| SUINT, subst. masc. A. − Matière grasse que sécrète la peau du mouton et qui imprègne sa laine. La poussière des granges, la potasse des lessives et le suint des laines les avaient [les mains] si bien encroûtées, épaillées, durcies, qu'elles semblaient sales quoiqu'elles fussent rincées d'eau claire (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 172).V. cironné dér. s.v. ciron ex. de Bosco. ♦ Laine en suint. V. laine A 2 a. − P. anal. Maintenant, elle avait les mains toutes grasses du suint des carpes (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 719).Le bois mouillé des caisses empestait le vieux port et, plus près, on percevait le suint des chevaux fumant d'avoir couru (Hamp, Marée, 1908, p. 57). − Au fig. [Avec une connotation péj.] Forte imprégnation. Cette pruderie (...) eut son grand terrain de culture dans les pompeuses et les lubriques années du soi-disant grand siècle; le virus janséniste, le vieux suint protestant s'infiltra dans le sang des catholiques et ils l'ont encore! (Huysmans, Cathédr., 1898, p. 310). B. − TECHNOL. Scorie ou écume qui surnage à la surface du verre en fusion. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [sɥ
ε
̃]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. Ca 1300 suint « liquide épais et gras qui suinte du corps des bêtes à laine » (La Chirurgie de l'abbé Poutrel, 23 rods Mél. Lecoy (F.), p. 549); 1375 [éd. 1541] le süin de la laine (Bon Berger, 37 ds T.-L.); 2. 1611 suin de verre (Cotgr.); 1872 suint (Littré). Dér. de suer* à l'aide du suff. coll. -in (lat.
ι
̄men de même valeur), cf. crottin; le -t d'apr.-oint*. Fréq. abs. littér.: 38. |