameux Carré sur fond blanc exposé à la fin de 1913 (Dorival, Peintres XXes., 1957, p. 117). Prononc. et Orth.: [sypʀemasi]. Mart. Comment prononce 1913, p. 73, pour justifier [-pʀe] relève que ,,suprématie n'[a] jamais eu l'accent circonflexe, qui n'est sur suprême qu'un signe de quantité arbitraire``. Ac. 1694, 1718: suprematie, dep. 1740: -pré-. Étymol. et Hist. 1. 1651 hist. relig. et pol. d'Angleterre (Abbrege des derniers mouvemens d'Angleterre, p. 3 ds Mack t. 1, p. 78); 2. 1722 « supériorité, prééminence » (A. Piron, Arlequin Deucalion, p. 351). Empr. à l'angl.supremacy (1549 Othe of the Kynges Supremacie « Serment de la suprématie royale » ds NED) désignant la primauté du souverain anglais dans l'Église d'Angleterre déclarée en 1534 et dér. de l'angl. supreme de même orig. que le fr. suprême*. Fréq. abs. littér.: 208. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 323, b) 182; xxes.: a) 473, b) 225. |