| SUPPUTER, verbe trans. A. − Évaluer indirectement par un calcul. Synon. calculer, estimer, évaluer.Supputer les bénéfices, les dépenses, les frais, le poids, le prix de qqc.; supputer les ressources, les revenus, la richesse de qqn. Je suis en train de supputer mes profits et pertes de cette semaine, et la balance est loin de me satisfaire (Dumas père, Tour St-Jacques, 1856, II, 3etabl., 2, p. 226).Nous supputions à présent le temps nécessaire à l'aller et au retour, avec des chevaux frais encore, les arrêts et les détours forcés comptés, et l'observation faite, l'inquiétude nous venait (Pesquidoux, Livre raison, 1925, p. 232). ♦ Supputer sur.D'aucuns se lèvent la nuit pour mesurer la force du vent au rayonnement des étoiles, pour relever leur direction ou supputer sur leur hauteur (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 30). − P. méton. ♦ Compter. La philosophie (...) devient comme la table de Pythagore apprise par cœur. On n'a plus à supputer sur ses doigts (Sand, Corresp., t. 2, 1841, p. 195). ♦ Estimer la valeur de quelque chose. Dans un coin, Fanny et Delhomme supputaient à un sou près, devant Jean et Tron, quelle allait être la situation pécuniaire des mariés (Zola, Terre, 1887, p. 192).L'archiprêtre supputait la vendange de sa vigne, la rente de ses ruches et de sa moisson (Arnoux, Calendr. Fl., 1946, p. 22).P. anal. Estimer la qualité d'une matière. Ce (...) goût qui fait qu'un tailleur en vous voyant suppute instinctivement l'étoffe de votre habit et même ne peut s'empêcher de la palper (Proust, Prisonn., 1922, p. 366). B. − Évaluer empiriquement; apprécier les chances, la probabilité de. Supputer l'effort à fournir, ses chances; supputer les conséquences, les risques de qqc. Un astronome qui suppute l'existence d'un astre dont il ne perçoit pas encore directement les rayons (Gide, Journal, 1922, p. 728).Ils s'éloignaient en supputant entre eux la chute prochaine de Léningrad et la prise immanquable de Moscou (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 168). − Supputer que.Il supputait qu'il voyait MmeGrandet au moins douze fois la semaine (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 297). REM. Supputable, adj.Qu'on peut évaluer. La tabatière où mon grand oncle a mis le nez, Le trictrac incrusté sur la petite table Me ravissent. Ainsi dans un temps supputable Mes vers vous raviront, vous qui n'êtes pas nés (Cros, Coffret santal, 1873, p. 103). Prononc. et Orth.: [sypyte], (il) suppute [sypyt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1552 « évaluer indirectement par un calcul » (Rabelais, Quart livre, éd. R. Marichal, XXVII, p. 135, 91). Empr. au lat.supputare « calculer », att. en lat. eccl. « estimer » déb. ves. ds Blaise Lat. chrét., dér. de putare « supputer, évaluer, estimer »; cf. l'angl. to suppute « id. » dep. 1432-50 ds NED. Fréq. abs. littér.: 157. Bbg. Quem. DDL t. 28 (s.v. supputable). |