| STRAPONTIN, subst. masc. A. − MAR., vx. Matelas placé sur une couchette de bord et maintenue par une planche à coulisse et qui, serré le jour dans un caisson, était un lit d'appoint. On accorde à ces élus [= aux forçats de la salle des éprouvés] un petit matelas d'étoupe, dit strapontin (Lesueur, Toulon, 1862, p. 139 ds Zaccone, Hist. bagnes, t. 1, 1876, p. 541). B. − 1. Siège repliable d'appoint, généralement inconfortable, placé d'abord dans les carrosses, les automobiles, ou fixé à une paroi ou en bordure d'une allée afin d'augmenter le nombre de places assises dans les véhicules de transport en commun, les salles de cinéma, de théâtre, etc. Auto dépourvue de strapontin; claquement du strapontin; grincement de strapontin; strapontin de voiture, d'orchestre; strapontin étroit et dur, rembourré; faire basculer le strapontin; s'asseoir sur un strapontin; se contenter du strapontin. Le cocher abattait pour qu'elle eût une place les rebords du strapontin (Maurois, Climats, 1928, p. 16).Le soir, à sept heures et demie au Français pour voir le Soulier de Satin. Nous n'avons pu trouver que des strapontins et je ne savais pas à quel supplice j'allais me soumettre (...). Pendant deux heures et demie (...), j'ai remué douloureusement sur ce petit siège dur (Green, Journal, 1949, p. 255). 2. Au fig. Place inférieure, fonction d'importance secondaire et souvent éphémère occupée par une personne ou une collectivité dans une assemblée, un organisme, un groupe hiérarchisé. Toute sa vie il fut assis sur un strapontin (Renard, Journal, 1893, p. 148).Ils manœuvrent comme des manches, Chirac et les autres (...). On ne leur filera même pas un strapontin. Parce que, question Matignon, c'est râpé (Le Monde, 21 janv. 1986, p. 48, col. 6). C. − HIST. DU COST. Coussinet que les femmes attachaient au bas du dos pour faire bouffer leur robe, suivant la mode des années 1883 à 1889. Synon. faux cul (v. cul I A 2 c), tournure.Une taille souple (...) bien posée sur les hanches!... peu de corset!... et pas de strapontin! (Gyp, Mariage civil, 1892, p. 50).Les coussins, le « strapontin » de l'affreuse « tournure » avaient disparu (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 618). Prononc. et Orth.: [stʀapɔ
̃tε
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1560 extrapontin « matelas (sur un bateau) » (Des Masures, Enéide, V, p. 259 ds Hug.); 1671 estrapontin « hamac » (Pomey) − 1771 (Trév., s.v. strapontin: Quelques-uns disent mal estrapontin); 1690 strapontin « hamac » (Fur.); 2. a) 1666 strapontin « petit siège que l'on met sur le devant ou aux portières d'un carrosse » (Inv. d'Anne d'Autriche ds B. Soc. hist. Paris t. 18, p. 183, 63); 1764 « petit siège adapté à la tige d'une canne » (Annonces, affiches et avis divers, 3 oct. ds Havard); 1872 « siège supplémentaire dans un théâtre » (Littré); b) 1893 au fig. (Renard, loc. cit.). Empr. à l'ital.strapuntino « matelas de marin » (1663, A. Oudin, Dict. ital. et fr. d'apr. Vidos, p. 581), aussi « arrière-point, piqûre » (1640, Oudin Ital.-Fr.), var., avec préf. de renforcement s- (cf. Rohlfs § 1012), de trapuntino « matelas, hamac de bateau » (d'où fr. transpontin « id. », 1552, Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, chap. 20, p. 113 et chap. 63, p. 253); trapuntino est dér. de trapunto, -a « matelas, courtepointe », part. passé subst. de trapuntare « piquer à l'aiguille » qui a remplacé trapungere « id. », du lat. transpungere « id. ». Voir Vidos, pp. 579-582, FEW t. 13, p. 216 et Hope, pp. 223-224. Fréq. abs. littér.: 59. |