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STUPÉFAIT, -AITE, adj.
[En parlant d'une pers., d'un groupe de pers.] Que l'étonnement, la surprise met dans l'impossibilité de réagir immédiatement. Synon. interdit, sidéré.Rendre stupéfait; demeurer stupéfait. Ils traversèrent l'allée et restèrent stupéfaits sur le seuil de la grande salle; Fritz était là, devant la glace, vêtu comme un mirliflore (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 171).
Loc. Stupéfait de + inf. ou subst. Étonné, surpris par quelque chose ou quelqu'un. Mais eux, l'ayant rejoint, demeurèrent baba, stupéfaits de reconnaître en lui l'éteigneur de réverbères communal arrêté sur place au milieu des allées et venues multiples de sa profession (Courteline, Train 8 h. 47, 1888, p. 159).Les trois autres se dressent et font quelques pas vers Bergol qui, stupéfait de cet accueil, reste figé (Ghelderode, Pantagleize, 1934, I, 2, p. 61).
[P. méton.]
[En parlant de la physionomie d'une pers.] Qui marque la stupéfaction, la surprise. Sous le baiser maternel, il s'étira, le pauvre; puis, brusquement, il ouvrit des yeux énormes, stupéfaits, et sa bouche se mit à trembler de joie sans qu'il pût rien dire (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 96).Sur les marches de l'Opéra, René Clair a eu une mine tellement stupéfaite en me voyant que j'ai failli rire (Green, Journal, 1950, p. 349).
[En parlant d'une chose] Qui exprime la stupéfaction, l'étonnement. J'ai écrit à Hetzel une lettre stupéfaite et assez hérissée (Hugo, Corresp., 1855, p. 303).
REM.
Stupéfaire, verbe trans.[Ne se rencontre qu'aux temps comp. et au prés. de la 3epers. du sing. et dans des constr. passives] Frapper quelqu'un de stupeur. Synon. usuel stupéfier.La plupart de ces petites filles de paysans avides ou d'ouvrières adroites ont d'ailleurs le don de l'arithmétique à un point qui m'a souvent stupéfaite (Colette, Cl. école, 1900, p. 209).Ce qu'il y a de sûr c'est que la mer l'a réellement stupéfaite. Elle ne l'attendait pas du tout comme ça, surtout, disait-elle, avec cette mobilité et cette diversité de couleurs (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1909, p. 162).Au passif. Il fut stupéfait par leur exécrable langage, leurs petitesses, leurs rancunes, leur mauvaise foi (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 206).Certains aut. donnent ces formes pour des constr. fautives du verbe stupéfier. (Ds Lar. encyclop., Quillet 1965, Colin 1971, Dupré 1972).
Prononc. et Orth.: [stypefε], fém. [-εt]. Ac. 1694 (s.v. stupefier), 1718: stupefait; dep. 1740: -pé-. Étymol. et Hist. 1655 (Molière, L'Étourdi, 1692); 1727 mine stupéfaite (Marivaux, L'Indigent philosophe, p. 298). Empr. au lat.stupefactus, part. passé de stupefacere (v. stupéfier). Fréq. abs. littér.: 1 257. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 906, b) 2 508; xxes.: a) 2 657, b) 1 629. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 12.