| * Dans l'article "SUPERFICIEL, -ELLE,, adj." SUPERFICIEL, -ELLE, adj. A. − Vx. Mesuré en unités de surface. Mètre superficiel. [Le géomètre] divise la grandeur qu'il doit mesurer, ligne, surface ou volume, en la jalonnant et y marquant des points de rappel et de reconnaissance; puis, à l'aide de ces signaux, il forme des groupes linéaires, superficiels ou solides (Proudhon, Créat. ordre, 1843, p. 190).La Russie asiatique ou Sibérie couvre une aire superficielle de cinq cent soixante mille lieues et compte environ deux millions d'habitants (Verne, M. Strogoff, t. 1, 1876, p. 23). − P. métaph. [Mallarmé] introduit une lecture superficielle, qu'il enchaîne à la lecture linéaire; c'était enrichir le domaine littéraire d'une deuxième dimension (Valéry, Variété II, 1929, p. 182). B. − Qui n'affecte, n'atteint, n'intéresse que la partie externe des corps, que la surface. Couches superficielles; brûlures superficielles. Les médecins légistes n'avaient constaté sur le corps que des ecchymoses et des plaies contuses très superficielles (A. France, Révolte anges, 1914, p. 379): ... on aura donc au voisinage immédiat de la pellicule superficielle du fond, généralement meuble dès que la profondeur est un peu importante, une forte augmentation de la teneur en matière organique morte, aussi bien dans l'eau de fond que dans le film superficiel du sédiment...
J.-M. Pérès, Vie océan, 1966, p. 16. − [Dans un cont. métaph.] Je n'étais tachée que de meurtrissures superficielles, et très jeune (Colette, Apprent., 1936, p. 91). C. − Au fig. 1. [En parlant gén. des sentiments, du caractère, d'une façon d'être] Qui n'est qu'apparent, qui n'est ni profond ni essentiel. Rapports superficiels. Elle attendit dix minutes, patiente par humilité foncière, droite par discipline et orgueil superficiel (Colette, J. de Carneilhan, 1941, p. 7). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Sabine pensait que le superficiel le constituait [Jérôme] en totalité: la politesse lui tenait lieu de cœur et le savoir-vivre d'héroïsme (Noailles, Nouv. espér., 1903, p. 62). 2. [Dans l'ordre de la connaissance] Qui manque de profondeur, d'acuité. a) [En parlant de choses] Plutôt que d'une émancipation réelle, l'examen superficiel conclurait à une affirmation de l'homme par lui-même, affirmation de plus en plus élargie, mais toujours inachevée (Camus, Homme rév., 1951, p. 137).La torpeur inexpressive, l'immobilité qu'un regard superficiel pouvait observer sur son visage, quand il s'abandonnait à lui-même, ne cachait pas de mouvements intérieurs (Sarraute, Ère soupçon, 1956, p. 11). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. L'accidentel, le superficiel et ses vives variations [dans les voyages] excitent, illuminent ce qu'il y a de plus profond et de constant dans une personne véritablement faite pour les hautes destinées spirituelles (Valéry, Variété II, 1929, p. 15). b) [En parlant de pers.] Synon. futile, léger.Les ignorants de nos jours sont incrédules, légers, superficiels; ils savent tout ce que l'égoïsme a besoin de savoir, et leur ignorance ne porte que sur ces études sublimes qui font naître dans l'âme un sentiment d'admiration pour la nature et pour la divinité (Staël, Allemagne, t. 4, 1810, p. 397).L'image de la profondeur oppose des êtres superficiels, légers, et des êtres profonds, graves (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 334). − Empl. subst. Voltaire (...), le roi des badauds, le prince des superficiels (Baudel., Cœur nu, 1867, p. 651).Le respect est naturel chez les simples; les superficiels s'en défendent avec une fatuité très comique (Renan, Avenir sc., 1890, p. 464). Prononc. et Orth.: [sypε
ʀfisjεl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1314 « qui n'est qu'à la surface » (Henri de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, § 2177: incision superficial); 1547 figures superficielles (Philibert de L'Orme, Archit., p. 87); 2. a) 1370 fig. « qui manque de profondeur » (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, t. 1, p. 111: Mais honeur est un bien plus superficial [que félicité]); b) ca 1590 homme superficiel (Montaigne, Essais, éd. P. Villey, p. 888). Empr. au b. lat.superficialis (dér. de superficies « surface ») « qui concerne la surface » (au propre et au fig.), v. Blaise Lat. chrét. Fréq. abs. littér.: 838. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 897, b) 539; xxes.: a) 1 420, b) 1 654. DÉR. Superficialité, subst. fém.Caractère superficiel. Il n'y a pas à s'étonner si la manière conçue comme apparence périphérique ne peut être le principe d'une spiritualité: elle n'en a pas la prétention, elle n'ambitionne que d'offrir aux passants une splendide façade; elle ne fait profession que de superficialité et de brio. C'est cette manière conçue comme affectation et afféterie que Diderot condamnait (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 15).− [sypε
ʀfisjalite]. − 1resattest. a) 1512 « surface » (J. Lemaire de Belges, Illustrations, éd. J. Stecher, t. 1, p. 166 et 219: regard [...] semblable à la superficialité d'un ruisselet argentin; la superficialité de la terre) − 1537, v. Quem. DDL t. 1, b) 1731 « caractère de ce qui est superficiel » (Journal des Sçavants, p. 1558 cité ds Trév. 1752: la superficialité de l'Esprit), se répand au déb. du xixes.; de superficiel, suff. -ité*. − Fréq. abs. littér.: 16. BBG. − Renson 1962, pp. 298-299. |