| SUPPÔT1, subst. masc. A. − HIST. Personne qui, appartenant à un corps, à une compagnie, à titre secondaire, remplissait certaines fonctions pour le service de ce corps; celui qui en secondait un autre ou remplissait des fonctions de subalterne. Suppôt de l'Université. En voyant arriver sur leur territoire les suppôts de la gabelle, cette armée fiscale qui ne subsiste que de vexations, de saisies, de contraintes, etc., ces mêmes provinces accèderaient à la résolution de l'Anjou (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 247).L'adversaire du jeune homme arrive, et, de la manière du monde la plus noble et la plus généreuse, commence par faire lâcher prise aux suppôts de la justice en les payant (Jouy, Hermite, t. 2, 1812, p 142). − P. anal., plais. Suppôt d'Esculape. Médecin. La plaie avait peu saigné. L'épanchement s'était fait en dedans; le suppôt d'Esculape débrida les lèvres de la blessure et la sonda (Gautier, Fracasse, 1863, p. 432). B. − Péjoratif 1. Celui qui assiste un autre, qui se fait le complice de ses mauvais desseins, de ses mauvaises actions. Mithridate, roi de Pont, achetait à Rome des suppôts et créatures à la douzaine (L. Daudet, Police pol., 1934, p. 322).Pas de vie de Communauté, pas de relations avec les ennemis de la République, ni avec les prêtres réfractaires, suppôts du Pape et des tyrans (Bernanos, Dialog. Carm., 1948, 5etabl., 5, p. 1698). 2. Partisan passionné d'une mauvaise cause; adepte. Suppôt de la tyrannie, du despotisme. Je signale les fripons publics, les fourbes, les machinateurs, les suppôts de l'aristocratie et du despotisme (Balzac,
Œuvres div., t. 1, 1833, p. 600).On accusait Dubreuilh tantôt d'être un crypto-communiste, tantôt un suppôt de Wall Street (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 470). − En partic. ♦ P. plaisant. Suppôt de Bacchus. Ivrogne. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Suppôt de Satan, du démon, du diable, de l'enfer. Être pervers et malfaisant. La femme est le grand péril, la grande tentation, le grand suppôt du diable, le grand démon. C'est le péché, c'est le mal, elle et ce qu'elle inspire, l'amour! Sa beauté est une épreuve, son esprit un piège, sa sensibilité un maléfice (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 156).Ce gaillard-là, sous ses dehors d'honnête homme, il y avait fort à parier que c'était un suppôt du diable. L'île sentait le roussi (Queffélec, Recteur, 1944, p. 196). Prononc. et Orth.: [sypo]. Ac. 1694, 1718: suppost, dep. 1740: suppôt. Étymol. et Hist. 1299-1307 « subordonné, personne qui est attachée à un corps, à une compagnie et y remplit certaines fonctions » (Rusticien de Pise, Marco Polo, éd. L. F. Benedetto, p. 39); 1611 p. ext. suppost du diable (Cotgr.); 1668 suppôt de Bacchus (La Fontaine, Fables, III, 7, éd. H. Régnier, t. 1, p. 223). Empr. au lat.suppositus part. passé de supponere « placer sous » d'où « placer sous l'autorité de »; suppositus est att. comme subst. au sens de « subordonné » en lat. médiév. (ca 1072 ds Latham). Fréq. abs. littér.: 79. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 427. − Quem. DDL t. 11. |