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SUBSISTANCE, subst. fém.
A. − Littéraire
1. Ce qui permet l'existence matérielle d'un individu, d'une collectivité. Contribuer à la subsistance de sa famille. La capacité qu'ont tous les produits, soit naturels, soit industriels, de servir à la subsistance de l'homme, se nomme particulièrement valeur d'utilité (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 61):
L'idée seule que, dans quinze jours, il me faudra verser à ma propriétaire, qui n'en a aucun besoin, une somme trouvée (?) au prix de quelles humiliations! et représentant notre subsistance pendant un mois, − cette idée infernale me prépare peu au respect pour les puissants salauds de ce monde. Bloy, Journal, 1903, p. 204.
Agriculture, économie de subsistance. Agriculture, économie qui répond aux besoins essentiels de la population mais ne permet pas d'excédent. Une multitude de petites économies agricoles fermées, essentiellement autochtones, où règne l'économie de subsistance et de troc (Univers écon. et soc., 1960, p. 36-7).Les exploitations ont alors tendance à revenir à une agriculture de subsistance puisque les salaires fournissent le numéraire nécessaire à la famille (Traité sociol., 1967, p. 328).
Moyen de subsistance. Moyen d'existence. Le travail des compilations est devenu un véritable métier, un moyen de subsistance, ce qui a multiplié le nombre des ouvrages médiocres (Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p. 194).
Tirer sa subsistance de. Gagner sa vie en. Les professeurs sont les seuls êtres au monde qui tirent leur subsistance de la poésie, des langues qu'on ne parle plus, de la beauté inutile (Brasillach, Corneille, 1938, p. 188).
2. Spécialement
a) ARM. En subsistance. Rattaché provisoirement pour la nourriture et la solde, à une unité, à un corps autre que le sien. Être en subsistance. L'adjudant-général Flavigny, commandant la place d'Angers, me défendit de partir seul, et me mit en subsistance dans une compagnie de canonniers d'Eure-et-Loir (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 184).
b) SÉCUR. SOC. Prise en subsistance. ,,Prise en charge par une caisse d'assurances sociales, des prestations d'un assuré affilié à une autre caisse du même régime`` (Méd. Biol. Suppl. 1982).
B. − En partic. Ensemble des biens qui permettent la satisfaction des besoins alimentaires d'un individu ou d'une collectivité. Synon. approvisionnement, denrées, nourriture, ravitaillement, vivres.Assurer, procurer la subsistance; pourvoir à la subsistance. Un petit nombre d'hommes des classes aisées et privilégiées, dévore la subsistance d'une grande multitude (Destutt de Tr., Comment sur Espr. des lois, 1807, p. 379).Comment vous nourrissez-vous? J'ai qualité pour assurer la subsistance des prisonniers allemands que nous faisons (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 372).
Au plur. [M. Necker] continua de rendre des services de chaque jour pour les subsistances de la capitale et pour les expédients du trésor (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 7, 1853, p. 364).Il y a là une première contradictionabaissement du niveau des subsistances parallèle au recul de la mortalitéqui est signalée par de nombreux auteurs (Tiers Monde, 1956, p. 372).De(s) subsistances. Relatif au ravitaillement alimentaire d'une communauté. Commission, crise, émeute de(s) subsistances. M. le maréchal ministre de la guerre, pour éviter à l'avenir tout désordre, a résolu de créer un bureau des subsistances en Afrique (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 310).Comme le problème des subsistances devenait aigu, la commune demanda, le 11 août, qu'on interdît le commerce de l'argent et la pratique des deux prix (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 266).
[À propos d'animaux] Nourriture. L'animal se meut pour chercher sa subsistance; c'est en cela que consiste en partie son être, c'est à cela qu'est en partie consacrée sa vie (P. Leroux, Humanité, 1840, p. 109).Les mâles ne travaillent jamais (...) ils ne vont même pas butiner pour leur propre compte et ne peuvent pourvoir à leur subsistance (Maeterl., Vie abeilles, 1901, p. 191).
ARM. Service des subsistances. Service de l'intendance chargé de fournir l'alimentation nécessaire à la troupe. Sur le bordereau de répartition des cartes, qu'i' disait, on n'avait pas mis le service des subsistances, le troupeau de bétail et le convoi administratif (Barbusse, Feu, 1916, p. 131).
Prononc. et Orth.: [sybzistɑ ̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1 a) 1471 « imposition jointe à la taille et affectée à l'entretien des troupes » (doc. ds Isambert, Rec. gén. des anc. lois fr., t. 10, p. 625); ca 1730 plur. « tout ce qui est nécessaire à la nourriture et à l'entretien d'une armée » (Fér. Crit., avec citat. de Voltaire); 1752 subsistance des pièces « se dit de ce qui se paye pour faire subsister les officiers, canonniers et soldats qui servent une batterie » (Trév.); 1812 mettre en subsistance « recueillir dans un régiment un soldat isolé, le nourrir et lui donner la solde » (Mozin-Biber t. 2); b) 1618 [éd.] « ce qui soutient l'existence » (Vigenère, Traité du feu et du sel, p. 5); 1652 « moyens (matériels, financiers, etc.) de vivre » (La Rochefoucauld, Œuvres, éd. D. L. Gilbert et J. Gourdault, t. 3, 1repart., p. 105); 1767 plur. « tout ce qui est nécessaire à l'alimentation d'une contrée (terme d'économie) » (Quesnay, Dialogues sur le commerce ds Brunot t. 6, p. 245, note 4); 2. [1514 « fait de subsister (en parlant d'un édifice) » (Bouchard, Grandes chroniques de Bretagne, fo43 vods Delb. mss)]. Dér. de subsister*; suff. -ance*. Autre mot que subsistance/subsistence (terme de philos.) (1372, D. Foulechat, trad. du Policraticus de J. de Salisbury, III, 6, 23 ds R. Ling. rom. t. 33, p. 323; fin xives., Aalma, 11937 ds Roques t. 2, p. 400; 1541, Calvin, Institution de la religion chrétienne, I, 13, 2, éd. J. D. Benoît, t. 1, p. 146) qui est empr. au lat. eccl. subsistentia (ives.-vies.) « substance, essence ». Fréq. abs. littér.: 433. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 360, b) 238; xxes.: a) 212, b) 425. Bbg. Guilhaumou (J.). Subsistance(s) et discours publics... Mots. 1984, no9, pp. 57-87.