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SULFUREUX, -EUSE, adj.
A. − CHIM., MÉTALL., MINÉR.
1. Qui renferme du soufre libre ou à l'état d'ion. Minerai sulfureux. Le pétrole se rencontre ici dans le grès carbonifère d'une série d'anticlinaux. Dans le nord de cette région, l'huile est asphaltique et sulfureuse, mais le soufre disparaît dans le Sud (Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 154).La présence de criques nombreuses et peu profondes est l'indice d'un acier très sulfureux. Des angles réguliers, angles vifs, seront au contraire la caractéristique d'un métal de bonne qualité exempt de soufre (Barnerias, Aciéries, 1934, p. 191).
Vx. Pyrite sulfureuse. Pyrite. Un terrain tout plein de pyrites sulfureuses (Goncourt, Journal, 1894, p. 639).
[P. méton.] MÉD. Si le même médecin, au contraire, a un galeux à traiter, il lui prescrira un traitement sulfureux déterminé (...); il sait que la gale est produite par l'acarus scabiei (...), il sait que le soufre le détruit (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 73).
TECHNOL. Anhydride sulfureux. Gaz incolore, de formule SO2, à odeur piquante et suffocante, très soluble dans l'eau, facilement liquéfiable, qui se forme en particulier lors de la combustion du soufre et qui s'oxyde facilement pour donner l'anhydride sulfurique. L'anhydride sulfureux est utilisé industriellement pour la préparation de l'acide sulfurique. Grâce à ses propriétés réductrices, c'est un décolorant: on l'emploie pour le blanchiment de la laine, de la soie, de la paille, etc. C'est également un agent de désinfection (R. Quelet, Précis de chim., t. 2, 1964, p. 187).
Acide sulfureux
Anhydride sulfureux. La forte teneur en acide sulfureux de l'atmosphère des grandes villes est due à l'utilisation de la houille comme combustible (Arts et litt., 1935, p. 20-6).
Acide de formule H2SO3, non isolable, formé lors de la dissolution du gaz sulfureux dans l'eau (d'apr. Encyclop. Sc. Techn. t. 10 1973, p. 12 et GDEL).
En compos. Acide hydrosulfureux. V. hydr(o)- II B 1.
2.
a) Exhalaisons, vapeurs sulfureuses. Vapeurs qui sont de la nature du gaz sulfureux. Bientôt Cyrus Smith entendit distinctement les grondements qui se dégageaient des entrailles de la montagne. « C'est le volcan, » dit-il. Bientôt, avec ce bruit, les combinaisons chimiques se trahirent par une vive odeur, et des vapeurs sulfureuses saisirent à la gorge l'ingénieur et son compagnon (Verne, Île myst., 1874, p. 595).
b) Eau sulfureuse. Synon. de eau sulfurée*.
[P. méton.] Pour les bains sulfureux qu'il vaut mieux dénommer sulfurés, on prend, par exemple, 100 g de trisulfure de potassium par litre d'eau chaude (Cl. Duval, Le Soufre, 1967, p. 114).Les effets des cures sulfureuses sont distincts suivant qu'il s'agit de la cure interne ou des diverses applications de la cure dite externe (É. Duhot, M. Fontan, Le Thermalisme, 1972, p. 47).
c) [À propos de sensations, de ce qui touche aux sens]
Odeur sulfureuse. Odeur du gaz sulfureux ou de l'hydrogène sulfuré. Puanteur sulfureuse des sources. L'atmosphère était saturée d'une odeur sulfureuse très pénétrante (...) les captifs furent sérieusement incommodés par les miasmes exhalés des fissures du sol et les bulles qui crevaient sous la tension des gaz intérieurs (Verne, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 111).[P. méton.] V. sulfhydrique B ex. de Queneau.
(Couleur) sulfureuse, (jaune) sulfureux. De la couleur du soufre. Cette légère teinte jaunâtre et sulfureuse qu'on aperçoit sur le Vésuve ou sur l'Etna (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 5).Tout ce qui entre à Londres, à part les bateaux que la pluie a récurés ou ceux qu'on vernit (...), prend un ton faux, vert-de-gris, jaune sulfureux, cuivre oxydé (Morand, Londres, 1933, p. 307).
B. − [P. réf. au soufre de l'enfer, aux démons]
1. [Pour évoquer l'enfer, ses caractéristiques] Fumée, odeur sulfureuse de l'enfer. Elle va sonner l'heure Où je dois retourner aux gouffres sulfureux, Aux bûchers dévorants (Dumas père, Hamlet, 1848, I, 2, p. 184).Si un malade voit le diable, il voit aussi son odeur, ses flammes et sa fumée, parce que l'unité significative diable est cette essence âcre, sulfureuse et brûlante (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 368).
2. [Pour évoquer le diable, un démon] Satan! vieux roi de la perversité, Fais-moi la grâce, ô sulfureux Messire (...) De voir entrer chez moi la dame en cire! (Rollinat, Névroses, 1883p. 329).
[Qualifie une pers. ou une chose qui évoque l'enfer, le diable, qui a qqc. de diabolique] Nature sulfureuse de qqn. Il a exécuté dans cette chapelle des peintures sulfureuses (...) qui, loin d'inspirer aux âmes la paix (...) les jettent dans une sorte d'agitation pleine d'effroi (A. France, Révolte anges, 1914, p. 155).J'ai cru que Mozart, qui m'a ouvert les portes de son paradis, ferait soudain dans mon œuvre, un lâcher d'anges qui ne seraient pas noirs. Mais dès que je me mets au travail, tout se colore selon mes couleurs éternelles; mes personnages les plus beaux entrent dans une certaine lumière sulfureuse qui m'est propre et que je ne défends pas (Mauriac, Journal 2, 1937, p. 155).
Prononc. et Orth.: [sylfyʀø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1225 fig. « qui évoque l'enfer, les démons » (Gautier de Coinci, Mir. [II Mir 17], éd. V. F. Koenig, t. 4, p. 96, 36: flames sulphureusez [jetées par la gueule d'un dragon]); rare av. le xixes. 1836 (Gozlan, Notaire, p. 74: gnomes sulfureux); b) 1269-78 « qui contient du soufre; relatif au soufre » (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 17021: les sulphureux boillons [de l'Etna]); 1549 (Est., s.v. soulfre: sulfureux, ou il y a du soulfre); 1765 eaux minérales sulfureuses, eaux sulfureuses (Encyclop. t. 10, p. 539b); 2. 1765 acide sulphureux (ibid., t. 15, p. 402a, s.v. soufre); 1780 acide sulfureux volatil (ibid., Table, t. 2, p. 719b); 1787 acide sulfureux (p. oppos. à sulfurique) (Guyton de Morveau, Méth. d'une nomencl. chim...., Paris, Cruchet, p. 40 et 228); 1816 gaz sulfureux (Gay-Lussac ds Ann. chim. et phys., t. 1, p. 44); 1871 anhydride sulfureux (Wurtz, Leçons élém. de chim. mod., Paris, Masson, p. 96). Empr. au lat.sulfurosus « riche en soufre », dér. de sulfur « soufre ». Fréq. abs. littér.: 74. Bbg. Storost (J.). Zur Herausbildung der Grundsätze der modernen frz. Fachsprache der Chemie... Beitr. rom. Philol. 1972, t. 11, p. 303.