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STYLER, verbe trans.
A. − Qqn style qqn
1.
a) Apprendre à quelqu'un la manière dont il doit s'y prendre pour exécuter une fonction, un travail selon certaines règles. Sigognac, bien stylé par Blazius (...) fut de la plus réjouissante extravagance dans le rôle du capitan (Gautier, Fracasse, 1863, p. 236).Quelque artiste (...) stylé, instruit, développé en tous sens par M. de Diaghilew (Proust, Sodome, 1922, p. 911).
Vx. Styler à + inf.Ces nouveaux, ça ne sait rien de rien! (...) Autrefois, je les formais en quinze jours, je les stylais à déposer leurs parapluies dans le coin, à s'accoutumer de prendre leur bois à côté d'eux (Balzac, Œuvres div., t. 2, 1830, p. 208).
En partic. Former quelqu'un au service domestique. Son Égyptien (...) vient m'ouvrir (...). « Pourrais-je voir mademoiselle Henriette? » (...) Cérémonies. Il frappe à la porte du bureau d'Henriette. Oh, on l'a stylé (Butor, Passage Milan, 1954, p. 101).
b) P. anal. Qqn/qqc. style qqc.Exercer à procéder d'une certaine façon. Mon esprit, disait-il [Amiel], est le cadre vide d'un millier d'images effacées. Stylé par ses innombrables exercices, il est tout culture (...), il n'est plus que forme (Bourget, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 268).L'individu est circonvenu de règlements qui ne lui laissent la liberté d'aucun membre; de sorte qu'une statue de bois en ferait tout autant si on pouvait la styler à la manivelle (Renan, Avenir sc., 1890, p. 28).
2. Vieilli. Inculquer à quelqu'un les bonnes manières, l'astreindre à façonner sa conduite selon certains principes d'éducation. Annette: M. d'Estrigaud l'a dressée. Lucien: (...) Quand ce gaillard-là se mêle de l'éducation d'une femme, je te réponds qu'il y paraît. Il n'y a qu'Aurélie qu'il n'ait pu styler: réfractaire aux belles manières, celle-là! (Augier, Contagion, 1866, I, 2, p. 356).
3. Péj., vieilli. Faire la leçon à quelqu'un pour l'amener à s'exprimer, à se comporter d'une manière convenue par avance, afin de servir certains intérêts, généralement contraires à la vérité, à l'honnêteté. Synon. circonvenir, endoctriner.Cette lettre était de sa mère (...); on y stylait la petite personne, on lui traçait le rôle qu'elle devait jouer, on lui recommandait de l'adresse, et on insistait surtout pour qu'elle ne manquât pas de se ménager (...) des traces vivantes qui pussent prolonger sa faveur (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 843).Les socialistes, stylés le matin par Elzéar, communiquaient le mot d'ordre. Il faut à tout prix faire échouer Duputel (Vogüé, Morts, 1899, p. 346).
Styler à + inf.On nous avait si bien stylés à penser en masse, si bien ameutés contre les dissidences, si bien habitués à dériver le trop-plein de notre mauvaise humeur vers des apparences vaines (Larbaud, Jaune, 1927, p. 10).
B. − Vieilli. Qqn style qqc.Donner du style, une expression originale, élégante à quelque chose. Que d'enfants pures (...) sont revenues de ces fêtes (...) le cœur défloré (...). Alors, elles parfument leur corps, frisent leurs cheveux, stylent leurs paroles (Nerval, Fayolle, 1855, p. 65).Comme il trempe bien ses ailes dans le punch, l'ange aux prunelles limpides, comme il vous style un couplet de caserne! (A. Daudet, Crit. dram., 1897, p. 103).
Prononc. et Orth.: [stile], (il) style [stil]. Ac. 1694, 1718: stiler; dep. 1740: styler. Étymol. et Hist. 1. Déb. xves. « dresser, former quelqu'un (à faire quelque chose) » ici, au part. passé (Traict. de P. Salem. [Salmon], ms. Genève 165, fo201 vods Gdf. Compl.); 2. 1609 stiler (qqc.) « façonner » (Victor, s.v. estilar). Dér. de styler*; dés. -er.