| SUBORNER, verbe trans. Littér., vieilli. Entraîner quelqu'un à agir contre son devoir par toute manœuvre susceptible de l'y décider. Synon. corrompre, soudoyer.Elle suborna ses gardiens, franchit toutes les clôtures, courut les chiens (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 105).Je crois à un certain principe en moi qui (...) usurpe ma volonté ou cherche à me suborner par ruse (Bernanos, Dialog. ombres, 1928, p. 50).♦ Suborner une femme, une jeune fille. La séduire. Cet homme avait suborné, (...) une fille riche et forcé les parents à la lui donner (Balzac, Pierrette, 1840, p. 52).Il m'accusait de vouloir suborner cette fille, que je crois être sa nièce Jahel (A. France, Rôtisserie, 1893, p. 185). ♦ P. métaph. Si pour suborner et régir les puissances de la nature le savant ou le praticien ont besoin d'un tel effort de pensée et d'énergie (...) quelle ingéniosité de tendresse, et quelle diplomatie du dévouement mutuel deviennent nécessaires! (Blondel, Action, 1893, p. 256). − DR. PÉNAL. Suborner un témoin. ,,Circonvenir un témoin, par promesses ou présents, par menaces ou voies de fait, par manœuvres ou artifices, pour l'amener à faire une déposition, une déclaration ou une attestation mensongère`` (Roland-Boyer 1983). Tous les témoins entendus (et je dois dire que ceux qu'on avait subornés jouèrent leur rôle très faiblement en public), mademoiselle Leblanc comparut pour couronner l'œuvre (Sand, Mauprat, 1837, p. 328). Prononc. et Orth.: [sybɔ
ʀne], (il) suborne [sybɔ
ʀn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) 1278 suborner « séduire, porter à commettre une mauvaise action » (Enquête, A.N. J 1034, pièce 60 ds Gdf. Compl.); b) ca 1530 « séduire une fille, une femme » (Marot d'apr. FEW t. 12, p. 349b). Empr. au lat.subornare propr. « munir de, équiper » d'où spéc. dans le vocab. jur. « préparer secrètement quelqu'un en vue d'une mauvaise action ». Fréq. abs. littér.: 26. |