| SUBTILEMENT, adv. A. − Vieilli. [Corresp. à subtil A] 1. D'une manière subtile. Vapeurs qui s'élèvent subtilement. L'éther, archange bleu, subtilement visite Les fibres de mon corps (Noailles, Forces étern., 1920, p. 57). 2. Avec adresse, agilité. Synon. adroitement, habilement.[T.] guigna la bourse de l'œil, fit semblant de tomber en passant auprès de la marquise, la heurta, et, dans le choc, lui enleva subtilement la bourse (Sue, Myst. Paris, t. 3, 1842, p. 154).Ses doigts (...) semblaient des racines de buis (...) Et nonobstant, il les menait aussi subtilement sur le hautbois de sa musette que si ce fussent légers fuseaux ou menues pattes d'oisillons (Sand, Maîtres sonneurs, 1853, p. 138). − Région. (Wallonie). Rapidement. (Ds Hanse Nouv. 1987). B. − [Corresp. à subtil B] Avec finesse d'esprit, avec pénétration. Synon. délicatement, finement; anton. grossièrement, lourdement.À l'heure du thé, chez Giacosa, rencontré par hasard Bettino qui dissertait subtilement, en compagnie de deux inconnus, sur les traducteurs italiens de Shakespeare (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 129). C. − D'une manière délicate, difficile à saisir, à définir. Synon. imperceptiblement.Une théorie de mélodies inspirées et d'harmonies subtilement exquises (D'Indy, C. Franck, 1906, p. 17).[Eugène Boudin] a su exprimer (...) les ciels d'orage, (...) les effets de soleil traversant subtilement les temps gris, avec une maîtrise constante (Mauclair, Maîtres impressionn., 1923, p. 160). Prononc. et Orth.: [syptilmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Abstr. 1. Ca 1200 subtilment « avec une finesse d'esprit particulière » (Job, éd. W. Foerster, p. 315, 35; 341, 40); 1360 considerer subtilement (Nicole Oresme, Quadrip., Bibl. nat. fr. 1348 [xves.], fol. 13 a ds Gdf. Compl.); 2. « adroitement, habilement » [mil. xves. soubtilement Charles d'Orléans, Chansons, XX, 11 ds Poés., éd. P. Champion, t. 1, p. 216] 1538 (Est., s.v. ingenium, ingeniose: ingenieusement, subtilement); 3. 1549 « en s'insinuant, subrepticement » (Est.; dissimulation entre subtilement es cueurs des hommes); 4. av. 1664 « de manière difficile à saisir » (Guez de Balzac, Aristippe ou De la Cour, 1erdiscours ds
Œuvres, Paris, L. Billaine, t. 1, 1665, p. 134: parlons moins subtilement et d'une manière plus populaire). B. Concr. 1. 1532 « finement, en fines particules » euphorbe pulverizé subtillement (Rabelais, Pantagruel, XII, éd. V.-L. Saulnier, p. 95, 147); 2. 1583 « légèrement, furtivement, en s'insinuant » (Desportes, Epitaphes, Regrets... sur la mort de Diane, V, 2 ds Cartels, mascarades et épitaphes, éd. V. E. Graham, p. 101: un esclair radieux Glisser subtilement et se perdre en la nue). Réfection, d'apr. le lat. subtilis, de l'a. fr. sotilment (1119 « en faisant preuve de finesse » Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 2405; 1130-40 « furtivement, subrepticement » Wace, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 1039; ca 1170 « avec art » [haubers] ovrez soutilmant Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 2643), dér. de sotil (subtil*); suff. -ment2*. Cf. l'a. fr. sotivement (ca 1170 « de manière dissimulée » Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Eliduc, 717), dér. de sotif (subtil*). Fréq. abs. littér.: 102. |