| STOÏQUE, adj. A. − Vx. Stoïcien. 1. PHILOS. [En parlant d'une pers.] Vous êtes vêtu comme un philosophe stoïque! (Flaub., Tentation, 1856, p. 517). − Empl. subst. Philosophe stoïcien. Je ne vous dirai rien de Lyon, où j'ai passé deux semaines sans plaisirs et sans peines, bonnes par conséquent selon les stoïques, mauvaises au dire d'Épicure (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1799, p. 662).Montaigne ne me fait pas l'effet d'un sceptique, mais d'un stoïque (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 447). 2. [En parlant d'une chose] Doctrine stoïque. Les principes de vie stoïques, sous lesquels il avait eu plaisir jusque-là à ployer sa volonté: la morale, le devoir, lui apparaissaient maintenant sans vérité (Rolland, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 267). B. − P. ext. 1. [En parlant d'une pers.] Qui fait preuve de stoïcisme. Synon. impassible, inébranlable.Elle fut stoïque, le lendemain, lorsque maître Hareng, l'huissier, avec deux témoins, se présenta chez elle pour faire le procès-verbal de la saisie (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 148).Ma mère elle reprenait des nouilles, stoïque, pour nous inciter... Il fallait une bonne gorgée de vin rouge pour s'empêcher de les vomir (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 61). − Empl. subst. Personne qui fait preuve de stoïcisme. Tu connais Marcel! C'est plus qu'un sage, c'est un stoïque! (Verne, 500 millions, 1879, p. 32). 2. [En parlant d'une chose] Qui relève du stoïcisme. Détachement, discipline stoïque. L'habitude de la peine physique l'avait doué de l'impassibilité stoïque des vieux soldats de 1799 (Balzac, Cous. Pons, 1847, p. 110).Le récit de cette mort stoïque retentissait dans son cœur, s'y gravait profondément (Zola, Dr Pascal, 1893, p. 307). 3. P. anal., littér. J'ai toujours admiré ce mutisme stoïque des renards capturés (Pesquidoux, Chez nous, 1923, p. 141).Un zeppelin de nuées, noir, gonflé de grêle, filait très bas (...) pour aller crever enfin sur les landes où les pins stoïques, indifférents à cette lapidation, amis des ciels tristes et tourmentés, ne redoutent aucun autre fléau que le feu (Mauriac, Journal 1, 1934, p. 24). Prononc. et Orth.: [stɔik]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1291-95 [impr. 1529] adj. « qui est adepte de la doctrine de Zénon » stoyques philosophes (Bible en françoys [trad. Guiart des Moulins] Actes, XVII, t. 2, fol. XCc); 1508-17 philosophe stoicque (Fossetier, Cron. Marg., ms. Bruxelles 10511, VI, vi, 11 ds Gdf. Compl.); b) 1372 subst. les stoiques (D. Foulechat, Trad. du Polycr. de J. de Salisbury [II, 21, 76], Bibl. nat. 24287, fol. 53a, ibid.); 2. 1580 « inspiré par, propre à cette doctrine » rudesse Stoïque; secte Stoique (Montaigne, Essais, I, 33; I, 52, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, pp. 218 et 308); 3. a) 1603 p. ext. adj. resolutions stoïques « empreint de la fermeté propre aux Stoïciens » (H. D'Urfé, Epistres morales, I, XX, Paris, J. Micard, p. 127a); 1668 (Boileau, Discours sur la Satire ds
Œuvres, éd. F. Escal, p. 57: j'ai regardé avec des yeux assez Stoïques les libelles diffamatoires qu'on a publiez contre moy); b) 1675 en parlant d'une pers. subst. (Bouhours, Nouv. rem. lang. fr., Paris, S. Mabre-Cramoisy, p. 448: d'un particulier qui se moque de la faveur des grands, qui se met au-dessus de la calomnie et des injures [on dit] c'est un Stoïque, c'est un vrai Stoïque). Sur les rapp. entre stoïque et stoïcien, v. stoïcien. Empr. au lat.stoicus « stoïcien », adj. et subst., gr. Σ
τ
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ς, de σ
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α
́ « portique », Zénon enseignant sous un portique. Fréq. abs. littér.: 221. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 279, b) 563; xxes.: a) 183, b) 289. DÉR. Stoïquement, adv.D'une manière stoïque. Un idéal politique pour lequel, demain, lui, Ennberg, se ferait stoïquement tuer sur les barricades d'une guerre civile (Martindu G., Vieille Fr., 1933, p. 1064).− [stɔikmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1718. − 1resattest. a) 1555 « qui est dans l'esprit de la doctrine stoïcienne » (Billon, Fort inexpugnable, 171b d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 166), b) 1679, 27 déc. « avec courage » (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 776: la maréchale de Clairembaut ... soutient stoïquement sa disgrâce); de stoïque, suff. -ment2*. |